Focus – Autonomisation et intégration des femmes migrantes au Sénégal : Avec les couleurs de la teinture

Le Réseau d’appui aux femmes et enfants en migration (Rafem) a organisé un atelier de formation des formateurs des membres de son réseau en teinture du 23 au 25 février dernier, au siège de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas). L’activité s’inscrit dans la cadre de la mise en œuvre du programme d’intégration sociale et d’autonomisation économique du projet de formation des femmes migrantes au Sénégal en techniques de teinture sur les tissus. Grâce à l’accompagnement du Fonds pour les femmes francophones (Xoese).Par Pape Moussa DIALLO –
Avoir une activité génératrice de revenu pour faciliter l’intégration sociale et l’autonomisation économique des femmes migrantes au Sénégal. C’est l’objectif que s’est fixé le Réseau d’appui aux femmes et enfants en migration (Rafem) par le biais d’un atelier de formation qu’il a organisé en technique de teinture de tissus du 23 au 25 février dernier au siège de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas). A cet effet, assure Mme Fa Mbaye Ndoye, présidente du Rafem, il s’agit, par cet atelier de formation, de «permettre à ces femmes migrantes d’avoir une activité et qu’elles soient en mesure d’exercer cette activité avec toute la qualification qu’il faut». Le réseau ne compte pas se limiter à la seule formation et laisser les femmes livrées à elles-mêmes. Après celle-ci, «on va organiser les femmes en réseau et les accompagner pour la mise sur pied d’une unité de production», a expliqué la présidente du Rafem. Pour permettre à ces femmes d’avoir un revenu qui leur permette d’aspirer à une autonomie financière. Pour ce faire, poursuit Mme la présidente Fa Mbaye Ndoye, «nous avons ciblé la formation en teinture, la transformation des produits locaux et la formation en fabrication de détergents».
Cependant, le choix de ces formations ne s’est pas fait au hasard. A en croire la présidente du réseau, elles vont leur permettre de «gagner de l’argent, et un marché est disponible pour faciliter l’écoulement de leurs produits». Par ailleurs, cette formation des formateurs va permettre à la structure de pouvoir disposer de ses propres compétences qui vont provoquer la démultiplication auprès d’une cible de trente (30) autres femmes qui seront formées ensuite. Présente à cette formation, Anne Cécile Coly, vice-présidente du Comité national des femmes de l’Unsas, n’a pas manqué d’afficher sa satisfaction pour cette formation qui contribue fortement au renforcement de capacités des femmes par l’amélioration de leurs compétences. «Pour nous l’autonomisation passe par des projets pratiques, et l’entreprenariat en est un», a-t-elle fait savoir. Et cette dernière de poursuivre : «Nous nous réjouissons qu’il y ait eu des partenaires qui ont cru au projet du Rafem et qui ont décidé d’accompagner un tel projet. Parce l’autonomisation de la femme est le socle du développement économique d’une société.»
Toujours, selon Mme Anne Cécile Coly, l’autonomisation n’est pas que des mots, mais plutôt des «projets concrets et pratiques». Pour cette dernière, le Rafem fait un travail remarquable depuis sa mise sur pied au regard des actions concrètes qu’elle pose. «Ce sont des femmes engagées qui croient en elles-mêmes et qui, chaque jour, pose un jalon de la réussite et d’intégration», note-t-elle. Le réseau ne travaille pas seulement avec des femmes sénégalaises. Il travaille aussi avec des femmes immigrées venues des pays limitrophes, de la sous-région qui arrivent à s’intégrer grâce à des activités de ce genre. Pour sa part, Madame Binta Guèye, Point focal du Rafem à Thiès, déclare : «Nous souhaitons que l’autonomisation des femmes soit effective aussi bien en connaissances qu’en finances.» Au terme de cet atelier de formation, les femmes du réseau seront en mesure de «mener des activités génératrices de revenu à partir des techniques de la teinture, du batik», conclut cette dernière.
Une teinture soucieuse de l’environnement
En plus de la promotion de l’autonomisation des femmes par l’amélioration de leurs conditions de revenu, le Réseau d’appui aux femmes et enfants en migration (Rafem) est soucieux de la préservation de l’environnement conformément à l’objectif 13 du développement durable qui consacre la lutte contre le dérèglement climatique. A cet effet, les femmes participantes à la session de formation ont été outillées sur des techniques de teinture soucieuses de la préservation de l’environnement tout en prévenant le changement climatique. Babacar Owens Ndiaye, artiste visuel, formateur spécialisé dans la teinture du batik et la teinture moderne, rassure : «Je travaille à partir des produits de récupération.» Selon lui, c’est une technique qui permet aux femmes d’«investir moins et de gagner plus. C’est un style économe et respectueux de l’environnement». Dans son travail et sa pratique de teinture, il montre aux femmes comment le faire sans utiliser des produits toxiques pouvant nuire à leur santé, mais aussi polluer ou contaminer la terre.
«Avec cette technique, elles ne vont pas polluer la terre et exposer leur santé. C’est une technique qui se soucie de l’hygiène et est respectueuse de l’environnement», ajoute-t-il. Par ailleurs, cette formation va permettre aux femmes migrantes, dans la cadre de leur autonomisation et leur intégration, d’avoir les aptitudes à produire des tissus africains. «Ces tissus sont en vogue en ce moment et il y a un réel besoin», affiche Babacar Owens Ndiaye. Pour ce formateur, «tout individu doit avoir un métier, et le métier de la teinture nourrit son homme».