Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation a été accueilli hier à Fatick par des populations qui arboraient des brassages alors qu’il était venu lancer officiellement les travaux de construction de l’Université du Sine Saloum El hadj Ibrahima Niass (Ussein). Mais après que Cheikh Oumar Hanne a fermement promis aux populations de leur payer leurs impenses d’ici le 15 juillet, tout a fini par rentrer dans l’ordre.

Les populations des villages de Poukham, Mbane, Ngouye, Pindodiohine, riveraines du site de Fatick de l’Université du Sine Saloum El hadj Ibrahima Niass (Ussein), sont très rémontées contre les autorités. Aussi, n’ont-elles pas manqué de manifester leur colère en accueillant hier avec des brassards rouges le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, qui a séjourné dans la capitale du Sine pour procéder de manière très officielle au lancement -plusieurs fois annoncé- des travaux de construction de ladite institution. A l’origine du courroux de ces populations, il y a apparemment un problème de communication. «Nous nous félicitons de l’implantation de cette université dans notre terroir, mais nous avons décidé d’accueillir le ministre de l’Enseignement supérieur avec des brassards rouges parce que nous avons estimé que les engagements que les autorités avaient pris et qui sont contenus dans un protocole, n’ont pas été respectés», a d’emblée fait savoir le porte-parole des populations, Babacar Diouf. Qui renseigne que ces engagements concernent essentiellement le paiement des impenses d’un montant de 102 millions de francs Cfa aux populations impactées par le projet, le recrutement de la main d’œuvre locale, entre autres. De plus, Babacar Diouf s’est offusqué du fait que les populations n’ont pas été informées de la date du démarrage effectif des travaux. Ce qui, selon lui, leur a été préjudiciable dans la mesure où ils avaient fini de semer leurs graines sur le site. «Avant de semer ici, nous avons, comme l’année dernière, saisi le sous-préfet de Niakhar qui nous a donné l’autorisation parce qu’il a dit n’avoir aucune information par rapport à la date de démarrage des travaux. Mais à notre grande surprise, nous avons subitement vu des machines dans nos champs et qui ont déterré tout ce qui a été semé ici. Nous pensons que nous devrions être informés à temps pour pouvoir prendre les dispositions nécessaires», a expliqué Babacar Diouf au ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation qui, dès son arrivée sur le site aux environs de 11 heures, s’est dirigé directement vers les protestataires pour s’enquérir de la situation. Après avoir sagement écouté, M. Diouf, le ministre Cheikh Oumar Hanne lui a rétorqué que ce n’était pas la peine qu’ils arborent des brassages rouges et s’est engagé à payer dans les meilleurs délais les impenses qui, apparemment, constituent la principale pomme de discorde.

Promesses du ministre
«Dès cette semaine, nous allons déposer le chèque au niveau du Trésor public pour qu’ensuite, en rapport avec les autorités administratives, les ayants droit puissent recevoir leur argent d’ici le 15 juillet»,a promis Cheikh Oumar Hanne. Qui, d’un ton très persuasif, s’est évertué à expliquer aux populations l’impact positif que cette université aura dans leur vécu quotidien. C’est à la suite de cette séance d’explication que le ministre de l’Enseignement supérieur, assuré d’avoir convaincu ses interlocuteurs, a pu procéder au lancement officiel des travaux. Lesquels seront réalisés par le consortium sénégalo-chinois Otizia/Cmec pour un délai d’exécution de dix-huit mois.

Le site de Fatick, qui s’étend sur une superficie de 400 ha et à cheval sur les communes de Niakhar et de Diouroup, va abriter deux Unités de formation et de recherche (Ufr) dont l’une sera spécialisée dans les ressources halieutiques et l’autre dans l’hôtellerie et le tourisme. Ce site va également accueillir le centre des œuvres universitaires, une bibliothèque, un amphithéâtre, un auditorium, des champs expérimentaux, un restaurant pour les étudiants, un complexe sportif, un centre médico-social, un bureau de liaison, une cité des enseignants, un grand espace vert, entre autres.

A terme, les infrastructures qui seront construites dans la région de Fatick pourront accueillir 8 à 10 mille étudiants contre 30 mille pour l’ensemble de cette université de 4e génération et à vocation agricole, où seront enseignées 34 licences professionnalisantes ainsi qu’un certain nombre de masters.

Implantée sur cinq cites des régions de Fatick, Kaolack, Kaffrine et Diourbel, l’Ussein va coûter une enveloppe de 65 milliards de francs Cfa dont 60 pour les constructions, 4 pour les équipements et 1 milliard pour la logistique.