Si le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar suit le réquisitoire du procureur, le prévenu Kelvin Oluche, de nationalité nigériane, va passer 10 ans en prison. Il a été attrait hier à la barre pour les délits de «viol sur mineure de 13 ans, pédophilie et détournement de mineure» sur la personne de F. D, fille d’un militaire.

Pour viol sur mineure de 13 ans, pédophilie et détournement de mineure, le Nigérian Kelvin Oluche risque la condamnation à 10 ans de prison ferme. Hier, à la barre des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar, le procureur a demandé la relaxe du prévenu pour le délit de «détournement de mineure». Tout simplement, parce que la supposée victime avait été envoyée dans la chambre du Nigérian mis en cause dans ce dossier judiciaire par sa grande sœur pour prendre un chargeur de téléphone. Dans son réquisitoire, le maître des poursuites a déclaré que «les faits sont constants. Il a abusé de cette jeune fille et les faits sont matérialisés dans le procès-verbal», clame-t-elle.
Contrairement à l’enquête préliminaire menée par les éléments du commissariat de Grand-Yoff où Kelvin Oluche aurait reconnu les faits, devant le juge, il les a contestés. Pourtant, d’après le procès-verbal d’enquête, il avait reconnu avoir entretenu des rapports sexuels protégés avec la fille F. D, mais avec son consentement alors qu’il dit n’avoir jamais tenu de tels propos devant les enquêteurs. Malgré ces «dénégations», le procureur dira que «les réponses sont bien les siennes». Parce que, soutient le représentant du ministère public, F. D a subi des assauts sexuels du prévenu et le certificat médical atteste d’une lésion ancienne de l’hymen.
La supposée victime a raconté que c’est lorsqu’elle a été commissionnée par sa grande sœur que le prévenir l’a invitée à le rejoindre dans la chambre. Et devant son refus, dit-elle, Kelvin Oluche l’a tirée dans la pièce avant de la faire basculer sur le lit et de passer à l’acte. L’affaire a été découverte après un certain nombre de comportements bizarres remarqués par un de ses professeurs sur la fille. Et c’est après ces signaux d’alerte que l’enseignant va mettre au parfum le père de F. D, monsieur Diatta, militaire de son état. «Tout cela ne saurait suffire. La victime dit qu’elle n’a pas parlé de cela à son enseignant. Et le certificat médical ne renseigne même pas sur la périodicité, ce qui ne permet pas de situer les faits dans le temps» dixit Me Baba Diop de la défense. Dans le même sillage, il a critiqué la forme du procès-verbal. Pour lui, «aucune preuve n’atteste qu’un interprète a assisté à l’audition». Ce qui est anormal, à son avis, pour quelqu’un qui est un anglophone. Et pour ce qui est de l’état-civil de la fille, l’avocat dit émettre des réserves parce qu’il s’agit d’un jugement supplétif. Me Diop a plaidé la relaxe au bénéfice du doute. L’affaire a été mise en délibéré au 31 août.
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