FDR : L’attitude pernicieuse de Amadou Ba et Karim Wade

Ennemis à la dernière Présidentielle, Amadou Ba et Karim Wade sont restés ensemble à la gare et ont raté le train de l’histoire, refusant ainsi de faire partie du Front pour la défense de la démocratie et de la République.
Lorsque l’annonce de la création d’une coalition de l’opposition a été faite il y a quelques jours par les médias, j’étais très enthousiaste, d’autant plus que cela venait s’ajouter à la volonté des travailleurs de s’unir par une jonction de leurs différentes centrales syndicales.
Je voyais par cet éveil de conscience républicaine et syndicale, un signe de maturité du Peuple sénégalais toujours prêt à relever les défis qu’il croisait sur son chemin.
Aucune inquiétude n’avait traversé à ce moment mon esprit quant à la volonté unitaire régnant au niveau des chapelles politiques de l’opposition vu la situation d’ensemble sur les plans économique et social, mais également politique avec toutes les agressions sur les libertés qui présagent de lendemains troubles pour notre pays.
C’est cela d’ailleurs qui a amené notre parti, le Pit-Sénégal, après un diagnostic sans complaisance par une déclaration du secrétariat du Comité central, à se demander : Où va le Sénégal ?
Grandes furent alors ma surprise et ma déception en apprenant à travers la presse, que notre ancien allié, M. le Premier ministre Amadou Ba, avec son mouvement «Nouvelle responsabilité», avait refusé de participer à l’élan unitaire de l’opposition face au régime Pastef, sous prétexte qu’il ne pouvait pas s’allier avec des gens qui l’ont combattu. Il ne s’adressait pas à Karim Wade du Pds qui l’avait accusé d’avoir corrompu 2 juges du Conseil constitutionnel afin de barrer la route à sa candidature présidentielle, car ce dernier, comme lui, n’est pas partie prenante du nouveau front.
A qui faisait-il donc allusion sinon à l’Apr dont certains des responsables l’ont ouvertement combattu, d’autres en sourdine durant la dernière Présidentielle. Curieusement, cela ne l’avait pas empêché de discuter avec leur coalition durant les dernières Législatives, en vue d’une intercoalition face aux listes de Pastef auxquelles il fallait barrer la route à tout prix. Même au niveau de la diaspora, les listes de «Jàm ak njariñ» et de «Takku Wallu Senegaal» étaient intercoalisées.
Pourquoi donc maintenant il se rappelle qu’ils l’ont combattu ?
A-t-il quelque chose en tête qu’il ne nous a pas encore dite ?
J’avoue que lorsqu’il s’était abstenu durant le vote pour la levée de l’immunité parlementaire de l’honorable député Farba Ngom, pour ensuite rester dans la salle contrairement aux députés de l’opposition qui avaient préféré la quitter, je n’étais pas vite allé en besogne pour le condamner, lui accordant le bénéfice du doute. J’étais même très mal à l’aise lorsque les gens ont commencé à le critiquer ouvertement sur ses positions.
Venons-en maintenant à l’argument avancé : refuser de s’allier avec des gens parce qu’ils t’avaient combattu.
En revisitant l’histoire politique de notre pays, de l’indépendance à nos jours, on voit des partis politiques qui se combattaient presque à mort et qui par la suite sont devenus des alliés confiants et qui se respectaient.
Le cas de l’Ups devenue Parti socialiste, avec le Pai-Sénégal devenu Pit-Sénégal, en est un exemple très illustrant.
Le cas du Pds avec Maître Wade et notre parti pour la 1ère alternance de 2000 et le divorce qui s’en est suivi, nous mettant face à lui jusqu’à la 2ème alternance de 2012.
Il y a encore le cas de l’Apr avec le Président Macky Sall, Barthélemy Dias et Khalifa Sall de «Taxawu Senegaal», voir toutes les défections qu’il y a eues dans «Yewwi askan wi» entre 2022 et 2024, et la dernière alliance entre «Sam sa kaddu» et «Takku Wallu Senegaal».
Les autres pays n’échappent pas à cette réalité politique sur les alliances qui se font et se défont selon les circonstances et enjeux politiques du moment.
J’estime que la contradiction principale actuellement dans notre pays est entre l’opposition en général et Pastef, et cela relaie toutes les autres contradictions au sein de l’opposition à un rang secondaire, et je suis convaincu que M. le Premier ministre Amadou Ba, le ministre Karim Wade et le président Abdoulaye Wade le savent très bien.
Leurs positions actuelles affaiblissent le nouveau front en renforçant par conséquent Pastef, qui aura besoin de moins d’énergie dans son combat contre l’opposition. Il est donc tout à fait normal que les gens s’interrogent sur les véritables motivations de ces 2 formations et de leurs dirigeants hier ennemis, aujourd’hui ayant la même position de non-radicalité frisant à la limite une neutralité.
Le temps est le meilleur juge et ne tardera pas à nous édifier sur les véritables raisons de leurs attitudes, d’autant plus que le pouvoir, à défaut de prêter attention aux dernières sages recommandations du Pit-Sénégal, ira droit vers un affrontement avec l’opposition et les autres Forces vives de la Nation qui ne se laisseront pas faire.
Idrissa SYLLA
Pit-Sénégal New York
idrissasylla902@gmail.com