Fatimé Raymonne Habré fait appel aux Ong des droits de l’Homme : «Je vous demande de m’aider au respect du droit à la santé de Habré»
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Par Mamadou SAKINE
– Vieux et «malade», Hissein Habré continue à purger sa peine à perpétuité au Cap Manuel. En détresse, son épouse plaide pour son mari en prison. Fatimé Raymonne Habré a saisi hier les Ong des droits de l’Homme, à savoir la Raddho, le Forum du justiciable, Afrika jom center, la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh), le Comité sénégalais des droits de l’Homme, Amnesty Sénégal, au sujet de la santé du Président Hissein Habré. «Aujourd’hui, la situation du Covid-19 est grave et les risques sont énormes, la contamination est incontrôlable et se poursuit dangereusement. Nos avocats ont exprimé leur préoccupation en révélant, à ma suite, que le Président est hypertendu, diabétique. Autrement dit, il est en danger», écrit-elle. Elle ajoute : «Je vous demande en conséquence de m’aider au respect du droit à la santé du Président Habré, car la question de la dignité humaine est celle de la reconnaissance de l’humain – de son corps, de son esprit et de ses capacités.»
S’adressant toujours à ces Ong au sujet de son époux, Fatimé Raymonne Habré déclare que «vous comprendrez aisément, qu’après 8 années de prison, de multiples tracasseries, de manque de soins adéquats, qu’il soit épuisé par cette détention et à bout». Elle fait comprendre également que «la hantise a fini de s’emparer d’eux dans ce contexte éprouvant et difficile avec le variant Delta qui effraye toute la population». Elle déplore ainsi ce qu’elle appelle le «silence autour du non-respect des droits du Président Habré, silence autour de la mise en danger de sa personne face à cette poussée épidémique». Dans sa lettre, elle a rappelé le rôle joué par Amnesty et Cie dans le procès de Habré qui purge au Sénégal une peine de prison à vie pour des crimes de guerre, crime contre l’humanité, tortures et viols commis durant son mandat entre 1982 et 1990. «Je sais que vous avez agi en posant une pierre dans cette affaire Habré, mais agir avec humanité, c’est faire aussi preuve de modération morale. Je crois profondément que réguler la politique, en y intégrant un principe d’humanité, c’est arriver à atténuer sa logique interne parfois féroce et impitoyable», dit-elle.
Et le principe d’humanité a toujours fait partie, soutient-elle, de «notre» background culturel, de même que le principe d’égalité pour être des sujets de droit, car un Etat de lois n’est pas forcément un Etat de droit. C’est la raison pour laquelle, agir en conséquence, poursuit-elle, «avec conscience, humanité et responsabilité dans la prise en charge de cette situation serait en conformité avec les textes des conventions internationales qui ont posé l’exigence du droit à la santé, du respect de la dignité humaine des prisonniers». Elle conclut en ces termes : «Vous vous êtes engagés dans la défense des droits de l’Homme, cette mission s’inscrit aussi dans le respect de la dignité humaine.»
msakine@lequotidien.sn