Le Groupe de travail femmes, jeunes, paix et sécurité en Afrique de l’Ouest a organisé hier au bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et du Sahel une rencontre sur la représentation des femmes et du genre dans les médias. Cette rencontre qui a réuni différentes entités du Sénégal et d’autres des pays du Sahel (par vidéoconférence) a été l’occasion de sensibiliser les professionnels des médias et de plaider pour une meilleure représentation des femmes.

Dans beaucoup de pays, les femmes sont bien présentes dans les rédactions, mais comparé aux hommes elles n’occupent que des postes subalternes. Elles sont de manière générale marginalisées dans l’information, à la fois dans le contenu et les opportunités qui leur sont offertes d’assumer de hautes responsabilités dans la profession. Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, on note une faible représentativité des femmes dans les médias. A en croire la chargée de communication associée de l’Unesco, Théodora Samba Thaliane, ce problème est «commun» à l’ensemble des pays du Sahel où aussi bien à la télévision qu’à la radio ou à la presse écrite et en ligne, la voix des femmes est quasi-absente. «Dans certains pays, les opinions des femmes à propos de sujets sensibles ou dans le cadre de débats sur la situation économique ou socio-politique ne sont pas sollicitées. Les femmes ne sont pas souvent interviewées en tant qu’expertes ou sources d’information», révèle-t-elle. Au Sénégal, le même constat s’impose. La place de la femme dans les médias locaux reste «faible» si elle n’est reliée à des productions dont la position est peu reluisante. Une étude faite par le Cesti révélait justement qu’au Sénégal, seuls 5,3% des articles de la presse écrite sont produits par des femmes. Quant à la télévision, uniquement 2% des programmes s’intéressent aux questions féminines, alors que pour la radio on atteint à peine le 1% de sujets traités par les femmes et pour les femmes. Mais si dans certaines rédactions sénégalaises on note une présence de plus en plus accrue de femmes, Eugénie Rokhaya Aw ne se fait pas trop d’illusions. Pour l’ancienne directrice du Cesti, il est clair que la présence des femmes dans les médias ne garantit pas forcément une bonne représentation des femmes. Daba Ndione Bèye de l’Institut Panos l’appuie dans cette idée : «Les femmes dans les médias ne parlent pas mieux des femmes que les hommes.»
Au Bénin, les participants à la rencontre notent que les femmes manquent de «courage» quand il s’agit de traiter certains sujets. Et au Nigeria, on indique qu’elles font souvent face à des harcèlements sexuels au sein des médias. Au niveau du traitement salarial, on relève aussi des disparités. L’on se demande encore pourquoi les femmes ne s’intéressent jamais aux gros dossiers, aux enquêtes sur les crimes politiques. Au Mali, on soutient par ailleurs que ce sont les femmes qui maintiennent les stéréotypes véhiculés sur elles en insistant sur les facteurs culturels et le défaut de formation qui font parfois qu’elles s’auto-excluent. «Elles trouvent normal qu’on ne leur confie pas certains dossiers», renseigne-t-on. En Côte d’Ivoire, au Burkina, Togo, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Nigeria… même son de cloche. Les stéréotypes sur les femmes sont bien tenaces. Et pour les briser, Théodora Samba Thaliane préconise de mieux les outiller et de mettre en place une stratégie de veille. «Il faut accentuer les données de veille, le volet éducation aux médias et le volet plaidoyer à tous les niveaux», souligne-t-elle. Aussi bien au niveau des Osc, de la société civile, des jeunes, des réseaux de femmes… Aussi il y a lieu, selon elle, de «faire une bonne notion de ciblage». Avec les médias sociaux, le combat n’est pas gagné d’avance. Du côté de l’Institut Panos, la responsable du programme «Femmes occuper les médias» estime qu’il faut s’investir davantage pour les amener à oser au sein des rédactions. «Pour la femme, c’est toujours difficile. Quand on parle de politique, d’investigation, on voit plus les hommes parce que c’est eux qui osent. Il faudrait faire des choses pour que ça change. Les rédactions ont les responsabilités. Au-delà de la formation des journalistes, les rédactions doivent avoir des mesures pour permettre à une femme de s’épanouir dans les rédactions», lance-t-elle.
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