Hier, le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar a libéré les prévenus Badara Traoré, Ngor Faye et Seydina Ousmane Diong. Ils étaient tous poursuivis pour les délits d’«association de malfaiteurs et vol en réunion commis la nuit avec escalade».

Poursuivis pour les délits d’«association de malfaiteurs et vol en réunion commis la nuit avec escalade», les prévenus Badara Traoré, Ngor Faye et Seydina Ousmane Diongue ont été libérés hier. Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar les a renvoyés des fins de la poursuite. En effet, au courant du mois de septembre, un vol a été commis dans une boutique à la Rue Thiong au centre-ville de Dakar. Cette nuit-là, les malfaiteurs ont, selon le boutiquier Abdoulaye Fall, emporté le montant de 400 mille francs Cfa. M. Fall était dans les bras de Morphée au moment du forfait. Et en 2016, la même opération avait été perpétrée dans son lieu de commerce avec à la clé la disparition des recettes journalières évaluées à 300 mille francs Cfa et de son téléphone portable. Les voleurs n’ont jamais été appréhendés.
Mais cette fois-ci, le commerçant s’est engagé à tirer cette affaire au clair. Alors pour ce faire, le plaignant s’est rabattu sur les images des caméras de surveillance du service des Impôts et domaines situé à côté. Dans la vidéo, M. Fall a formellement identifié Badara Traoré et Ngor Faye faisant des va-et-vient dans le périmètre. Ils ont été vus en train de s’introduire aussi dans une maison de 8 étages en construction qui jouxte la maison où se trouve la boutique.
A la barre, les mis en cause n’ont pas nié leur présence sur les lieux comme révélée par les caméras de surveillance. Selon eux, ils sont rentrés dans l’immeuble en chantier pour échanger entre amis et siroter de la bière. Lors de l’interrogatoire, chacun d’entre eux voulait répondre aux questions, même si celles-ci ne lui étaient pas destinées. «Vous êtes perturbés comme si vous cachez quelque chose. C’est quoi le problème ?», commente le représentant du Parquet.
Durant l’interrogatoire, Bada­ra Traoré dans ses explications dira : «Lorsque je suis rentré dans la boutique.» Et le représentant du ministère public dans son réquisitoire a profité de cette «erreur» en expliquant qu’il s’agit là d’un «lapsus très révélateur». Quant à l’argument servi par les prévenus selon lequel ils buvaient dans l’immeuble de peur d’être interpellés par la police, pour le procureur, «c’est un argument qui ne peut pas emporter la conviction du Tribunal». Car dit-il, la consommation de la bière n’est pas interdite au Sénégal.
Pour lui, les faits qui sont reprochés aux prévenus sont constants, car «la vidéo n’est pas contestée. Elle existe. Ils reconnaissent qu’ils étaient sur place». Et d’ajouter : «Le délit d’association de malfaiteurs est matériellement établi, le vol est là.» Pour la sanction, il a requis une peine de 2 ans de prison ferme.

«Personne n’a pu prouver que ils sont entrés dans la boutique»
«Le lapsus est un fait humain. Nous sommes des êtres humains. En quoi est-il révélateur ?», répond la défense au Parquet. L’avocat donne la réponse himself : «Absolument, rien.» Selon la robe noire, «il n’y a absolument rien dans ce dossier. Personne n’a pu prouver que les prévenus sont entrés dans la boutique. Ce ne sont que des suppositions». Sa demande de relaxe pure et simple de ses clients a été suivie par le Tribunal.
msakine@lequotidien.sn