Les faussaires ont investi le juteux marché des tests Pcr avec divers stratagèmes déployés. L’Iressef du Pr Souleymane Mboup a fait une sortie lundi pour dégager toute responsabilité sur ces agissements malveillants qui perturbent la gestion de la maladie.Par Alioune Badara NDIAYE (Correspondant)

– A côté du Sars Cov2, circulent tout autant de faux tests Covid-19 aux conséquences dévastatrices sur la gestion de la pandémie. L’alerte a été donnée lundi par Dr Pape Alassane Diaw, directeur technique de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef). «Le message c’est que les faux tests existent et que la population doit faire attention. Ceux qui les proposent sont des personnes mal intentionnées qui cherchent de l’argent sur leur dos», a-t-il averti lundi face aux journalistes. «C’est pour informer les populations sur ces pratiques malsaines que l’Iressef a tenu à faire des précisions sur des tests fabriqués par des faussaires. Ils le font pour des personnes qui doivent voyager mais aussi pour des patients moyennant un prix de 25 mille francs parfois même plus alors que les patients ne vont même pas faire les tests», a ainsi mis exergue Dr Diaw, notant que le logo et l’entête de l’Iressef sont utilisés par certains faussaires. «Je rappelle que ces faux tests ce n’est pas pour l’Iressef seulement, ils le font avec tous les autres laboratoires mais à notre niveau on veut clarifier les choses parce qu’on s’est rendu compte que c’est allé beaucoup plus loin (…) C’est dangereux parce que ça peut contribuer à la propagation de l’infection», a poursuivi le biologiste pharmacien, assurant que l’Iressef est en train de tout mettre en œuvre pour contrecarrer les faussaires aux multiples stratagèmes. «Il y a des gens qui viennent faire leur test au niveau du laboratoire et quand on leur rend un résultat positif, il y a d’autres personnes qui les appellent pour leur dire qu’ils peuvent transformer leur résultat en négatif moyennant un prix de 80 mille parfois 100 mille», a-t-il évoqué au nombre des modus operandi des faussaires. Il a aussi évoqué à ce registre les résultats individuels envoyés aux 12 districts que polarise l’Iressef sans omettre les agences de voyage qui proposent aux clients de billet d’avion et le test Pcr. «On s’est rendu compte que les résultats individuels envoyés par mail, le personnel de santé malintentionné les utilisait aussi, les falsifier pour les donner à des voyageurs. On a arrêté de donner des résultats individuels», a-t-il dit. Dr Diaw a aussi fait état d’un réseau de faussaires démantelé tout en se désolant des sanctions pas à la hauteur de la gravité de l’acte. «Le passager avait juste donné son passeport au commerçant. Le commerçant à son tour a transmis les informations au technicien qui lui fait facilement confectionner un résultat. A l’aéroport les gens ont vérifié sur notre base de données, il n’y figurait pas. On l’a attrapé. C’est comme ça que ce réseau a été démantelé. Ils ont été jugés et condamnés à 2 ans dont 4 mois ferme pour l’informaticien, les autres 1 mois ferme», a-t-il expliqué, regrettant que ce soit le seul démantelé malgré les nombreuses plaintes déposées à ce jour par l’Iressef. «Ce que nous voulons c’est que les autorités prennent leur responsabilité parce que c’est un problème national qu’il faut gérer à tous les niveaux. Ce que nous déplorons c’est qu’il n’y a pas souvent de suite par rapport à nos plaintes. S’il y avait une suite, c’est sûr que ce phénomène allait être enrayé depuis longtemps», a insisté le directeur technique de l’Iressef qui a établi une corrélation entre les faux tests et la présence des variants dans notre pays. «Des fois ce sont des voyageurs entrants avec de faux tests et là aussi on ne le maîtrise pas parce qu’on n’a pas de moyen de vérification. Pas moyen de vérifier l’authenticité de ces résultats et c’est ce qui fait peut-être qu’on a de nouveaux variants qui arrivent facilement au Sénégal parce que les gens fabriquent facilement de faux tests», a-t-il dit.
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