Felwine Sarr, directeur du symposium du Raw Material Company : «Nos villes ne sont pas seulement faites de matières et de briques»
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Théodore Monod accueillera la ville et le vivant. On y discutera de l’immatériel et de la cosmopolitique de l’hospitalité. Ce sera autour d’un symposium. International.Par Moussa Seck –
Dix-sept décembre 2024 : temps. Dakar, Raw Material Company : espace. Espace ou lieu. Une table. A gauche, Fatou Bintou Rassoul Sy, du Raw. A droite, Marie-Hélène Pereira, du Raw. Au centre, Felwine Sarr… du Raw. Le lieu a ses arbres, ses oiseaux et ses bienveillants invités qui le peuplent en cette matinée de décembre. Felwine, Bintou et Hélène y parlent précisément d’espace et d’imaginaire. M. Sarr : «Pendant longtemps, on a voulu ressembler aux autres villes du monde, et l’idéal de la ville, c’était Londres, Paris, Vienne, alors que nous sommes des Etats du Sahel et que nos imaginaires ont été habités par une forme d’imaginaire achevé qui est la ville moderne occidentale.» M. Sarr : «Travail de déconstruction, décolonisation des imaginaires.» Comment ? «Etre en mesure de produire des villes qui reflètent notre civilisation et notre vision du vivre-ensemble.» Habiter ? «La question de l’habiter, c’est aussi la question de l’usage du monde. Et cette question-là, elle traverse la question du lieu, de comment on fait sens des lieux.» Faire sens des lieux ? «Les lieux nous affectent, nous les affectons. Ils nous produisent et nous les produisons.» Qui nous sommes et qui nous voulons être ? «La manière dont on affecte les lieux» nous le dit. Et voilà entre autres choses dites par M. Felwine Sarr, sur les lieux, sur un peu plus d’une dizaine de minutes. Du condensé et pas tout le condensé. Du 18 au 21 décembre, le développement.
Quatre axes pour une cinquième édition
Du 18 au 21 décembre se tiendra le symposium intitulé «A sense of place : Displacement. Replacement. Non-placement», qui verra son directeur, Felwine Sarr, faire une conférence inaugurale. Développement du condensé. «A sense of place», ça signifie ? Le Raw et ses invités définiront et qui sera au musée Théodore Monod saura ce qu’on entend par displacement, replacement et non-placement.
En tout, les discussions s’articuleront autour de quatre axes : la ville, le vivant, l’immatériel et la cosmopolitique de l’hospitalité. Un avant-goût de la conf. ? Felwine : «Nos villes ne sont pas seulement faites de matières et de briques.» La ville ? Le monde ! Quel monde ? Le nôtre, en crise. Il faudra le penser. Felwine : «Nous sommes dans un monde frontiérisé. Nous sommes dans un monde qui produit des morts aux frontières avec une manière d’habiter la terre qui est tribale : chacun son espace de terre, son bout de terre qu’il défend à contrario des autres, envers et contre tout. Et on a une difficulté à nous concevoir comme une communauté humaine (…).» Ça, sera développé…
Au moment de l’élaboration de ce qui sera le symposium, dans les discussions, les équipes du Raw ont aussi réfléchi «à la manière dont, dans les arts et dans la culture, on a développé des pratiques hospitalières qui sont imprégnées de nos cultures», explique Marie-Hélène Pereira. Et, «c’est la raison pour laquelle, par exemple, on a voulu intégrer la nourriture comme outil de pensée, outil de transmission de savoir, outil d’accueil de l’autre». A Théodore Monod alors, les quatre axes qui composent l’édition 5 de la Condition Report de Raw Material Company seront exploités de différentes manières (par, bien sûr, beaucoup de penseurs, artistes…). On aura droit à un espace multi-sensoriel : «On va convoquer beaucoup de sons, il y aura énormément d’ouvrages à lire, il y aura énormément aussi de contenus audios ou vidéos. Mais il y a également toute une expérience avec des artistes qui vont être là et qui vont par le goût, par la pratique performative, convoquer différentes pratiques, différentes réflexions et les différents axes de ce symposium.»
moussa.seck@lequotidien.sn