La 15e Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art) a offert une tribune de réflexion sur le rôle de l’art, de la musique et du cinéma dans la promotion de récits authentiques et le renforcement de la compréhension mutuelle. Sous le patronage de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar, les panélistes ont souligné que la culture peut être un outil privilégié pour déconstruire les récits faussés et encourager une compréhension mutuelle entre les peuples.Par Ousmane SOW – 

Les stéréotypes peuvent être abattus et la désinformation contrée. C’est la conviction de Kevin Young, directeur du Musée national de l’histoire de la culture afro-américaine, au Smithsonian Institution, PPS The Writah, artiste et entrepreneur sénégalais, et Yetide Ba­daki, productrice, écrivaine et actrice nigériane-américaine. Ils participaient à une table ronde dans le cadre de la Biennale, qui portait sur «Diplomatie culturelle : Lutter contre les stéréotypes et la désinformation». Dans leur communication, ils soulignent que la culture peut être, bien sûr, un outil privilégié pour déconstruire les récits faussés et encourager une compréhension mutuelle entre les peuples.
Directeur du Musée national de l’histoire de la culture afro-américaine, Kevin Young n’a pas tardé à poser les bases du débat, soulignant d’ailleurs le rôle fondamental des échanges culturels. «Les opportunités d’échanges culturels nous renforcent et nous permettent de comprendre que l’art peut nous aider à promouvoir ces connexions et à faire en sorte qu’on soit ensemble», a-t-il déclaré. Pour lui, la Biennale de Dakar dont le thème de cette année est «The Wake, l’Eveil, Xàll wi», fait allusion à l’eau qui sépare les Etats-Unis et le Sénégal. «Ce n’est pas seulement un événement artistique, mais un véritable vecteur de diplomatie, qui contribue à rapprocher les peuples à travers la culture. Et c’est un honneur de pouvoir promouvoir ces connexions», a fait savoir Kevin Young, tout en soulignant que ce type de rencontre artistique aide à abattre les barrières mentales et à renforcer les relations diplomatiques.
De son côté, Paul Pisseti Sagna, alias PPS The Writah, artiste et entrepreneur sénégalais, pense qu’il n’y a aucun domaine qui est mieux placé que la culture pour lutter contre les stéréotypes et la désinformation. «Pour moi, il n’y a aucun domaine qui est mieux placé que la culture pour lutter contre les stéréotypes et la désinformation. Et si la culture ne peut pas réussir dans cette entreprise de déconstruction, je ne vois pas un autre secteur qui puisse le faire. Nous avons toujours été dans la déconstruction, dans les récits authentiques de l’Afrique et du Sénégal», a-t-il lancé. Il rappelle notamment que le rap galsen que font les jeunes sénégalais, est un rap engagé qui porte toujours un message dans la lutte contre les stéréotypes. «Le thème de la biennale, The Wake, l’Eveil, Xàll wi, c’est l’essence de la culture sénégalaise, de ce que nous faisons», explique-t-il. Une culture qui, selon lui, ne se contente pas de divertir, mais qui incite à la réflexion et à la remise en question des idées reçues. Paul Pisseti Sagna lance un appel : «J’espère que nos petits frères aussi pourront reprendre le flambeau.» Cette lutte contre les préjugés et la désinformation, assure-t-il, passe par la force de la culture dans toutes ses dimensions. «Nous sommes dans la mission, et ça ne fait que renforcer notre volonté de pouvoir poursuivre cette lutte», a-t-il laissé entendre.

La narration, arme de lutte contre la désinformation
Yetide Badaki, productrice, écrivaine et actrice nigériane-américaine, a également apporté une perspective complémentaire en soulignant l’importance de la narration dans la lutte contre la désinformation. «Je crois que la narration ou les contes jouent un rôle important dans la lutte contre la désinformation. J’ai eu à écouter beaucoup de récits depuis mon enfance au Nigeria. Les récits nous aident à mieux nous connaître nous-mêmes et, quand on connaît notre propre histoire, on pourra combattre les stéréotypes et la désinformation», a-t-elle affirmé. Pour l’actrice, les récits sont bien plus que des divertissements, ils sont des instruments de connaissance et de transformation. Ils ont le pouvoir de changer la perception de soi et des autres. «Nous avons bien compris l’importance de la désinformation. Mais, il y a beaucoup de choses qui se font au niveau de la radio et nous travaillons main dans la main pour ainsi combattre la désinformation et déconstruire les préjugés», a-t-elle conclu.