Cofinancé à environ 77 milliards de francs Cfa entre le Partenariat mondial pour l’éducation et l’Agence française de développement, le projet vise à réduire les vulnérabilités, à améliorer la qualité de l’éducation à l’élémentaire et au moyen-secondaire. La cérémonie de lancement a été présidée par le ministre de l’Education nationale, en présence des partenaires techniques et financiers.Par Badé SECK – 

Le Projet d’appui au développement de l’éducation au Sénégal (Pades II) est une continuité de la phase 1. Son objectif est de soutenir l’atteinte des objectifs du programme sectoriel de l’éducation du gouvernement à travers la mise en œuvre de la réforme prioritaire du pacte de partenariat qui vise à réduire les vulnérabilités et disparités afin d’améliorer les enseignements-apprentissages. Cette deuxième phase du projet poursuivra trois axes stratégiques en approfondissant les acquis qui ont fait le succès du premier Pades.

Premier axe, une école qui s’adapte aux réalités de chaque territoire. Cela passe par le renforcement des services déconcentrés, par la consolidation d’une gouvernance éducative de proximité. C’est un gage au final d’efficacité, et la France comme le Sénégal, sont aujourd’hui engagés dans un mouvement de territorialisation des politiques publiques. La phase 2 du programme réaffirmera donc l’éducation comme une politique publique de proximité. Il est ainsi prévu que le Pades II consacre 14 milliards de francs Cfa pour la mise en œuvre de ces contrats sur les quatre prochaines années. Des ressources qui seront directement mises à la disposition des inspections dans leur budget et permettront d’institutionnaliser une gestion territorialisée. Le programme soutiendra également l’implication directe des communautés, qui doivent être avec l’école et ne doivent pas être à l’extérieur de l’école. Deuxième axe central du Pades, l’attention portée à l’amélioration de l’environnement des élèves. Le programme prévoit ainsi la construction de salles de classe dans les zones rurales et périurbaines, l’équipement en mobilier adapté. Il permettra également le déploiement de cantines scolaires dont le rôle essentiel est d’améliorer le maintien des élèves dans l’école et bien sûr lutter contre l’insécurité alimentaire. Troisième axe, l’accompagnement des enseignants tout au long de leur carrière avec un axe mis sur la formation continue, l’évaluation normative, l’amélioration des pratiques pédagogiques. Il faut aussi mettre l’accent sur les langues maternelles pour assurer la continuité du programme américain du Renforcement de la lecture initiale pour tous (Relit).

Co-financement !
Pour un co-financement d’environ 77 milliards de francs Cfa entre le Partenariat mondial pour l’éducation et l’Agence française de développement (Afd), le financement est constitué d’un appui budgétaire de 54, 700 milliards de francs Cfa directement intégré au budget de l’Etat et un financement budgétaire de programme d’un montant de 16, 498 milliards. Pour le ministre de l’Education nationale, cet événement marque une volonté collective de bâtir un système éducatif équitable, performant et résilient, fondé sur les principes d’équité, de solidarité nationale, de transparence, de redevabilité et d’alignement.  «Le Sénégal a fait de l’éducation et de la formation un levier stratégique pour sa transformation systémique à l’horizon 2050, en cohérence avec l’axe 2 de l’Agenda national de transformation, dédié au développement d’un capital humain de qualité», a indiqué Moustapha Guirassy. Pour lui, «le projet est d’autant plus pertinent du fait que 64% de la population ont moins de 26 ans». C’est pourquoi, à son avis, c’est surtout une opportunité historique, celle d’ériger cette jeunesse en moteur de progrès économique, d’harmonie sociale et de stabilité politique.

Le ministre de l’Education nationale a rappelé que depuis 2018, la Lettre de politique générale sectorielle pour l’éducation et la formation, opérationnalisée à travers le Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence pour le secteur de l’éducation et de la formation (PaqeT-Ef), actuellement en cours de restructuration, guide leurs pas et orientent leurs actions. «Depuis peu, le pacte de partenariat signé avec nos partenaires renforce ce cadre stratégique à travers une réforme prioritaire ambitieuse : réduire les vulnérabilités et disparités afin d’améliorer la qualité des apprentissages», ajoute-le ministre, qui n’a pas manqué de souligner quelques défis à relever.  Des défis qui ont pour noms : les disparités régionales, urbaines et rurales, la faiblesse des taux de scolarisation.

Pire, selon M. Guirassy, plus de 4 millions d’enfants sont hors de l’école. Les résultats inégaux en apprentissage, notamment en lecture et en mathématiques, appellent une réponse ciblée, contextualisée et adaptée. Par ailleurs, il a souligné que la pression budgétaire, accentuée par une masse salariale représentant près de 90% du budget du ministère de l’Education nationale en 2025, oblige à rationaliser l’allocation des ressources et à améliorer notre pilotage à tous les niveaux.

Pour poser le premier acte de la phase de démarrage du projet Pades II, le ministre de l’Education nationale a procédé, séance tenante, à la signature de contrat de performance avec les inspecteurs d’Acadé­mie. Il s’agit d’un document académique comme cadre fédérateur et intégrateur conçu comme levier de lancement de la transformation systémique de l’Education nationale en phase avec l’Agenda 2050. Venu représenter l’ambassadeur de la France au Sénégal, Florian Blazy a rappelé que depuis plus de 20 ans, la France, à travers l’Agence française de développement, a accompagné le secteur éducatif sénégalais en y investissant plus de 85 milliards de francs Cfa. Et, cela, pour lui, est le fruit d’une conviction partagée entre la France et le Sénégal, c’est-à-dire tout simplement que l’éducation est le fondement de tout progrès individuel, de tout progrès national.

Ce nouveau programme, pour lui, est une nouvelle incarnation concrète de l’engagement des partenaires techniques et financiers. Selon le ministre-conseiller de l’ambassadeur de France au Sénégal, le Pades II, c’est d’abord une méthode, une méthode partenariale et un modèle de coopération. Le programme est ainsi pleinement intégré dans les dispositifs existants et alignés avec les priorités nationales. Cet alignement, poursuit-il, n’est pas un détail technique, mais une vision du développement. Il s’agit, selon lui, de renforcer les dynamiques locales et d’investir dans les réformes portées par les autorités sénégalaises. Et c’est dans cet esprit que plus de 70% du montant global du programme prennent la forme d’un appui budgétaire sectoriel inscrit directement dans le budget de l’Etat. Le Pades II s’inscrit bien sûr dans la continuité des acquis du Pades I.

Evoquant les résultats marquants de la première phase, il a indiqué que 30 000 enseignants ont été formés et accompagnés au sein de cellules pédagogiques, 6800 élèves vulnérables soutenus, la conception et l’appui à la mise en place des projets académiques dans les 16 inspections du Sénégal.
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