Les organisatrices du festival «Films femmes Afrique» (Ffa) ont tenu hier en prélude à l’ouverture de la 3e édition de ce festival, une conférence de presse. L’occasion pour elles de dérouler le riche programme et de parler de la thématique de cette année : Femmes et éducation.

La 3e édition du festival Films femmes Afrique va se dérouler du 16 au 23 février à Dakar et du 26 février au 4 mars dans les régions. L’ouverture du festival se fera dans la salle Djibril Diop Mambety du complexe Sembène Ousmane au Magic land, avec le film éthiopien Difret et la clôture le vendredi 23 février au Canal Olympia Teranga, par la remise des prix et la projection du film Frontières de Ap­poline Traoré. Responsable du festival, Martine Ndiaye l’a annoncé hier lors d’une conférence de presse au musée de la femme Henriette Bathily, en compagnie de ses partenaires et coorganisatrices.
En tout 50 films courts, moyens et longs métrages, documentaires et fictions, originaires de 18 pays seront projetés dans 27 lieux et 11 lycées à Dakar, entre Rufisque, Thiès, Louga, Saint-Louis, Kaolack, Sokone (Fatick), Ziguinchor. Et Mme Ndiaye a fait savoir que le festival Ffa connaitra pour sa 3e édition, une grande nouveauté  avec le prix du court métrage fiction offert par Canal Plus. «Nous avons choisi un jury lycéen pour déterminer ce prix. Ce jury sera composé de 5 jeunes de lycées différents, Ouakam, Yoff, Maristes, Mermoz… Ces jeunes vont visionner les 13 films de la compétition et déterminer les lauréats», a-t-elle renseigné, en ajoutant que ce n’est là que le début. Pour la responsable et les coorganisatrices du festival Ffa, ce prix est une manière d’encourager les jeunes réalisateurs en espérant que cela va les pousser à aller plus loin, à faire d’autres films et pourquoi pas, un jour, à faire des longs métrages.
Partie du constat que le sujet des femmes africaines était peu abordé dans le cinéma, qu’on a toujours du mal à trouver des longs métrages de fiction et qu’on oublie souvent de parler des femmes, Mme Ndiaye a estimé qu’il était temps que la gent féminine se réveille. Le festival Ffa est alors parti pour être le lieu de raconter l’histoire de femmes et de filles africaines à travers des films faits par des réalisateurs et des réalisatrices qui traitent de femmes africaines.

Une cause : l’éducation des filles
Outre ces projections, le festival Ffa prévoit aussi de tenir des débats et des panels portant toujours sur des sujets relatifs à la femme, conformément aux thèmes développés dans les différents films, et sur l’éducation, un thème cher à Martine Ndiaye et aux membres de l’Association franco-sénégalaise de femme Trait d’union, porteuses du projet. Coor­ganisatrice du festival, Amayel Ndiaye a souligné qu’à côté de promouvoir les cinémas africains, le festival Ffa se fixe pour autre objectif et mission de faire passer des messages. Et cette année c’est un message sur l’éducation.
Axé sur le thème : Femmes et éducation, la 3e édition de Femmes films Afrique entend surtout sensibiliser sur la scolarisation des filles. «Il y a que de plus en plus de filles vont à l’école. Mais elles continuent d’être retirées de l’école assez tôt, pour plusieurs raisons. Par exemple, les mariages précoces… Pour nous, c’est important de faire passer des messages tout en ayant cette manière ludique comme le cinéma, qui touche le monde, et de pouvoir tenir des débats et panels à la fin», a confié Amayel Ndiaye. Pour l’ambassadeur des Pays-Bas, la sensibilisation est également importante. Partenaire du festival Ffa, Son Excellence Théo Peters a en indiqué qu’il était évident que le développement d’un pays passe par l’éducation de ses enfants, les garçons et bien évidemment, les filles aussi. «L’accès à l’éducation, la parité fille-garçon n’est pas très toujours atteinte. Trop souvent encore, les filles quittent précocement l’école pour être mariées (mariage précoce), pour aller travailler et s’occuper de leurs petits frères et sœurs ou parce qu’elles se retrouvent enceintes», a-t-il remarqué.
Pour y remédier, l’ambassadeur croit fermement que l’éducation a un rôle à jouer. Il approuve donc la démarche du festival qui consiste à aller vers le public jeune (projections dans les lycées) et à s’ouvrir aux régions. «C’est un moyen pour engendrer une discussion pour entrer en dialogue avec les jeunes, les enseignants, les parents et toutes les personnes impliquées dans l’éducation», a-t-il encore relevé. Pour le représentant de la Direction de la cinématographie, Thierno Diagne Bâ, au-delà de l’éducation des femmes, c’est surtout du rôle et de la place de la femme dans le cinéma africain qu’il convient de parler, ainsi que de la pérennité du festival. Sur ce dernier point, il semblerait que ce soit gagné d’avance. Les promoteurs promettent de le tenir désormais tous les deux ans !

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