En prélude à la 6e édition de la «Kimpavita» les 15 et 16 novembre, les organisatrices ont tenu une conférence de presse pour décliner la feuille de route de cette initiative culturelle féministe sur le thème du féminisme islamique.
Par Justin GOMIS –
«C’est pour sortir de l’injonction. On croit que l’islam est réducteur pour les femmes. Et ce courant-là montre aux femmes que l’islam est une religion qui peut être libératrice pour elles. C’est pour inciter les femmes à mieux connaître leur religion, à mieux connaitre ce qui est écrit dans le Coran. Ce sont des paroles qui sont progressistes pour les femmes. Il faut qu’on les remette dans leur contexte et qu’on les interprète en fonction de leur contexte, et qu’on ne les sorte pas de leur contexte», a indiqué Helena Bougaire Diop, co-fondatrice de la Kimpavita. Comme à l’accoutumée, les initiatrices du festival mettent à l’honneur un pays africain ou afro-descendant. Et pour la circonstance, ils ont porté leur choix sur le Maroc. «Cette année, on a décidé de mettre à l’honneur le Maroc, avec comme figure féminine Fatima Achiria, qui est la première femme qui a réussi à transformer une mosquée en université», a-t-elle informé.
En fait, l’objectif de ce festival est de sensibiliser sur les questions de genre et environnementales à travers la culture. «Ce sera une occasion de mettre en avant toutes les problématiques que traversent les femmes à travers des conférences et des ateliers. Ainsi, l’exposition va parler d’émigration, d’identité et de spiritualité. Et les conférences seront animées par des sommités comme Penda Mbow, professeure d’histoire à l’université et ancienne ministre de la Culture. Aïcha Guèye, qui enseigne le Coran, fera aussi une causerie sur l’islam. Il y aura aussi Fatoumata Diallo qui sensibilise sur le Coran sur les réseaux sociaux. Ces personnes seront chargées de parler de ce que le Coran dit, comment le Coran est progressiste pour les femmes. L’idée, c’est de permettre aux femmes de connaître leurs droits afin qu’on ne leur exige pas de faire des choses qui vont à l’encontre de leur désir. Car, comme elles ne savent pas, elles vont suivre», a expliqué Helena Diop.
Les agricultrices à l’honneur
Mais, en dehors de cet aspect religieux, les fondatrices de Kimpavita veulent aussi parler des difficultés que rencontrent les femmes et qui sont liées aux changements climatiques. «Pour cette année, la conférence sera sur les femmes agricultrices. On veut montrer comment les changements climatiques affectent les femmes. Aujourd’hui, on se rend compte que la plupart des femmes travaillent la terre, mais elles n’en sont pas propriétaires. Avec les changements climatiques, les choses deviennent plus dures. Nous avons décidé de mettre en avant ces femmes», a-t-elle souligné. Cependant, les idées ne manquent pas aux organisatrices du festival pour trouver des solutions à ces problèmes qui compromettent la vie des femmes. «Depuis les débuts de la Kimpavita, on a à cœur de réduire au maximum l’impact environnemental par des évènements et activités qu’on met en place, et de sensibiliser autour des questions d’écologie, notamment d’éco-féminisme, c’est-à-dire la convergence des luttes féministes et environnementales. On veut réussir à amplifier les voix des femmes qui portent des projets pour la préservation de l’environnement, mais aussi des femmes qui sont plus impactées par les changements climatiques. On le fait à travers des conférences sur différentes thématiques», a souligné Marion Schruoffeneger, coordinatrice du volet Eco-responsabilité de la Kimpavita, par ailleurs co-fondatrice du collectif Suba qui agit pour la transition écologique.
Dans le même sens, il est prévu d’organiser un événement qui va polluer le moins possible. «Nous voulons produire le moins possible de déchets», a-t-elle fait savoir. C’est dans ce sens que toute une série de gestes seront posés. Il sera question de trier les déchets, de ne pas avoir de petites bouteilles, d’utiliser des serviettes réutilisables. Cette année, les organisatrices veulent réunir plus de personnes que l’année dernière, afin de mieux sensibiliser autour des questions d’écologie, notamment d’éco-féminisme. «Nous allons parler des femmes dans des conditions de travail souvent très peu rémunérées. Elles sont souvent sans protection familiale, elles subissent des discriminations et des harcèlements sur le lieu de travail. Avec les changements climatiques, leurs conditions de travail se sont aggravées avec les sècheresses, entraînant des difficultés comme l’accès aux semences. On va parler aussi de la problématique de l’accès aux terres et propriétés foncières. En plus, on va essayer d’être cohérentes dans la manière de véhiculer ces messages et dans la manière dont on organise l’événement», énumère Mme Schruoffeneger.
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