Dans sa décision rendue hier, la Tribunal de Niamey a déclaré que le changement de gestion et la fermeture des écoles fondées par le prédicateur Fethullah Gülen par l’Etat nigérien est illégal et constitue une voie de fait. Un bel exemple d’indépendance de la justice, qui devrait inspirer le Sénégal, qui a décidé de confier les établissements Yavuz Selim, à la Fondation Maarif, qui est un organe de propagande, mis juste en place par le Président Erdogan pour démanteler l’empire güléniste.
L’exemple vient du Niger : La justice de ce pays a refusé de parrainer la fermeture des établissements appartenant au prédicateur turc Fethullah Gülen. Le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, saisi en référé par la société Bédir Sarl, équivalent de Yavuz Selim au Sénégal, après le retrait des autorisations et la fermeture définitive de ses établissements, a condamné l’Etat nigérien, qui s’était plié à la volonté du chef de l’Etat turc. Dans son ordonnance rendue hier, le Tribunal dit que l’occupation par l’Etat nigérien du siège de la société Bédir et l’utilisation de ses biens meubles corporels constitue une voie de fait et un trouble manifestement illicite. Il a ordonné aux autorités de Niamey la cessation de ses troubles et l’exécution provisoire de cette décision sous astreinte de 1 million F Cfa par jour de retard et condamné l’Etat nigérien aux dépens. Selon le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, le changement de gestion a été fait sans qu’aucune procédure légale d’expropriation pour cause d’utilité publique n’ait été engagée contre les établissements Bédir.
A l’image de certains pays, le gouvernement nigérien a sorti 5 arrêtés le 21 dernier pour retirer les autorisations au groupe de Gülen et fermer définitivement le complexe scolaire Bédir. Ces décisions prises pour faire plaisir à Recep Tayyip Erdogan ont provoqué des réactions sidérées des parents d’élèves et du personnel enseignant au Sénégal. Lesquels craignent que ce fleuron de l’école sénégalaise sombre dans les mêmes travers qu’au Niger, en Guinée et en Somalie.
Dans son N0 4164 du jeudi 29 décembre, Le Quotidien révélait que Maarif, qui hérite de la gestion de ces établissements est une fondation pacotille dont l’objectif final est de démanteler les écoles gülénistes. Elle est un organisme qui gère l’agenda politique et diplomatique du Président turc.
Fondée en mai 2016, Maarif n’a pas une expertise dans le domaine de l’éducation. Ainsi que dans la gestion d’établissements scolaires. Alors que ses employés sont des activistes à la solde du régime de Recep Tayyip Erdogan. Au Pakistan, l’expérience s’est avérée être un échec total contraignant les autorités académiques d’Islamabad à fermer les écoles pour six mois. Car, le personnel ne parle pas l’anglais et les langues locales. En voulant corriger ces lacunes, la Fondation Maarif a envoyé plusieurs de ses cadres étudier l’anglais à l’Université nationale des langues vivantes pour devenir les futurs directeurs de l’école Pak-Turk, confisqués au réseau güléniste. Bref, le Président Erdogan a réussi à fermer les établissements à travers cette manœuvre qu’il veut dupliquer au Sénégal
Le gouvernement sénégalais a décidé de retirer la gestion des établissements Yavuz Selim à l’Association Baskent Egetim, après des pressons du gouvernement turc.
Les responsables de cette association ont demandé aux autorités de mettre en place une commission d’enquête indépendante pour certifier les compétences de cette fondation. Mais, elles semblent résolues à faire passer cette décision malgré la mobilisation de plusieurs segments de la société. Sans succès !
Après le coup d’Etat avorté en Turquie le 15 juillet dernier, le Président turc a promis de faire chuter son empire dans les limbes de l’oubli à travers une dégulénisation forcée à… coût de pressions diplomatique et économique. En courbant l’échine, le gouvernement met aussi en péril l’avenir de plus de 2 mille élèves. Peut-être que l’exemple du Niger lui permettra d’avoir une autre grille de lecture de la situation.
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