«Félicité» – Le fabuleux destin de Véronique Beya Mputu

La Congolaise est magnifique dans le film «Félicité» sous la direction de Alain Gomis. Une actrice est née.
Festival de Berlin 2017. Une femme réchauffe les cœurs sur les écrans de la Berlinale en chantant le blues dans un bar de nuit de Kinshasa. Félicité de Alain Gomis remporte en Allemagne le Grand prix du jury, avant une série de prestigieuses récompenses qui le mènera peut-être jusqu’aux Oscars. Dans la peau de cette mère qui se bat pour faire soigner son fils accidenté, l’actrice congolaise Véronique Beya Mputu. C’est son premier rôle au cinéma, mais ce ne sera pas son dernier, affirme-t-elle. Berlin, «c’était une deuxième naissance». «J’avais un peu peur, comme si ce n’était pas moi. J’en rêvais depuis longtemps, mais j’avais du mal à y croire. C’est le début de ma nouvelle vie.»
Alain Gomis nous raconte Félicité, notre coup de cœur cinéma
Jouer au théâtre et au cinéma, sa famille ne voulait pas en entendre parler : «En Afrique, quand vous êtes comédien, vous n’êtes pas soutenu et vous terminez à la rue comme des mendiants.» Longtemps, Véronique fera tout pour plaire à sa sœur aînée, Angel, qui veille sur elle depuis l’âge de 2 ans. Des études de commerce, de marketing, des petits métiers comme esthéticienne ou coiffeuse, avec toujours ce désir fou de devenir actrice. Sa première expérience théâtrale avait tourné au vaudeville quand sa sœur avait débarqué dans les coulisses pour l’empêcher de jouer sur scène, mais «le destin, on ne peut pas le fuir». Elle ne laissera pas passer la chance de sa vie quand une amie la pousse à passer le casting de Félicité de Alain Gomis. Après le premier essai, le cinéaste hésite, la rappelle trois mois plus tard, tergiverse, puis réécrit le scénario pour s’adapter à son énergie.
La bande annonce
de Félicité
Pour le tournage qui l’emmènera au Sénégal et en France, elle quitte le cocon familial, toujours sans l’approbation de Angel. «Quand les médias ont parlé du film à Berlin, ma sœur m’a écrit sur Facebook : “C’est toi ? – Oui, c’est moi, tu as bien vu, je veux ma liberté.” Elle a pleuré. Maintenant, elle est fière de moi.»
Félicité est un vrai rôle de composition et il lui a fallu être crédible à l’écran. «Je l’ai fait avec amour, j’aimais jouer, j’ai dû beaucoup travailler, notamment sur les chansons. C’était très dur.» L’actrice nous raconte la scène la plus difficile : elle devait respirer sous l’eau, elle qui ne sait pas nager. Malgré le froid, la peur, elle l’a fait. Pour Alain Gomis qui est devenu comme son frère et aussi pour se prouver qu’elle pouvait le faire. «La souffrance du tournage, vous l’oubliez.» C’est peut-être ça la magie du cinéma.
Pour ce tempérament, impossible de s’arrêter là et de n’être qu’une comète qui passe dans le ciel cinématographique. Véronique Beya Mputu veut durer dans le métier. Elle va prendre des cours de comédie à Paris et a déjà reçu des propositions qu’elle garde secrètes, superstition oblige. Son souhait ? Ne pas être enfermée dans le rôle de Félicité et tourner dans des films d’action comme Fast and furious. Et qui sait, rencontrer un jour à Hollywood Whoopi Goldberg qui la fait tant «rigoler» dans Sister act.
Parismatch