Filière horticole au Sénégal : Le coup de pioche du Dr Macoumba Diouf

Dr Macoumba Diouf milite ardemment pour une relance de l’économie nationale pendant la période Covid et le temps d’après, qui passe par un sous-secteur agricole dynamique et exceptionnel qu’est l’horticulture. Dans le domaine politique, le Directeur national de l’Horticulture et membre de l’Apr dément le constat fait par Ousmane Sonko de Pastef par rapport à la part de l’enveloppe initialement dédiée au Programme décennal de lutte contre les inondations. Il estime que l’opposition doit leur reconnaître «le droit de nous concentrer sur les préoccupations des Sénégalais pour réussir le 2ème mandat» du chef de l’Etat.Ousmane Sonko constate que moins de 60% des «767 milliards» du Plan décennal de gestion des inondations ont été utilisés alors que le Pds exige un audit technique et financier des programmes de lutte contre les inondations. Partagez-vous leurs positions ?
Je m’inscris en faux par rapport au constat-estimation fait (te) par le président de Pastef, Monsieur Ousmane Sonko. En effet, je considère qu’il s’agit là d’une sortie et d’une déclaration purement politiciennes à l’image de son déplacement et de son point de presse car il ne dispose d’aucun instrument crédible lui permettant d’évaluer la part de l’enveloppe initialement dédiée au Programme décennal de lutte contre les inondations qui a été mobilisée au point de pouvoir la fixer à 60%.
Pourtant, il perçoit comme tout le monde le caractère imprévisible des inondations intervenues au Sénégal et ailleurs dans le reste du monde, juste en se référant à leur ampleur qui dépasse, à bien des égards, l’entendement avec des hauteurs d’eau tombées correspondant à celles cumulées sur toute une saison antérieurement. Il sait bien donc qu’on ne peut objectivement pas mesurer la fonctionnalité et l’efficacité des infrastructures qui ont été réalisées à l’aune des conséquences dramatiques vécues ces derniers jours, sachant que les infrastructures réalisées n’ont pas été dimensionnées pour ce type d’évènement pluvieux.
Toutefois, il faut dire que c’est une attitude contraire de M. Sonko qui aurait surpris, puisqu’il a opté pour ne reconnaître aucun mérite au régime actuel mais heureusement que cela relève plus d’un nihilisme que d’un vécu des Sénégalais. Nous pensons que ces populations ont plutôt besoin de soutien que de tentatives d’une exploitation de leur triste situation comme fonds de commerce politique. En des moments similaires, notre pays a surtout besoin d’unité et de solidarité mais aussi de quiétude pour une analyse froide de la situation et des actions ciblées en secours aux sinistrés. C’est à cela que j’appelle tout le Peuple derrière le Président Sall et son gouvernement.
Au sujet de la position du Pds, je dirais que, dans une certaine mesure, il n’a fait que conforter la décision du chef de l’Etat Macky Sall qui, lui-même, a demandé un rapport sur le bilan des réalisations du Plan décennal de lutte contre les inondations 2012-2022. En réalité, la situation demandée par le Président Sall portera à la fois sur les réalisations physiques et les enveloppes financières mobilisées ; ce qui aidera à mieux orienter les actions en cours et futures. Je rappelle que cette mesure est conforme à la redevabilité qui est érigée en principe de gouvernance depuis l’avènement du Président Macky Sall à la tête du Sénégal.
Je me félicite de la décision salutaire du Président Sall d’allouer une enveloppe de 10 milliards de francs Cfa à l’assistance du gouvernement aux sinistrés et aux actions de lutte contre les inondations pour libérer les populations des eaux de pluie.
Je présente mes condoléances émues aux familles éplorées et prie pour le repos des âmes des personnes disparues, et marque ma compassion et ma solidarité aux familles qui subissent encore les difficultés liées aux inondations et encourage le gouvernement à poursuivre les efforts en cours pour un secours efficace et diligent aux sinistrés.
Mes félicitations au chef de l’Etat, Macky Sall, et à son gouvernement pour la consécration à propos de la gestion du Covid-19 au Sénégal dont la pertinence et l’efficacité de la stratégie de lutte sont reconnues au plan mondial avec le classement au 2ème rang mondial.
Le 3ème mandat fait débat. Dans le camp présidentiel, Sory Kaba, Moustapha Diakhaté et Me Moussa Diop ont été limogés pour avoir dit que le Président n’y avait pas droit. Qu’est-ce que vous pensez de cette question ?
Nous devrions attendre la fin du deuxième mandat pour parler d’un troisième mandat. Parce que s’il y a quelqu’un qui a intérêt à faire autrement, alors que le 2ème vient de démarrer, c’est bien parce qu’il n’est préoccupé que par le 3ème mandat. Nous qui sommes mobilisés derrière le Président Sall, on n’est pas préoccupés par le 3ème mandat mais plutôt à réussir le 2ème mandat. Donc, nous parler du 3ème mandat revient à chercher à nous distraire par rapport à notre objectif premier. Je ne sais pas si eux de l’opposition ont le droit de chercher à divertir les Sénégalais mais il faut qu’ils nous reconnaissent le droit de nous concentrer sur les préoccupations des Sénégalais pour réussir le 2ème mandat.
Quand viendra le terme du 2ème mandat, on parlera du 3ème mandat. Je veux dire qu’on parlera de la suite des destinées du Sénégal. Je suis entièrement en phase avec le chef de l’Etat. Ça va nous distraire. Ça doit cesser. Je lance un appel à la presse. Ils sont là pour tout le monde. Mais ils sont là d’abord pour contribuer de manière utile à la bonne marche du pays. Je leur lance un appel pour qu’ils ne subissent pas le jeu d’une certaine opposition.
Le président de la République, à l’image de son homologue Issoufou et de son ancien homologue mauritanien, ne doit-il pas donner définitivement sa réponse comme ça les gens seront à quoi s’en tenir ?
Je les respecte beaucoup. Toutefois, en démocratie, ces autorités ne sont pas des références pour nous. C’est à la limite des amis du Sénégal mais pour moi on n’a pas de référence en démocratie en Afrique. Le Sénégal est la référence en Afrique et comme Président, Macky Sall est la référence. Il s’est battu de façon démocratique et a accédé au pouvoir de manière démocratique avec un score fleuve qu’on lui a presque renouvelé pour son 2ème mandat. Nous sommes une école en démocratie. Chacun a son pays, son histoire et son itinéraire politique et en démocratie dans son pays. Qu’on nous laisse faire. On a une Constitution et un républicain à la tête de ce pays. On a un Président qui a montré qu’il est là pour les Sénégalais. Il a fait marcher l’équité, il pense aux plus démunis, les bourses familiales. Il est solidaire avec le Peuple en toutes circonstances. Maintenant régler tous les problèmes en un ou deux mandats n’est pas évident.
Le dialogue politique a enregistré des accords mais aussi des désaccords importants. Quelle analyse en faites-vous ?
Un consensus a été trouvé sur le principe de réviser ou d’auditer le fichier électoral. Actuellement, on ne peut pas savoir le temps que cela prend. Maintenant, c’est aux gens de voir si le deadline initialement fixé par le gouvernement et validé par les acteurs politiques sera respecté, on avait dit avant au plus tard fin mars 2021. Est-ce que d’ici là, nous tous qui avons décidé qu’il faut qu’on audite le fichier électoral, est-ce que toutes les étapes qui ont chacune une durée intangible qu’on ne peut pas changer d’ici là permettent de faire cela et de tenir les élections à date échue par rapport à fin mars 2021 ? Je ne sais pas parce que je ne sais pas auditer le fichier électoral, mais apparemment les acteurs qui sont de tous bords de tous les statuts que j’ai suivis, semblent convenir, admettre ou accepter qu’à l’évidence, cela n’est pas possible. Donc, ce report paraît de plus en plus comme indispensable. Mais ce n’est la faute de personne encore moins du régime ou du Président en place.
Moi, je félicite le président de la République, les acteurs politiques et économiques participants actuellement et je dis que ne je ne peux pas parler de report. Et si report il y a, ce n’est la faute de personne, c’est de la responsabilité partagée de l’ensemble des acteurs politiques. Et ce serait rien de mauvais parce que ce serait fait pour s’entendre sur l’essentiel avant d’y aller, pour qu’on ait des élections avec presque zéro contentieux. Et si cela avait un prix, quel que soit le prix à payer, on doit le payer pour arriver à des élections les plus apaisées possibles.
Vous êtes le maire de Latmingué, le maire sortant, est-ce que vous comptez vous représenter à la prochaine élection ?
Oui, je compte me représenter à la prochaine élection. La raison qui m’avait poussé à prendre la mairie, si c’était un objectif, je suis sur le chemin de l’atteindre. Mais je considérerais que cinq ans c’est peu pour réaliser tout ce que je voulais, en tout cas j’ai réalisé l’essentiel de ce que je voulais pour ce 1er mandat.
Je veux me représenter parce qu’effectivement les infrastructures et le cadre de vie basiques, infrastructures d’obédience ou d’ordre économique basiques qui peuvent générer des recettes dans les collectivités qu’il faut à la commune pour qu’elle puisse aller seule, avec un appui des transferts de l’Etat, pour qu’elle ait suffisamment de ressources, pour qu’il soit un cadre de vie agréable, restent à réaliser. Je souhaite réaliser au niveau local un cadre de vie avec des convenances et des activités économiques exactement comme ici à Dakar, c’est-à-dire transformer ma localité.
Vous êtes le Directeur national de l’Horticulture. Quel est l’impact que le Covid-19 a eu sur le sous-secteur horticole ?
Je vous cite 4 légumes de grande consommation et justement lorsqu’on a gelé, le Covid est arrivé, il y a eu des mesures vous vous souvenez, avant-gardistes et volontaristes du chef de l’Etat mais aussi responsables pour limiter les déplacements entre les localités, interdire les rassemblements, les Gamou, des rencontres habituelles qui regroupaient beaucoup de monde où on consommait beaucoup de légumes ont été annulées et comme c’est du périssable, ce sont des produits frais, il y a eu un souci. Parce qu’il n’y a pas encore suffisamment d’infrastructures de conservation au Sénégal. Je vais en reparler, des solutions sont en vue, on a même démarré les choses. Donc on avait non seulement un phénomène de mévente mais il y avait une partie des denrées qui commençait à pourrir, donc des pertes post-récolte. Qu’est-ce que le Président a fait quand les producteurs en ont parlé et nous-mêmes, il a toute suite décidé d’interpeller la Der/Fj (Délégation à l’entrepreneuriat rapide pour les femmes et les jeunes), pour qu’elle finance ce qu’on appelle un fonds revolving au niveau de la banque pour une douzaine à une quinzaine de gros commerçants pour leur donner de l’argent pour qu’ils aillent acheter ces stocks en souffrance qu’on avait évalués nous Direction de l’horticulture. C’était autour de 37 mille tonnes pour l’oignon, autour de 4 mille tonnes au début, pour la pomme de terre, à peu près 550 mille tonnes pour la carotte, à peu près 260 mille tonnes pour le chou. Donc, ces stocks en souffrance ont été évalués et localisés au niveau des plateformes de commercialisation, ou des centres de groupage. On a donné cette information et un milliard a été mis en fonds revolving que les commerçants pouvaient aller prendre, acheter et dès que le fonds se termine, on réalimente à nouveau le fonds jusqu’à ce que ces stocks en souffrance se terminent. Parce que ces commerçants avaient la capacité de conserver dans les conditions meilleures par rapport aux producteurs et de pouvoir écouler ces stocks progressivement. Cela était la principale solution, d’ailleurs si vous vous souvenez l’avant-veille de la Korité, on était sur le terrain et les commerçants ont fait les transactions devant nous, j’étais avec le Délégué général de la Der, avec le Dg de l’Arm, avec les représentants des organisations des consommateurs et avec les représentants des organisations des commerçants. Par la suite, le Président Sall a mobilisé 1 milliard de F Cfa pour l’acquisition et la distribution d’oignon et de pomme de terre à 65 000 ménages dans le cadre de l’aide alimentaire aux impactés.
Mais dans ce sous-secteur quel est le segment qui est le plus touché ?
C’est essentiellement les filières oignon, pomme de terre, carotte et chou, parce que ce sont les filières où les productions sont les plus importantes. Et plus la production est importante, plus le nombre de producteurs concernés est important, plus la difficulté impacte négativement les acteurs.
Pour le volet exportation, ça vient juste de démarrer, il y a quelques craintes mais on espère que pour les exportations, il n’y aura pas un grand coût.
Pour des produits comme la mangue, on a quelques soucis. Ces soucis viennent surtout de la question de la mouche des fruits. On cherche à limiter le nombre de ce qu’on appelle les interceptions. Parce que si même un container renferme une seule mangue infestée par la mouche, tout le container est détruit et c’est pointé pour le pays d’origine comme un point négatif. Et si vous avez 12 interceptions, ça sera l’embargo, votre pays n’aura plus le droit d’exporter au niveau de l’Union européenne.
On est en train de juguler entre retard sur les exportations lié au Covid-19 et gestion de la mouche des mangues avec une bonne inspection des stocks au niveau des sites avant l’export et une bonne concertation entre les acteurs exportateurs de la mangue, service technique, la Dpv, nous Direction de l’horticulture, Ceres-Locustox, Fos/F&L, et l’organisation des exportateurs, Douane, ministère du Commerce, bref, on est en train de travailler avec intelligence pour éviter que pour ce produit qui pourrait parmi les produits les plus exposés à cause du contexte Covid que l’impact in fine ne soit pas important.
Quel est le volume de ces exportations en 2019 ?
Leur volume en 2019 est de 107 mille tonnes et ça nous a rapporté 77 milliards de francs Cfa, pour vous dire l’importance du sous-secteur de l’horticulture et ça c’est pour 7 à 8 produits.
Les exportations sont passées de 56 mille tonnes à 122 tonnes en 2018. On a eu une légère baisse en 2019 à 107 mille tonnes. Mais comme nous vivons le contexte Covid, ce sont des résultats flatteurs, Je dois l’avouer. Les gens sont unanimes à reconnaître ça. Mais pour moi, ce n’est pas suffisant. On devrait dire «peut mieux faire» ou «va mieux faire». Pourquoi ? Parce que le potentiel horticole reste énorme. Oui ! En termes de superficies emblavées et des marges d’accroissement des rendements qui sont bons et on peut encore les augmenter en jouant sur les bonnes pratiques : renforcer la formation des producteurs, la qualité des intrants et leur disponibilité, l’engrais, il faut les subventionner. L’engrais subventionné est faible et le matériel agricole, parce qu’il y a des méthodes traditionnelles de culture alors que l’horticulture c’est quand même de l’art. Qu’on les aide à accéder aux équipements agricoles, la maîtrise de l’eau. Et qu’il ne soit l’affaire de la zone des Niayes, de la Vallée du fleuve et de Tambacounda pour la banane pour que le credo, qui est un message pour que l’horticulture voit le jour. Parce que comme on dit une activité de résilience, c’est-à-dire là où ça ne marche pas (si l’hivernage ne marche) sauf cette année, pour laquelle on est très optimistes.
Mais d’habitude dans les années passées, c’est le recours pour les producteurs parce qu’il leur faut se mettre quelque chose sous la dent, il leur faut des revenus, c’est ce qu’il faut faire pour optimiser leur calendrier de travail. Au lieu de travailler toute l’année, octobre vous enchaînez avec les cultures de contre-saison. Il y a la contre-saison froide, d’octobre à février de l’année suivante. Et la saison chaude de mars de l’année suivante en juin. Quelqu’un peut s’occuper à vendre les légumes et fruits toute l’année. Et c’est ça qu’on appelle un métier conformément à la Loi d’orientation. Un métier vous occupe le plus clair de votre temps.
Les acteurs ont préconisé pour que des efforts soient faits dans le domaine des infrastructures afin de booster les exportations. Quels sont ces efforts ?
Les efforts qui ont été faits, c’est antérieur au Covid. En termes d’infrastructures et d’exportations, on a réalisé il y a quelques mois la gare de fret à l’aéroport Sédar Senghor qui répond aux normes exigées. Pour l’essentiel, les exportateurs sont certifiés qui exigent des normes jusqu’à la récolte du produit en passant par son conditionnement et sa conservation. Il y a des soucis pour son transfert à l’aéroport Blaise Diagne. Parce que les locaux n’étaient pas conçus initialement pour ça. Le prestataire, on va l’appeler, ce sont les Turcs qui gèrent cette partie de l’aéroport conformément aux accords qu’ils avaient signés avec le gouvernement sénégalais. Les conditions qu’ils posent feraient qu’aucun exportateur ne travaillerait là-bas, ça contribuerait à faire chuter les exportations surtout pour les produits de luxe qui sont exportés par avion et par bateau. Il y a des produits avions, des produits à bateau.
Les acteurs ont demandé pour que la gare de fret de l’aéroport Léopold Sédar Senghor soit transférée à Sangalkam au niveau d’une infrastructure qu’on appelle la Feltiflex réalisée par le gouvernement. Et le ministre de l’Agriculture a promis de faire tout pour que la gare de fret soit transférée à Sangalkam. Si cela se fait, Sangalkam n’étant pas loin de l’aéroport Blaise Diagne, les craintes allaient se dissiper.
C’est l’occasion d’interpeller le secteur privé. Au lieu d’être là en train de se battre autour de questions, ils ont intérêt en bons patriotes qu’ils sont à investir davantage -au lieu d’être là à dire : «les étrangers…», parce que la nature a horreur du vide- et gagner les revenus et les dividendes qui s’y trouvent, sinon d’autres viendront et ils seront les bienvenus pour venir investir au Sénégal. L’essentiel est qu’on produise par des Sénégalais et pour des Sénégalais. Voilà l’appel que je lance en parlant de ce problème de la conservation pour lequel il y a des solutions qui sont envisagées avec des projets en cours au niveau du ministère. Ça c’est une forte volonté du ministre de l’Agriculture, le professeur Moussa Baldé.
Il y a aussi des financements qui vont être mobilisés pour favoriser le partenariat public-privé pour la réalisation d’infrastructures de chambres froides, de magasins de stockage. Mais aussi le volet transformation, je l’ai oublié, pour que les produits soient facilement conservables, conservés. Parce que si on les transforme sous d’autres formes, cela sera plus facile de diversifier les consommateurs, ce sera plus facile de les conserver dans le temps, par exemple l’oignon ça peut se conserver en poudre, avec la pomme de terre, on peut faire du surgelé. Voilà un élément important. Mais pour développer ces infrastructures de conservation, je vous le rappelle en 2011 on était à 624 mille tonnes fruits et légumes. En 2019, on est à 1 million 624 mille de tonnes. Des pas quand même ont été faits. Voilà ce que j’ai appelé révolutionner l’horticulture, c’est ce que le Président a fait.
Quelles sont les difficultés auxquelles fait face le sous-secteur de l’horticulture ?
La première, c’est d’abord le problème de la conservation. Les pertes post récolte demeurent importantes, de 25 à 30% de la production. Ça ne doit pas continuer. Je donne l’exemple de la Hollande d’où on importe pendant deux à trois mois pour l’oignon et la pomme de terre. La Hollande n’a qu’une seule campagne de production. Elle ne peut produire l’oignon et la pomme de terre qu’une seule saison. L’essentiel des exportations d’oignon et de pomme de terre à travers le monde est effectué par la Hollande. Cela veut dire qu’elle produit beaucoup. L’année c’est 12 mois, elle, elle a la capacité énorme de conservation c’est pour dire que l’infrastructure de conservation est un outil pour l’atteinte de la souveraineté alimentaire pour l’horticulture. Il faut également que la recherche introduise un matériel végétal qui permet d’étaler la production, pour aller en campagne avec d’autres variétés.
La deuxième, c’est quelque part la modernisation de la pratique ou des pratiques horticoles et c’est depuis le travail du sol jusqu’à la récolte, beaucoup de ces opérations se font encore de manière manuelle. Ça ne préserve forcément pas la qualité des produits et ne permet pas au producteur d’intervenir sur une superficie beaucoup plus importante. C’est un manque à gagner.
L’horticulture est une activité naturellement intensive où les besoins en engrais sont élevés. Le niveau d’utilisation d’engrais reste faible. Il faut emblaver ou utiliser des doses pas recommandées. On a besoin que les producteurs soient accompagnés pour accéder à de l’engrais subventionné. Alors le niveau d’utilisation des engrais restent faible. Il faut en plus de ce que le Pudc et autres programmes d’hydraulique ont fait, que le programme de relance de l’Economie nationale dédie une bonne enveloppe à la maîtrise de l’eau en termes de forages, de bassins de rétention, de mares à aménager, de vallées aménagées puisqu’autour des vallées, on peut faire de l’horticulture.
Un dernier point aussi dans l’ordre mais pas forcément moins important, c’est la question des semences. Les semences horticoles, pour l’essentiel, sont importées. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est la réalité. On ne peut pas, pour un sous-secteur aussi important au Sénégal, qui a aussi été renforcé par les pouvoirs publics, qui nous procure autant d’argent redistribué entre les ménages et autant d’argent venant des exportations, dépendre presque totalement d’une production de semences quelque part dans le monde. Donc, la Direction de l’horticulture a suggéré au ministre de l’Agriculture de lui permettre de mettre en place un programme de constitution d’un capital semencier pour les cultures horticoles majeures, au moins.
Les filières sont nombreuses mais des filières-clés comme la pomme de terre, la carotte, le chou, l’oignon, la patate douce, le manioc, la banane aussi, parce qu’on peut faire des vitro-plants qui ont des rendements beaucoup plus élevés…On peut développer des semences pour ces cultures-clés et stratégiques qui nous permettent de sécuriser la production horticole, quoi qu’il advienne. Le Covid est là pour nous donner le signal. On pouvait arriver à une situation où même si on voulait faire venir des semences de l’étranger, on ne pourrait pas. Est-ce que ça ne veut pas dire qu’on ne devait pas cultiver ? C’est impensable pour un pays. Voilà donc un programme qui me tient beaucoup à cœur.
La floriculture est aussi une opportunité qu’on n’a pas assez développée alors que vous allez au Kenya, en Tanzanie, en Ethiopie, c’est l’exportation de fleurs qui assure l’essentiel de l’Economie nationale. Donc, c’est une opportunité qu’on a là et qu’on devrait saisir.
Nous avons décidé de travailler avec les acteurs, les organiser, parce qu’ils travaillent séparément, renforcer leurs capacités, les aider à la recherche de marchés, pour qu’ils contribuent au marché de l’offre exportable du Sénégal pour le secteur de l’horticulture. Voilà un peu les difficultés qu’on devrait redresser et qu’on va adresser dans le programme de plan de l’Economie nationale dont les composantes envisagées par le ministre de l’Agriculture comprennent : un programme riz, un programme horticulture et un programme autres céréales. Je n’ai pas de doute que ces difficultés ou contraintes dirimantes qu’on doit adresser le seront dans le cadre de ce programme pour la période 2021-2023. C’est le plan de l’Economie nationale dans le volet agricole qui permettra de remettre le Sénégal sur la trajectoire de l’émergence qu’il a suivie ces dernières années.