Il s’est fait passer pour le commissaire Sène, officiant au commissariat de police de Dieup­peul. Arrêté, Khadim Sène n’a pas cherché à nier devant la barre le faux titre qu’il s’est attribué. Reconnu coupable par le juge des flagrants délits du chef d’infraction d’«usurpation de fonction», il a été condamné à 3 mois de prison assortis du sursis. «J’ai réagi ainsi dans le but d’apeurer la dame. Je ne me suis jamais rendu chez elle. Je l’ai intimidée au téléphone», s’est-il défendu. En effet, le sieur Sène est intervenu dans une situation qui opposait son co-prévenu à la plaignante. Aïssatou Sow avait acheté des tissus chez le prévenu, Mamadou Moustapha Kane, au marché Hlm. Après calcul de l’ensemble des articles, la commerçante devait la somme de 45 mille francs Cfa au commerçant. Tous les deux se rendent alors dans plusieurs boutiques multi-services pour permettre à la cliente de retirer de l’argent qui lui aurait été envoyé. Sur place, elle signalera avoir laissé sa pièce d’identité chez elle. Mais une fois-là, d’après ses déclarations consignées dans le procès-verbal, Mamadou Moustapha Kane a tenté de la violer. Des allégations battues en brèche par le concerné. Selon M. Kane, il a joint son ami au téléphone pour que celui-ci l’aide à rentrer en possession de ses tissus, vu que la dame ne lui avait pas payé son argent.
D’après toujours Mamadou M. Kane, c’est la dame elle-même qui l’avait invité dans son appartement. Elle a pris des tissus d’une valeur de 85 mille francs Cfa, dit-il, et elle me devait la somme de 45 mille francs Cfa. Mais la dame reproche aux deux hommes d’avoir emporté tous ses tissus, y compris ceux achetés dans d’autres magasins.
A la suite d’une médiation entre les différentes familles, Aïssatou Sow a eu un remboursement de 353 mille francs Cfa. Parlant de l’acte posé par Khadim Sène, Me Abdoulaye Tall en déduira qu’il s’agit d’une erreur lorsqu’il s’est fait passer pour un commissaire de police. L’avocat a plaidé le renvoi de son client des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Pour lui, son client, qui «n’est pas un délinquant, ne comprenait même pas la portée de ce qu’il disait». Son confrère, Me Amadou Aly Kane, s’est dit étonné du fait de voir son client poursuivi pour «extorsion de fonds» alors qu’il ne réclamait que ses tissus pour lesquels il n’a pas été payé. «C’est elle qui a commis l’extorsion de fonds en recevant indument la somme de 305 mille francs», a assené Me Kane. Il a sollicité la relaxe pure et simple de son client. «Ces jeunes ont été victimes d’une manipulation. Mamadou M. Kane a été naïf. Il a été victime d’escroquerie. Que ses parents aient payé, ce n’est pas un aveu de culpabilité. Il est plus qu’une victime qu’autre chose. Ce n’est pas prouvé que la dame a acheté d’autres tissus dans un autre magasin», embraye Me Théophile Kayossi.
Le représentant du Parquet, qui s’en est rapporté, a laissé entendre que les prévenus ont posé des actes répressifs. Con­trairement à Khadim Sène, qui a écopé d’une peine de 3 mois de prison avec sursis, Mamadou Moustapha Kane a été relaxé.
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