Lors de l’installation du Conseil national de Pastef jeudi, Ousmane Sonko a montré à ses responsables qu’il est le seul coefficient électoral de son parti. Une vérité absolue, car aucune autre figure populaire n’a jamais émergé dans sa formation.Par Malick GAYE – 

Seul face au micro, Ousmane Sonko montre sa toute-puissance. Le parti Pastef est son parti. Il en est le visage, la voix, celui qui indique la voie à suivre. Face aux responsables du parti, réduits en simples spectateurs lors de son one-man-show, il a montré qu’il est, comme le disait Idy pour parler de la force de Wade, la constante. Les autres sont des variables. «Tous les gens qui sont là, au moment des élections, ils m’appellent pour me dire : «Si tu ne viens pas, je vais perdre ma localité.» Parfois, je ne me sens pas bien, mais je fais les efforts nécessaires pour y aller. Après cela, tu vois certains sortir pour bomber le torse», expose le président de Pastef. Il ajoute : «Je n’accepterai pas de clan au sein du parti, j’y veillerai personnellement. J’ai toujours été rassembleur, et tout le monde peut en témoigner.»
Ousmane Sonko est ainsi sûr de sa force personnelle. Il est l’unique coefficient électoral de Pastef qu’il a porté jusqu’au pouvoir. C’est une vérité absolue, car il n’y a aucune figure politique qui a réussi à avoir une étoffe pour devenir un leader local, capable de faire lever des foules, à l’image des anciens partis présidentiels qui ont réussi à enfanter des leaders avec des envergures locales réelles. Evidemment, toutes les planètes gravitent autour de lui. Il en est d’autant plus sûr qu’il ajoute à ce pouvoir le poste de chef du gouvernement. Avec une partie des pouvoirs de l’Exécutif, Pros-Pmos, qui se confond dans une seule personnalité, devient une puissance politique et étatique concentrant des pouvoirs exorbitants. Une sorte d’Alpha et d’Oméga.
Ce double poids devient inestimable alors que 2029 est à la fois proche et lointain. Même s’il refuse d’en parler, admettant seulement que lui et son candidat pour la Présidentielle ont eu des discussions sur la question. Sans donner de détails.
Il n’est pas un chef d’Etat, mais il gère l’appareil politique qui a permis à Bassirou Diomaye Faye de devenir le 5ème président de la République. A 45 ans maintenant, BDF est le premier dirigeant sénégalais à ne pas disposer d’un matériel politique à sa disposition, car il n’est pas un chef de parti. Il a été investi, soutenu et élu par son Premier ministre, qui est reparti aux Législatives pour lui offrir une majorité à l’Assemblée nationale afin d’enclencher le Projet qu’il a lui-même théorisé. Et le slogan Diomaye moy Sonko, triomphant, a été scénarisé pour mettre en place un tandem au sommet de l’Etat en vue d’une gestion de l’Exécutif sous forme de duo. Autant de pouvoirs qui lui donnent une position de sentinelle : il a un regard sur les militants, l’Assemblée et l’Exécutif. Sans être chef d’Etat, il demande à ce qu’on le laisse «gouverner». Est-ce le temps des cerises, après des promesses de récoltes de raisins ? Aujourd’hui, le Sénégal vit des heures sombres sur le plan économique. Pmos promet un Plan de redressement national pour sortir le pays de «l’abîme» dans un contexte de tensions budgétaires. Comment y arriver alors que le pays a «un problème d’autorité» ?
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