L’exploitation du pétrole et du gaz va encore se poursuivre et accélérer le réchauffement de la planète. Si un accord actant une transition énergétique «hors» des fossiles a été trouvé, les pays producteurs de ces énergies et qui vont le devenir, comme le Sénégal qui s’était opposé à une perspective d’interdiction, s’en contenteront. Par B. SAKHO –

Que retenir de la Cop28 ? Si les Parties sont finalement parvenues à un accord de compromis à Dubaï, qui prévoit une transition hors des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050, le monde reste encore très divisé sur la question des combustibles fossiles. Même si «ce résultat marque clairement le début de la fin», assure le Secrétaire exécutif de l’Onu pour le climat, Simon Sitelle, en clôture de la Conférence des Parties pour le climat (Cop28) à Dubaï hier.

Il s’agit donc d’un compromis et non d’une victoire pour le climat. «Il s’agit d’une bouée de sauvetage pour l’action climatique, et non d’une ligne d’arrivée. Tous les gouvernements et toutes les entreprises doivent maintenant transformer ces engagements en résultats économiques concrets, sans délai, a prévenu le chef exécutif de l’Onu climat. Nous nous dirigeons actuellement vers un réchauffement d’un peu moins de 3 degrés d’ici la fin du siècle.» Pour respecter l’objectif de maintenir la hausse des températures en dessous de 1,5 °C, tous les Etats doivent apporter de nouvelles contributions début 2025, multiplier les ac­tions d’atténuation, d’adaptation, mais aussi les financements verts.

Cette cinquième et dernière version du texte final, appelée le Global Stocktake, est juste une petite lueur d’espoir, mais elle n’a pas permis à tout le monde de sursauter de joie. Mais, il aura fallu quand même trente ans de campagnes pour réussir à inclure la «transition hors des énergies fossiles» dans le texte de la Cop, mais l’expansion du pétrole, du gaz et du charbon va se poursuivre. Il fallait pour y arriver réussir à rallier les gouvernements du monde entier autour de ce même objectif. Il fallait aussi convaincre les pays riches comme l’Australie, le Canada, les pays de l’Union européenne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis de continuer à soutenir les pays les plus vulnérables pour leur transition énergétique vers le 100% renouvelable. Même si tout le monde semble se suffire de cette annonce, exceptés les petits Etats insulaires préoccupés par leur survie, le texte final n’inclut pas comment aboutir à une sortie complète, juste, rapide et financée équitablement des énergies fossiles.

Cet accord, actant une «transition hors» des énergies fossiles (transitioning away from fossil), rapproche les points de vue a priori irréconciliables, des partisans d’une sortie des fossiles et de ses opposants, les pays producteurs comme Arabie saoudite et futurs producteurs aussi comme le Sénégal. Lors de l’ouverture de l’évènement, le Président Sall s’était farouchement opposé à une éventuelle fin de l’exploitation des énergies fossiles alors que le Sénégal va exploiter ses premiers barils de pétrole et ses m3 de gaz dans les prochains mois. Pour lui, il était inconcevable que les pays occidentaux imposent leur loi alors qu’ils ont construit leur supériorité économique grâce à ces combustibles qui restent néanmoins responsables du réchauffement climatique. «Le Sénégal reste préoccupé par les mesures unilatérales visant à interdire les financements à l’étranger de sources d’énergies fossiles, y compris le gaz, pendant que les principaux pays pollueurs continuent de faire usage de sources plus polluantes, comme le charbon. Conformément à la Décla­ration de Nairobi issue du Sommet africain sur le climat, nous appelons à une transition énergétique juste et équitable», disait-il à Dubaï. Pour lui, «nos pays ne doivent pas être condamnés à choisir entre le développement et la protection de l’environnement. C’est dans cet esprit que le Sénégal a signé en juin dernier, notre Partenariat pour une transition énergétique juste, (Jetp), dont l’ambition est de porter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique de 31 à 40% d’ici 2030».
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