Depuis plusieurs années, le débat sur le financement du secteur de l’alphabétisation fait rage. Mais, il persiste. De l’avis de Cheikh Mbow, cette question ne doit plus faire l’objet d’une étude. «C’est devenu maintenant un acquis», et il s’agit de le rendre effectif. «Il faut aller vers la généralisation de l’introduction des langues nationales pour ce qui est des premières années de scolarité», a indiqué le Directeur exécutif de la Cosydep.

Aujourd’hui, l’heure est à l’action, assure-t-il avec conviction. «On n’a pas vu un seul pays qui s’est développé à partir d’une langue étrangère», dit-il. A l’en croire, «il est démontré que les langues nationales ne peuvent pas être ignorées si nous voulons avoir un système éducatif performant». Maintenant, au-delà des situations pilotes en termes de prise en charge, de couverture de certaines académies, le Directeur exécutif de la Cosydep pense qu’il faut de l’audace. Pour ce faire, il suggère l’augmentation du budget de l’alphabétisation. «Vous avez moins d’1% qui est alloué à l’alphabétisation et aux questions liées aux langues nationales. Il faudrait que la répartition du budget de l’éducation montre l’intention politique par rapport à l’alphabétisation. C’est depuis la répartition qu’on peut sentir si on a un système résilient. Depuis quelques années, le budget baisse. Il est important de le revoir à la hausse si on a l’intention de développer les langues nationales», a-t-il proposé

Au terme de cette table ronde où les experts ont débattu de 6 thèmes, des recommandations ont été faites. «Que tous les enfants de ce pays commencent leur éducation par leur langue maternelle avant de passer au français. L’expérience a été menée par Emile et Harette. Les enfants qui ont commencé comme ça sont plus forts que les autres en français et en maths. Deuxièmement, il faut avoir des professeurs certifiés dans nos écoles. Ce sera difficile, mais ceux qui sont en place doivent être accompagnés en renforçant leurs capacités. Quatrième recommandation, c’est d’accompagner ceux qui sont en place par une banque de ressources pédagogiques. Cinquième recommandation, informer les enfants sur les finalités des filières. Il y a 82 pour cent de bacheliers littéraires. Si on avait informé les enfants des finalités dans le système francophone, que le Bac littéraire leur ferme beaucoup de portes, peut-être qu’on en aurait moins. Il faut aussi payer largement plus les enseignants pour que la fonction soit attractive. Ceux qui transforment la société méritent beaucoup plus que d’autres. C’est comme ça que ça se passe en Allemagne, les enseignants sont les mieux payés du système», a informé le Pr Abdou Salam Sall, ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn