Conduit hier devant le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar pour les délits de viol sur mineure de moins de 13 ans, pédophilie et détournement de mineure, le prévenu Amara Bangoura risque 5 ans de prison ferme. Son sort sera scellé demain mercredi.
Le Guinéen Amara Bangoura risque de passer, par la force des choses, les cinq prochaines années de sa vie loin de son pays natal. Si le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar suit le réquisitoire du représentant du ministère public, le jeune homme sera envoyé en prison pour ce délai. En effet, il a été attrait hier à la barre pour les délits de viol sur mineure de moins de 13 ans, pédophilie et détournement de mineure. «Je n’ai jamais violé. Elle ne m’a jamais dit qu’elle avait 13 ans. Elle me disait qu’elle a 16 ans. C’est ma copine. Elle m’aime», a laissé entendre le prévenu au Tribunal en présence de sa supposée victime. Dans des cas de viol qui atterrissent devant dame justice, les victimes présumées enfoncent leur «violeur» même s’il s’agit d’une histoire à dormir debout. On cherche à régler soit un compte ou bien on veut se faire de l’argent sur le dos d’un innocent avec les dommages et intérêts. A la surprise presque générale, ce scénario ne s’est pas produit dans cette affaire. «Je suis allée chez lui deux fois. On a eu des rapports sexuels, mais je n’ai jamais été violée», a déclaré la victime M. A. D.
Des relations amoureuses avec consentement
A l’enquête préliminaire, la fille aurait également reconnu l’existence de relations amoureuses avec consentement. Dans cette procédure judiciaire, l’âge des deux tourtereaux a fait l’objet de débat. D’abord, c’est l’avocat de la partie civile qui a émis des doutes sur l’acte de naissance du prévenu qui est présenté dans ledit document comme un mineur. «C’est un faux document», accuse la robe noire. Parce que, dit l’avocat, l’ambassade de la Guinée à Dakar a renseigné que l’extrait de naissance n’a pas été répertorié dans son pays. Pour le reste, le conseiller de la partie civile fera comprendre que «la victime a été soustraite de son (tuteur) civilement responsable».
Pour le viol, l’avocat a indiqué que «la fille est mineure. Donc, elle ne peut pas consentir. Il s’agit de faits d’une extrême gravité». Pour toutes causes et préjudices confondus, la partie civile a réclamé la somme de 10 millions de francs Cfa au prévenu. A cet effet, l’avocat s’est appesanti aussi sur la prise en charge de la grossesse contractée par la fille M. A. D, qui est actuellement vieille de deux à trois mois.
Dans son réquisitoire, le représentant du Parquet a fait comprendre au prévenu que même la morphologie de la fille, qui est âgée de 12 ans, renseigne qu’elle n’est pas encore majeure. Il a demandé la disqualification des faits en viol simple. En même temps, il a requis la peine de 5 ans contre Amara Bangoura pour «détournement de mineure et pédophilie».
Mais pour la défense, «il y a lieu d’écarter la pédophilie. Parce qu’il y a eu pénétration sexuelle». Mais également à cause de «l’erreur sur l’âge de la fille, on doit écarter le viol». Pour l’avocat du mis en cause, «le grand problème, c’est l’âge de la fille». Selon lui, le document d’échographie parle de 16 ans alors que dans l’extrait de naissance de celle-ci, il y est indiqué 12 ans. La défense a enfin sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Le sort du prévenu Amara Bangoura sera scellé demain mercredi.
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