Le chiffre impressionne avec 13 211 milliards F Cfa d’engagements d’investissement, 51 accords signés et 11 772 participants venus de 70 pays.
A première vue, le Fii Senegal 2025 a tenu toutes ses promesses de prestige et de visibilité. Cependant, derrière la propagande hautement tenue par les partisans du pouvoir, une question demeure, celle de la valeur réelle de ces engagements et de la manière dont ils seront suivis dans le temps.
Contrairement à une certaine propagande, les 13 211 milliards annoncés ne représentent pas des fonds versés dans les caisses de l’Etat. Ils traduisent un volume global de promesses, de protocoles d’accords et de lettres d’intention qui témoignent d’un intérêt pour le Sénégal. Ce montant illustre davantage la confiance que la création de richesse. Il mesure un potentiel et non une exécution.
Les 51 accords signés en marge du forum en constituent la part concrète, la portion juridiquement actée d’un ensemble encore largement déclaratif. Ces accords intègrent le plus souvent des conventions de financement, des partenariats public-privé et des protocoles d’intention qui devront encore franchir les étapes de contractualisation, de budgétisation et de décaissement effectif.
L’expérience montre qu’un taux faible des montants annoncés lors de forums de ce type se concrétise réellement. Le véritable enjeu n’est donc plus dans la proclamation, mais dans la traçabilité publique des engagements, la publication de la liste nominative des accords, la précision des montants, des échéanciers et des contreparties, l’intégration dans les documents budgétaires et la mise en place d’un tableau de bord numérique permettant aux citoyens de suivre l’avancement des projets.
Le site officiel du forum a prouvé qu’il était possible d’informer avec clarté, exhaustivité et transparence. La suite logique serait d’en faire une plateforme permanente de suivi public, un observatoire numérique des investissements et de leurs retombées concrètes. Cette continuité naturelle permettrait de passer d’une communication événementielle à une gouvernance mesurable.
Pourtant, un précédent en dit long. Le Premier ministre avait promis, à la suite du Plan de redressement économique et social (Pres), la publication d’un document-vision. Ce support devait expliciter la démarche du gouvernement, ses priorités et son architecture stratégique. Il devait être rendu public le même jour que le plan. Il ne l’a jamais été. Cette absence illustre un problème plus profond de transparence et de vision claire.
Le pouvoir excelle dans la présentation et l’annonce, mais se dérobe au moment du suivi et de la reddition. On y perçoit une peur d’aller au fond, une préférence pour la surface et le spectacle. Les podiums remplacent les bilans, les chiffres supplantent la méthode, et la politique s’éloigne du contrôle public.
L’heure est venue d’éclairer les chiffres par les faits. La crédibilité se mesurera à la transparence du suivi et à la publication des résultats.

Thierno BOCOUM
Président Agir-Les Leaders