La Commission judiciaire du Parlement suisse a décidé mercredi de reporter sa décision sur la réélection du Procureur général Michael Lauber, chargé des enquêtes liées au scandale de corruption à la Fifa.

Elle a appuyé sur le bouton «pause». La Commission judiciaire (Cj) de l’Assemblée fédérale suisse a annoncé mercredi, en début de soirée, qu’elle reportait sa décision au sujet de la réélection du Procureur général helvétique, Michael Lauber. Ce vote était prévu dans un mois. En poste depuis 2012, Lauber termine son deuxième mandat à la tête du Ministère public de la Confédération (Mpc, Parquet) et souhaite en effectuer un troisième. L’Assemblée fédérale devait décider, le mois prochain, de le reconduire -ou pas- dans ses fonctions pour la période 2020-2023. Cette échéance est repoussée à l’automne. La Cj a refusé de se prononcer sur l’éligibilité de Lauber car elle veut attendre les conclusions de l’enquête disciplinaire ouverte à l’encontre du Procureur général par l’autorité de surveillance du Parquet suisse (As-Mps). Une enquête administrative qui a pour objet «d’éclaircir […] d’éventuelles violations [de ses] devoirs de fonction dans le cadre du complexe procédural Fifa». Elle a été confiée à un expert externe.
Au cœur des soupçons : une (troisième) entrevue programmée et non documentée du procureur général avec Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale, le 16 juin 2017, dans un hôtel de luxe bernois. A l’automne dernier, les Football Leaks avaient déjà révélé deux réunions informelles entre le chef du Parquet suisse et celui de l’instance mondiale. Elles avaient eu lieu au printemps 2016, peu après l’élection de Infantino (49 ans) à la tête de la Fifa.
Ces deux premières rencontres entre Lauber et Infantino (le 22 mars puis le 22 avril 2016) avaient valu une audition du procureur général par l’As-Mpc le 12 novembre, «dans le cadre de sa propre enquête de droit de la surveillance», comme il est précisé dans son dernier rapport d’activités annuel Mais l’As-Mpc (qui a changé de président depuis) avait simplement rappelé à l’ordre Michael Lauber, en lui demandant de corriger ses pratiques et de consigner dorénavant ses rencontres par procès-verbal.
Mardi soir, le Tages Anzeiger avait apporté de nouvelles précisions sur la troisième rencontre programmée à l’agenda de Lauber (et de son porte-parole, André Marty), le 16 juin 2017, avec Gianni Infantino. Selon le quotidien suisse de Zurich, les deux hommes avaient rendez-vous de 9h15 à 11 heures, ce jour-là, dans la salle de réunion III, au 1er étage du palace Schweizerhof à Berne. L’information sur cette rencontre informelle figure dans le rapport de vingt pages de l’As-Mpc, issu de la procédure administrative interne qui vise Lauber.
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