L’Afrique de l’Ouest va perdre entre 2011 et 2018 environ 52 milliards de dollars, selon un expert. Un capital qui pourrait prendre en charge le financement du plan de réduction de la pauvreté de la Cedeao, estimé à 11 milliards de dollars.

Le flux illicite des capitaux et la baisse d’imposition sur les sociétés étrangères pour attirer le maximum d’investisseurs font perdre à l’Afrique beaucoup de ressources. «Avec les projections que nous avions faites sur la base de nos hypothèses de pertes de revenus et de taux d’imposition sur les sociétés, la région de l’Afrique de l’Ouest pouvait retenir au moins plus de 52 milliards de dollars entre 2011 et 2018», a confié Ibrahima Aïdara. Cet administrateur de Pro­gram­me de gouvernance économique à Osiwa s’exprimait en marge d’un panel sur la Gouvernance économique dont le thème était «Les enjeux de la gouvernance éco­nomique en Afrique de l’Ouest : Focus sur les industries extractives et le flux illicite des capitaux».
Ce capital perdu dépasse de loin les besoins de financement du plan de réduction de la pauvreté de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) estimé à 11 milliards de dollars.  Par ailleurs, et selon le président de la Banque africaine de développement, le financement de l’éducation de l’Afrique demande de trouver 30 milliards de dollars. «Cela veut dire que si on s’appuyait sur ce levier-là pour mitiger la fuite des capitaux à travers le seul canal des flux de transferts, on pouvait retenir plus de 52 milliards de dollars seulement au niveau de la région de la Cedeao qui pourraient financer deux fois le budget de l’éducation de l’Afrique». M. Aïdara exhorte à travailler pour permettre à l’Afrique de réduire sa dépendance, d’autant plus que Donald Trump, le Président américain, a réduit l’aide publique au développement. «L’Afrique est dans l’obligation d’inventer sa propre voie de mobilisation de ressources qui doit passer nécessairement par la mobilisation au niveau domestique», persuade-t-il.
Aussi, fait observer M. Aïdara, «les pays africains, en particulier de l’Afrique de l’Ouest, ont mis en place des cadres de régulation pour attirer les investissements directs étrangers, en faisant l’hypothèse forte selon laquelle ces derniers constituent le moteur de la croissance économique et de la réduction de la pauvreté». Ce qui fait que la plupart d’entre eux ont ouvert et  libéralisé leurs marchés d’investissement en accordant des incitations massives pour attirer ces investissements. «Les résultats de la plupart des études ont démontré qu’il y a des pays où les taux d’imposition sur les sociétés sont assez élevés et pourtant ils attirent plus d’investissements directs étrangers», a développé Ibrahima Aïdara.
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