Le Groupe Yavuz Selim a interpellé le Président Bassirou Diomaye Faye pour corriger l’injustice dont il a été victime, il y a 7 ans, avec la fermeture de ses établissements scolaires. Le Quotidien revient sur les péripéties de cette affaire.

Par D. KANE – La «Déguélinisation», entamée d’abord en Turquie, entreprise par Recepp Tayyip Erdogan, s’est propagée un peu partout en Afrique. Le Pré­sident turc a voulu fermer les écoles fondées par Gülen un peu partout pour régler des comptes politiques. En 2017, l’Etat du Sénégal avait retiré à l’Association Baskent Egitim, qui était propriétaire des écoles Yavuz Selim, l’autorisation d’exercer ses activités. Le retrait de cette autorisation et la fermeture de ces écoles avaient fait l’objet d’une longue bataille politico-judiciaire avec les différents actionnaires sénégalais.

L’Association Baskent Egitim avait même cédé ses établissements à la société Yavuz Selim S.A pour que les écoles puissent continuer de fonctionner. Mais face à la détermination de l’Etat d’accéder à la demande du gouvernement turc, les écoles ont été finalement fermées. Les actionnaires, le personnel, les élèves et leurs parents ont ainsi été victimes des représailles du Président turc suite à la tentative de coup d’Etat de 2016. Recep Tayyip Erdogan, qui accusait Fethullah Gülen d’être derrière ce putsch avorté, s’en était pris au vaste réseau éducatif et humanitaire du prédicateur turc. D’ailleurs, les autorités de l’époque n’avaient même pas attendu la fin de la bataille judiciaire pour fermer définitivement lesdits établissements scolaires. Et elles avaient décidé de confier la gestion à la Fondation Maarif créée par le gouvernement turc. Il faut rappeler que le gouvernement du Sénégal, par le biais de l’Agent judiciaire de l’Etat, avait saisi le juge des référés du Tribunal régional de grande instance hors classe de Dakar pour demander à ce que la fondation turque Maarif puisse administrer les écoles Yavuz Selim. Informé des manœuvres de l’Etat au niveau du Tribunal régional, le Groupe Yavuz Selim avait lui aussi introduit un rabat du délibéré, qui sera accordé par le juge. N’empêche, le Groupe Yavuz Selim ne reprendra pas les enseignements, et autorisation a été accordée à la Fondation Maarif pour exercer les mêmes activités.

Le chef de l’Etat Macky Sall, qui ne s’était pas prononcé sur cette affaire au début, avait avoué plus tard que c’était une exigence de l’Etat turc. Macky Sall, en marge de l’inauguration de l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation, avait déclaré que «la Turquie, depuis plus de 3 ans, avait demandé au Sénégal la fermeture de ces écoles pour des raisons qu’elle nous avait exposées, liées un peu à la stabilité du pays et aux activités qui ont été reprochées à ce mouvement (Gülen, propriétaire des écoles)». Dans la même veine, M. Sall avait expliqué que «depuis lors, le Sénégal n’avait pas accepté de mettre à la porte 3000 élèves». Dans sa tentative de trouver une explication à la décision de fermer les établissements Yavuz Selim, il avait soutenu avoir exigé de ses partenaires turcs de lui «donner d’abord toutes les évidences». «Et cet exercice a été fait. Par la suite, il y a eu le coup d’Etat en Turquie. Et cela a accéléré la demande de fermeture du réseau Gülen en Afrique», avait fait valoir Macky Sall.
Comme quoi l’ancien Président avait préféré sa loyauté envers ses partenaires turcs à l’excellence des enseignements et apprentissages délivrés par les établissements scolaires du Groupe Yavuz Selim.
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