Après 47 ans d’existence, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve du Sénégal est présentée comme un exemple de réussite de l’intégration sous-régionale à travers ses différentes réalisations. Pour continuer dans cette voie, l’Omvs devrait entamer des réformes afin de contourner l’endettement des Etats pour financer ses infrastructures en se dotant d’une capacité d’autofinancement. C’est ce qu’a fait savoir hier le Haut-commissaire de ladite organisation, lors d’une rencontre avec les médias dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de l’eau.

Les mutations qui interviennent dans son environnement doivent pousser l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal à des réformes. C’est en substance ce qu’a fait savoir hier le Haut-commissaire de l’Omvs, lors de la journée d’échanges avec les médias. Selon Hamed Diane Séméga, «l’organisation depuis 1972 a évolué dans un environnement changeant avec les changements climatiques qui affectent le fleuve, la diminution des ressources et en face la montée en puissance des usages, l’agriculture, la navigation, l’électricité». Soulignant que cette situation exige d’arbitrer entre les usages, M. Seméga soutient qu’il faut «surtout faire en sorte qu’il y ait une résilience de la population du bassin», en adaptant cet environnement institutionnel. Poursuivant ses explications, le Haut-commissaire de l’Omvs estime que dans la nouvelle réforme, l’organisation «doit se doter d’une capacité d’autofinancement». Informant que les barrages comme Manantali, Félou ont été financés sur l’endettement des Etats, M. Séméga soutient qu’il faut changer de modèle de financement des infrastructures. D’après lui, c’est le financement à partir de dettes contractées par les Etats qui explique «la lenteur dans la mise en œuvre des programmes d’infrastructures».  «Depuis 1982, 1986, malgré les besoins, on ne voit que deux ou trois barrages, alors qu’il y a un besoin d’électricité, parce que justement il faut que l’organisation trouve les moyens. Les ouvrages comme Manantali coûtent excessivement cher. Le seul barrage de Koukoutamba a coûté environ 600 milliards de francs Cfa. Vous imaginez ce que c’est pour des pays considérés comme pauvres», a-t-il expliqué. Tout en attirant l’attention sur la complexité de l’environnement économique où il faut s’endetter pour ces ouvrages, il relève un paradoxe, parce que «le système génère des revenus». «Manantali à travers la Sogem produit de l’électricité qui est vendue à des sociétés d’électricité du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie. Ces revenus sont conséquents, ils servent à rembourser les dettes que les Etats ont prises. Ils pourraient servir également à alimenter un fonds qui permettra de réduire l’endettement des Etats et d’améliorer la capacité de financement du système», a-t-il déclaré.
Seulement, souligne M. Séméga, «cela ne sera pas possible si on ne revoit pas les textes». Pour lui, il faut organiser les relations fonctionnelles entre le Haut-commissariat qui représente les 4 Etats et les 4 sociétés de l’organisation pour être encore plus efficaces dans l’atteinte des résultats pour le développement du bassin.

Projet de navigation sur le fleuve en bonne voie
Sur la question de la navigation sur le fleuve Sénégal, le Haut-commissaire assure que le projet est en bonne voie pour sa matérialisation au bénéfice des populations. Hamed Diane Séméga renseigne que le projet est difficile à mettre en œuvre, parce qu’il fallait réunir les conditions de réalisation. C’est-à-dire faire des études pour voir s’il y a suffisamment d’eau pour que le transport se fasse dans les meilleures conditions et sur l’année. Selon lui, «le financement est en train d’être mobilisé et l’entreprise qui doit construire l’ouvrage a été choisie d’un commun accord avec les Etats». D’après M. Séméga, cette entreprise indienne est même «à pied d’œuvre pour la mobilisation du financement». Le coût du projet, d’après M. Séméga, est estimé à environ 475 millions d’Euro, soit plus de 311 milliards de francs Cfa.
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