La mobilisation n’était pas hier au rendez-vous lors du rassemblement du Front démocratique et social de résistance nationale. Des leaders de l’opposition comme Pape Diop l’ont reconnu et dénoncé.

La mobilisation de l’opposition a été faible hier. Plusieurs leaders qui se sont rendu compte de l’évidence l’ont avoué publiquement. Et le patron de Bokk gis gis n’a pas fait dans la langue de bois pour dénoncer cette situation qui peut être favorable au camp du pouvoir. «Nous devons créer un rapport de forces qui sera favorable à l’opposition aujourd’hui. C’est cela qui nous manque. Et c’est de la faute des responsables, des leaders. Nous n’avons pas pu créer le déclic pour que le Peuple nous suive dans ce combat. Nous devons réfléchir aujourd’hui parce que chaque jour qui passe compte pour l’élection présidentielle», a exhorté Pape Diop. Du haut de la tribune, il a donné les raisons qui l’ont poussé à effectuer le déplacement à la Place de la Nation, ex-Obélisque. Une place dont la partie faite en pavé n’a pas pu se remplir. Tout le monde était amassé devant pour former une foule compacte. Comme à chaque rassemblement de l’opposition, la guerre des pancartes n’a pas manqué aussi ce vendredi. Les «Karimistes», reconnus à travers leurs tee-shirts, ont ravi la vedette à leurs «rivaux», à savoir les soutiens de Khalifa Sall qui étaient presque invisibles. A côté, les partisans de Pierre Goudiaby Atépa qui n’ont pas voulu se laisser noyer donnaient également de la voix. Une ambiance enflammée par moments par le tube en vogue, Saï-saï du groupe Keur Gui de Kaolack. «Je suis là pour dire à tous ces femmes et ces jeunes que notre pays a besoin de vous pour la grande bataille que nous devons engager face à Macky Sall. On a l’impression aujourd’hui que ce pays lui appartient, mais face à cette situation, une riposte appropriée n’a pas encore vu le jour. Nous devons nous sacrifier. Montrons à Macky Sall que le pays n’est pas sa propriété», a soutenu Pape Diop, candidat à la candidature figurant parmi les personnalités recalées par les membres du Conseil constitutionnel. Et de lancer un message : «N’ayons pas peur des policiers parce que ce sont des Sénégalais comme nous ! Pour nous, ce sera question que le Sénégal ait un autre Président le 25 février prochain, mais cela demande de grands efforts dans tous les domaines : des efforts physiques, financiers. Nous savons que derrière nous il y aura des jeunes et femmes déterminés. Il nous reste donc à prendre les bonnes décisions pour entraîner le Peuple dans ce combat.» Thierno Alassane Sall a abondé dans le même sens, regrettant cette faible mobilisation. L’ancien Apériste a rappelé qu’«en 2012, la foule allait jusque là-bas», indiquant sa main vers le public. «Pourtant, le pays est actuellement dans une situation plus difficile qu’à l’époque où les gens demandaient le départ du Président Abdoulaye Wade.» Et il cite les cas Khalifa Sall, Karim Wade. Mais il constate : «Le Sénégal est en train de regarder ces reculs démocratiques graves dans notre pays comme des épisodes d’un téléfilm : saison 1, saison 2. Alors qu’il s’agit de notre histoire et de celle de notre Peuple, de notre honneur.»
Le leader de La République des valeurs a, par ailleurs, accusé les 7 «Sages» qui ont invalidé les parrainages de certains candidats, dont lui-même, d’être «complices du coup d’Etat en cours».
Après avoir récusé Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur, Oumar Sarr du Pds a déclaré qu’il faut un «pouvoir de transition» pour organiser l’élection. Cheikh Guèye de la coalition Taxawu senegaal a, lui, délivré le message Khalifa Sall qui appelle l’opposition à «l’unité et à la cohésion pour bouter dehors le pouvoir moribond, incolore, inodore et sans saveur de l’Apr et de Benno bokk yaakaar». D’autres leaders comme Ousmane Sonko, Abdoul Mbaye, Issa Sall étaient présents. Madické Niang et Malick Gakou n’y ont pas pris part.
msakine@lequotidien.sn