Faute de budget de fonctionnement : Le Cored ferme ses bureaux

Privé de budget depuis 2024, le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) a pris la décision de fermer, «jusqu’à nouvel ordre», ses bureaux à la Maison de la presse. C’est la dernière victime de cette croisade du ministère de la Communication contre le secteur des médias.Par Mame Woury THIOUBOU –
La politique d’étouffement du secteur de la presse fait une nouvelle victime. Cette fois, le sevrage décidé de façon unilatéral par le ministère de la Communication, des télécommunications et de l’économie numérique, a provoqué une décision radicale du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored). L’organe d’autorégulation annonce en effet, à travers un communiqué, sa décision de fermer, «jusqu’à nouvel ordre», ses bureaux sis à la Maison de la presse Babacar Touré. «Le bureau du Cored s’est résolu à prendre cette regrettable décision parce qu’il n’arrive plus à faire face à ses dépenses de fonctionnement. Le personnel permanent, très résilient, a patiemment enduré 14 mois d’arriérés de salaires», écrit l’instance d’autorégulation de la presse sénégalaise. A l’origine de ces difficultés financières, la décision du ministre Alioune Sall de geler le Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp) depuis 2024. «L’organe d’autorégulation, n’étant pas entré en possession de son budget de 2024, ni de 2025, a épuisé toutes ses ressources additionnelles», précise l’instance. Interrogée sur la question, Nina Penda Faye indique que le Cored a utilisé jusque-là toutes les ressources mises à sa disposition par ses partenaires pour continuer à fonctionner. Ainsi, les cas d’école qu’organise le Cored périodiquement ont pu se tenir avec le soutien de ces partenaires et des bénévoles qui y travaillent. «Au début, on nous a dit que c’étaient les audits, ensuite il fallait attendre la Loi de finances rectificative. Aujourd’hui, on nous parle d’arrêtés qui doivent être numérotés», explique Nina Penda Faye. Un blocage qui ne dit pas son nom, mais dont les conséquences ne cessent de se faire sentir.
Le Cored est une instance d’autorégulation à laquelle le Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp) alloue annuellement une enveloppe pour son fonctionnement, selon les dispositions du Code de la presse. En l’absence de ce budget, le Cored a dû se séparer du personnel permanent. Même si ses instances, le bureau, le directoire et le Tribunal des pairs, continuent de fonctionner, c’est un énorme coup que vient de subir la presse sénégalaise. Au moment où le ministère affiche une ferme volonté «d’assainir» le secteur, les difficultés que traverse le Cored, ainsi que l’ensemble des organes de presse de ce pays, donnent un signal diffèrent. Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Communication, la relation entre Alioune Sall et les médias est plus qu’agitée. La mise en place d’une plateforme pour l’enregistrement des médias a déjà entraîné la fermeture de plusieurs organes, avant qu’un arrêté de la Cour suprême ne casse cette décision. Toutefois, plusieurs jours après, aucune décision n’a été prise pour appliquer le Droit.
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