Le Forum civil demande au «Fmi de clarifier les conditions et indicateurs qui ont conduit au consentement à la facilité de 166 milliards de francs Cfa, alors que les engagements de l’Etat ne sont pas respectés jusqu’à présent».

Par Malick GAYE – «Le Fmi est-il en train de fermer les yeux sur les engagements de l’Etat ? Le Fmi est-il complice de la propension à la mal gouvernance au Sénégal dans un contexte où la jeunesse, une ressource stratégique, disparait de plus en plus en mer ou dans le désert sur les routes de l’émigration irrégulière ?» Voilà les questions que se pose le Forum civil après l’annonce par l’institution de Bretton Woods approuvant une Facilité élargie de crédit (Fec) et un Mécanisme élargi de crédit (Mec) d’un montant d’1, 51 milliard de dollars, et une Facilité pour la résilience et la durabilité (Frd) d’un montant de 324 millions de dollars avec le Sénégal. Cette enveloppe est obtenue car les autorités se sont engagées à renforcer les cadres de gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption, en plus des actions urgentes sont également nécessaires pour remédier aux lacunes du cadre de Lbc/ft, afin d’éviter d’éventuelles répercussions macroéconomiques et de réputation négative, et de sortir de la liste grise du Gafi.

Dans un communiqué, le coordonnateur du Forum civil rappelle que «l’accès à l’information, pilier essentiel dans la prévention contre la corruption, est un énorme problème au Sénégal. Les autorités sénégalaises refusent la transparence dans la conduite de la réforme relative à la loi sur l’accès à l’information. Cette situation risque de conduire à la sortie du Sénégal de l’initiative Pgo». Birahim Seck en veut pour preuve la réforme de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption. «Les avant-projets de textes sur la déclaration de patrimoine et les projets de textes relatifs à la réforme de l’Ofnac, qui ont été déposés depuis fort longtemps sur la table du gouvernement, n’ont pas connu meilleur sort, l’Etat refusant de les adopter. En plus de la neutralisation des corps de contrôle, l’Etat du Sénégal refuse de promouvoir la transparence et la lutte contre la corruption», a affirmé Birahim Seck. Qui estime que le Sénégal est un mauvais élève en matière de redevabilité. Le coordonnateur du Forum en veut pour preuve l’absence de publication de rapports par la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’Etat (Ige), de l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop), de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) qui ne publie plus les statistiques sur les marchés publics sur la plateforme internet. «L’opacité est plus accentuée à l’Assemblée nationale, avec la Commission de la comptabilité et du contrôle qui refuse toujours de publier des rapports sur l’utilisation des ressources conférées au Parlement. Plusieurs organes judiciaires, qui reçoivent des fonds publics, ne publient jamais de rapports sur l’utilisation des ressources allouées. La liste est longue. La redevabilité demeure en berne au Sénégal», a soutenu M. Seck. Qui dénonce ainsi l’absence «de politique réelle de transparence et de redevabilité» du ministère des Finances.

Fort de ce constat, le Forum civil demande au «Fmi de clarifier les conditions et indicateurs qui ont conduit au consentement à la facilité de 166 milliards de francs Cfa, alors que les engagements de l’Etat ne sont pas respectés jusqu’à présent ; au président de la République de rendre opérationnelles les réformes sur la transparence et la lutte contre la corruption, notamment en matière de déclaration de patrimoine et de réforme des textes sur l’organisation et le fonctionnement de l’Ofnac ; au ministre des Finances d’initier des réformes structurelles pour une mobilisation optimale et transparente des ressources, notamment le rapport de redevabilité, au lieu de se contenter de communication sur des généralités ; à la Direction centrale des marchés publics de publier les statistiques sur les marchés publics». Pour le Coordonnateur national de cette organisation, la ministre de la Justice doit permettre aux organisations de la Société civile d’accéder aux moutures des derniers avant-projets de textes sur l’accès à l’information. Il demande aux «députés d’user de leurs pouvoirs constitutionnels et législatifs pour amener le gouvernement à faire adopter les projets de textes sur l’accès à l’information avant que le Sénégal ne soit éjecté de l’initiative Partenariat pour un gouvernement ouvert (Pgo)».
mgaye@lequotidien.sn