Les femmes et les enfants comptent parmi les couches les plus concernées par les non-déclarations de naissance, de décès ou de mariage. Cet état de fait les rend vulnérables. Le dernier Rapport d’état civil révèle que 17,6% des femmes ne possèdent aucun acte d’état civil. Quant aux enfants âgés entre un et neuf ans, ils sont 23,8%. La situation est encore plus alarmante en milieu rural et dans certaines régions de l’intérieur du pays telles que Kaffrine (38,7%), Tambacounda (38,0%), Kolda (31,5%), Diourbel (25,4%) et Louga (25,4%).
Un autre fait observé, c’est que le taux d’enregistrement augmente ou baisse en fonction du niveau d’alphabétisation ou d’instruction. Les résultats montrent une large différence entre le nombre de personnes n’ayant aucun niveau d’instruction et possédant un bulletin de naissance (50,5%) et celui des intellectuels ayant au moins le Baccalauréat et détenant cette pièce d’état civil (89,0%).
En ce qui concerne les mariages, ledit rapport indique qu’au Sénégal, 72,7% des mariages ne sont pas déclarés à l’état civil. Cependant, on note une grande disparité entre les milieux de résidence. Par exemple, en milieu rural, 88,4% des mariages ne sont pas enregistrés à l’état civil, contre 51,0% en milieu urbain. A l’exception de Dakar et Ziguin­chor, plus de huit mariages sur dix ne sont pas célébrés à l’état civil. Les régions de Kaffrine (93,7%), de Tambacounda (91,0%) et de Sédhiou (89,9%) sont citées parmi celles où les mariés sont moins disposés à déclarer leur union à l’état civil. C’est extrêmement grave pour les femmes qui, en cas de divorce, risquent d’en sortir perdantes, puisqu’un mariage non-déclaré n’existe pas aux yeux de la loi.
L’étude montre également que du niveau d’instruction de la femme dépend, considérablement, la propension à déclarer le mariage à l’état civil. En effet, la proportion des mariages non déclarés marque une chute vertigineuse allant de 87,9% chez les femmes analphabètes à seulement 10,5% chez celles ayant le niveau supérieur. Il va donc sans dire que l’alphabétisation constitue, à elle seule, un véritable gage de sécurité.