La quatrième session de l’Université paysanne du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) vient d’être bouclée dans la Cité du Rail. Une session qui a regroupé, pendant cinq jours, les acteurs de la sous-région ouest africaine et leurs partenaires. Une occasion pour les organisations paysannes présentes aux travaux de regretter le faible niveau d’engagement des autorités. Selon le président du conseil d’administration du Roppa, le Nigérien Djibo Bagna, «le constat a été que durant ces dix dernières années, la Cedeao n’a mis aucun franc dans la politique de mise en place de réserves alimentaires et d’outils de financement du secteur agricole qu’elle avait définie. Tous les financements dont nous avons bénéficié nous proviennent de l’Union européenne ou de la Banque mondiale. Aussi, même s’il s’agit avec ces financements de contrats ou de crédits que nos Etats prennent, ce que nous voulons, c’est que la Cedeao en tant qu’institution vienne dire voilà ce que j’apporte».
Revenant sur la quatrième session de l’Université paysanne que le Roppa organisait à Thiès, il a indiqué qu’elle a permis de dégager des stratégies aptes à mieux positionner l’Université paysanne, mais aussi à rendre les mouvements paysans beaucoup plus outillés pour faire face aux défis qui interpellent le monde rural. Il a expliqué que la session a permis aux participants d’apprécier ce que l’université peut leur offrir en termes de renforcement de capacités, mais aussi de doter les leaders de stratégies aptes à leur permettre de pouvoir défendre leurs intérêts et à remonter tout ce qu’ils ont engrangé comme expérience au niveau de leurs différentes organisations. «Cela nous a permis de nous faire une idée de ce qui a déjà été réalisé, les échecs, mais aussi d’évaluer notre niveau de participation dans lesdites politiques agricoles. Nous avons écouté des plateformes qui ont témoigné de leur effective participation à l’ensemble du processus et qui ont même été signataires des pactes. C’est le cas du Sénégal où, à travers une certaine vision, on sentait une prise en compte de l’agriculture familiale, la souveraineté alimentaire, la nécessité de financer l’agriculture et d’impliquer les acteurs. Mais à la fin, l’analyse a fait ressortir qu’il y avait peu d’actions concrètes au niveau de la première génération», a dit M. Bagna qui poursuivi : «Puisqu’il s’agit aujourd’hui de se projeter sur la seconde phase qui doit prendre en compte l’élément nutrition et celui fondamental de la sécurité alimentaire, nous avons essayé au cours des travaux de voir comment ils devront se comporter face aux nouveaux enjeux relativement à la notion de modernisation, car pour nous, moderniser l’agriculture ne veut pas simplement dire acheter des tracteurs. Lesquels tracteurs ne sont, souvent, même pas opérationnels. Puisque parfois, trois ou quatre mois après, presque tous ces engins se retrouvent au garage. Il ne s’agit pas non plus de mettre assez de ressources dans des intrants qui n’arrivent pas au niveau du secteur productif.» Pour dire, selon le président du conseil d’administration du Roppa, «ce qu’il faut, c’est de voir comment faire pour non seulement booster la production, mais aussi mettre en place une chaîne de transformation pour servir les exigences de la population en termes de quantité, de qualité et de disponibilité dans des endroits stratégiques. Et à ce titre, la question de l’occupation et de la maîtrise du marché s’impose. Comment nous allons faire pour occuper le marché et assurer la libre circulation des personnes et des biens au niveau de notre espace Cedeao. Des questions qui doivent être résolues pour que la complémentarité au niveau sous-régional puisse être effective et que nous puissions arrêter ces modèles d’agriculture que l’on essaie de nous imposer. Notamment avec ce secteur privé qu’on pense qu’il va venir sécuriser les paysans».
nfniang@lequotidien.sn