C’est un dialogue de sourds qui semble s’être installé entre les riverains du site de Fatick de l’Ussein et les autorités. Au moment où les premiers nommés exigent encore, entre autres, l’identification de leur site de recasement avant le redémarrage des travaux qu’ils ont bloqués depuis août dernier, les seconds, à travers la voix du préfet de Fatick, assurent que les véritables ayants droit ont déjà été attributaires de parcelles par les maires des communes de Diouroup et de Niakhar pour leur recasement.

Les populations riveraines du site de Fatick de l’Université du Sine Saloum El Hadj Ibrahima Niass (Ussein) ne veulent pas du tout entendre parler d’un quelconque redémarrage du chantier de ladite université qu’elles avaient bloqué le 2 août dernier. En effet, sous la houlette de leur porte-parole, les impactés de l’Ussein continuent d’exiger des autorités la satisfaction de leurs revendications. Lesquelles, selon Babacar Diouf, sont aujourd’hui relatives à l’identification de leur site de recasement et la prise en compte des cas d’omission. «Depuis que nous avons arrêté les travaux, nous sommes restés à l’écoute des autorités pour des concertations mais c’est toujours le statu quo et nous avons remarqué ces derniers jours un déploiement d’engins sur le site, ce qui laisse croire que les travaux vont bientôt redémarrer. Mais pour nous, il est hors de question que ces travaux redémarrent sans que nos revendications ne soient satisfaites», a expliqué Babacar Diouf, hier lors d’un point de presse tenu sur le site. Faisant dans la menace, M. Diouf a par la suite laissé entendre que les populations sont plus que jamais déterminées à défendre leurs intérêts et que lui, tient les autorités pour responsables de tout ce qui pourrait se passer sur le site.
Interpellé sur la question, le tout nouveau préfet de Fatick, qui a hérité de ce dossier brûlant, a tenu à lever un certain nombre d’équivoques. D’emblée, Demba Touré a reconnu que la procédure d’expropriation a quelque part été tronquée dans la mesure où l’occasion n’a pas été donnée aux populations de pouvoir apprécier les résultats des travaux de la commission départementale de recensement des impactés. C’est pourquoi il a cherché très vite à rectifier le tir. «Après avoir reçu les impactés, j’ai sollicité de mes supérieurs d’ouvrir une phase contentieuse pour justement permettre à tous ceux qui se sentaient omis ou lésés dans l’évaluation, de pouvoir déposer des demandes de réclamation. Au bout de deux semaines, nous n’avons reçu que huit demandes de réclamation», a-t-il fait savoir. Avant de poursuivre son argumentaire : «Après la réception de ces demandes, la commission départementale, de concert avec les requérants, est retournée sur le terrain pour voir l’objet de ces réclamations. Finalement, on a remarqué que sur les huit demandes, les quatre étaient fantaisistes et les requérants ont d’ailleurs reconnu que l’évaluation initiale était conforme. Sur les quatre autres demandes qui restaient, il y a eu trois omissions que nous avons reconnues et une réévaluation», a renseigné M. Touré qui assure avoir envoyé aux autorités compétentes le rapport afin de permettre à ces ayants droit de pouvoir être rétablis dans leurs droits.
Maintenant, par rapport au site de recasement que Babacar Diouf et cie réclament à cor et à cri, le préfet informe avoir trouvé que les ressortissants de la commune de Diouroup avaient déjà reçu leur notification de recasement de la part de leur maire et que pour ceux de Niakhar, le maire a également identifié et attribué des parcelles aux ressortissants de sa commune. «A l’heure où je vous parle tous les impactés savent quelle parcelle occuper en guise de recasement», a martelé l’autorité administrative. Par ailleurs, le préfet a souligné que dans un souci de surévaluer les indemnisations des impactés, les autorités ont retenu de leur affecter encore les 30ha que l’Ussein avait initialement prévu de rétrocéder pour le recasement, bien que cela a été déjà fait par les communes citées ci-dessus. «Pour ces 30ha, nous avons initié un recensement exhaustif en prenant en compte tous les impactés, qu’ils soient propriétaires d’habitations, de champs ou de vergers. Le recensement ainsi que le morcellement ont été déjà faits et il ne reste que le bornage qui demande des moyens dont la commission départementale ne dispose pas. C’est pourquoi Mme le gouverneur a sollicité de l’université et du niveau national, la prise en charge du bornage de ces 30 ha là», a soutenu le préfet du département de Fatick. Lequel n’a pas manqué de signaler au passage que les impactés sont en train de retirer progressivement leurs chèques, contrairement au mot d’ordre de boycott qui avait été initialement décrété par le président du collectif, Babacar Diouf.