En 2017, le Sénégal va réaliser un taux de croissance de 6,8% et 7% en 2018. Le Fonds monétaire international (Fmi) qui a rendu public son rapport sur les Perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne met en garde contre la croissance rapide de la dette et plaide pour un élargissement de l’assiette fiscale et une diversification de l’économie.
La croissance reste soutenue dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Pour 2017, la région enregistre un taux de croissance de 6,4%. Pour le Sénégal, la croissance est attendue à 6,8% cette année. Ces résultats sont ceux du rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur les Perspectives économiques en Afrique subsaharienne, présenté hier à Dakar. Selon le directeur adjoint de la région Afrique du Fmi, M. Roger Nord, les performances économiques du Sénégal sont le résultat des investissements massifs réalisés dans le domaine des infrastructures. «Le Sénégal continue d’avoir des taux de croissance rapide avec 6,8% en 2017. Ce qui a été très important, ce sont les dépenses d’investissement, notamment dans les infrastructures et cet investissement public a des répercussions positives sur la croissance», souligne M. Nord.
Cette reprise touche globalement toute l’Afrique subsaharienne qui affiche une croissance de 2,7% en légère amélioration par rapport à l’année précédente. Mais dans ses conclusions, le Fmi alerte sur l’importance du poids de la dette. «Elle a augmenté un peu partout en Afrique. On était à 34% en 2013. On est à plus de 50% aujourd’hui. La moitié des pays ont des taux de dette sur le Produit intérieur brut (Pib) supérieurs à 50%. Cette augmentation a servi aux investissements publics et c’est une bonne chose, mais elle commence à frôler des niveaux trop élevés», indique M. Nord. Si le Sénégal est encore bien noté sur le marché financier, il n’en demeure pas moins important pour le pays de renforcer sa stabilité macroéconomique avec une dette soutenable.
7% de croissance en 2018
Selon le Fmi, les pays de l’Afrique subsaharienne devraient travailler à élargir leur assiette fiscale. Le Sénégal affiche un taux d’imposition supérieur à 20%. Seulement, avec le changement d’année de base, ce pourcentage est revu à la baisse et est de 15,8% en 2017.
«Il y a toute une stratégie pour élargir l’assiette fiscale. En général, cela porte sur la modernisation des régies impôts et douane. On va aller beaucoup plus vers la simplification et la digitalisation pour pousser les Sénégalais vers le civisme fiscal. On est dans une économie ou l’informel domine. Et avec un peu plus de civisme fiscal, on pourrait mobiliser des ressources. Déjà, la simplification des procédures avec le nouveau Code des impôts et la modernisation des procédures nous ont permis d’enregistrer depuis 2013 plus de 10% de croissance sur les recettes fiscales», explique le Directeur général de la planification et des politiques économiques (Dgppe), M. Pierre Ndiaye.
Selon les prévisions du Fmi, c’est à compter de 2018 que le Sénégal pourra passer la barre des 7% de croissance annuelle. Comment faire plus que ces 7%, M. Nord pointe le secteur privé. «Le prochain pas, c’est de s’assurer que le secteur privé prenne le relais, parce que c’est lui qui crée les emplois, une croissance soutenue et bien repartie», indique M. Nord.
Mais des freins à l’investissement privé, il n’en manque pas au Sénégal. Il s’agit essentiellement des infrastructures énergétiques qui font défaut et de l’accès au crédit. Le Fmi, qui invite les pays à une réduction des exonérations fiscales, plaide toutefois pour le maintien des dépenses sociales, mais conseille de veiller à leur efficacité.
Le rapport du Fmi sur les Perspectives économiques de l’Afrique subsaharienne met en lumière une grande hétérogénéité avec des pays qui continuent à avoir des taux de croissance très bas, voire même négatifs. Et de l’autre côté, des pays où la croissance demeure vigoureuse avec un taux de croissance au-delà de 6% pour la 5eannée de suite. Pour préserver cette bonne dynamique, le Fmi appelle à la diversification des économies. Selon le rapport, en la matière, l’Afrique subsaharienne traîne derrière d’autres régions du monde. «Il y a des pays qui ont pu diversifier leurs exportations et cela a été bon pour la croissance», informe M. Nord qui cite l’exemple de l’Ile Maurice qui, il y a trente ans, était productrice de sucre. Aujourd’hui, ce pays est passé par les produits manufacturiers et est maintenant un centre financier important.
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