Fonds Covid : Moustapha Diop et Ndèye Saly Diop perdent leur immunité l Le maire de Louga : «Pourquoi moi et pas les autres ?»

Moustapha Diop refuse d’être «l’agneau du sacrifice», tandis que sa collègue Salimata Diop dit ne pas pardonner au pouvoir en place d’avoir sali son image. Les deux anciens ministres, devenus députés, sont désormais mis à la disposition de la Justice, qui les entendra sur la gestion des fonds destinés à l’époque à lutter contre le Covid-19.Par Justin GOMIS –
La machine judiciaire peut être mise en branle pour élucider les accusations portées contre les députés Moustapha Diop et Salimata Diop relatives à la gestion des fonds Covid-19 portant sur le marché des masques durant la pandémie. L’ancien ministre du Développement industriel et des petites et moyennes industries et l’ancienne ministre de la Famille ne bénéficient plus de leur immunité parlementaire. Siégeant hier en séance plénière, l’Assemblée nationale a décidé de lever cette cuirasse qui empêchait qu’ils soient traduits devant les juridictions comme de simples citoyens. Mais avant la levée de son immunité parlementaire, Moustapha Diop, qui s’est prêté à cet exercice pour la deuxième fois, après l’affaire Tabaski Ngom, a tenu à se défendre devant ses collègues. D’emblée, il a nié les accusations portées à son encontre, qu’il assimile à une simple faute de gestion. «Tout le monde a été payé, mais on nous reproche seulement d’avoir payé l’argent en liquide. Ce n’est pas un délit, mais une faute de gestion qui devait être arbitrée par la Chambre financière de la Cour des comptes», dit-il.
A l’en croire, aucune preuve solide n’a été mise sur la table pour montrer sa culpabilité dans cette affaire. Suffisant pour s’emporter en minimisant même le montant de plus de 2 milliards de francs qui lui est imputé. L’ancien ministre sous Macky trouve que c’est tout simplement de l’acharnement sur sa personne.
«Si vous voulez, faites comme la dernière fois, en levant mon immunité. Ça m’est égal. Vous vous acharnez contre moi pour une affaire de 2, 5 milliards F Cfa, qui ne représentent même pas 0, 1% du budget national, alors qu’il y a d’autres ministres qui ont géré 500 milliards. Où sont-ils ? Pourquoi sommes-nous seulement quatre ministres au banc des accusés ?», s’est-il demandé. Avant de signifier qu’il n’allait pas se laisser faire. «Je n’accepterai pas d’être l’agneau du sacrifice», a-t-il soutenu.
La plaidoirie de Salimata Diop
L’ancienne ministre de la Femme, qui a connu la même fortune à l’Assemblée nationale, n’a pas caché non plus sa colère. «Mon image a été salie, je ne vous le pardonnerai pas», a-t-elle fait savoir à l’Hémicycle. Visée dans une affaire de gestion de 44 millions des fonds Covid-19, elle parle d’injustice en s’adressant au Peuple sénégalais.
«Ces accusations m’ont profondément blessée. C’est très difficile à vivre pour ceux qui me connaissent et savent ma droiture», a-t-elle martelé. D’après elle, ces fonds qui lui sont reprochés ont été gèrés par les services compétents et elle n’a rien à se reprocher. «J’ai interrogé mon Dage, qui m’a détaillé l’utilisation des fonds», s’est-elle défendue. L’ancienne ministre de la Famille trouve qu’elle a été diffamée. «On m’a diffamée. En 40 ans de carrière, j’ai géré tous mes postes avec dignité. Qu’ai-je fait, sinon être une femme politique ? Est-ce un délit d’être dans l’opposition ?», se demande Ndèye Saly Diop. Avant de s’en remettre à la Justice du pays. «On a sali mon image, et je ne vous le pardonnerai jamais. La vérité est le début de la justice», a-t-elle dit.
En fait, ces deux députés ne sont pas les seuls de l’ancien régime visés par des poursuites judiciaires, dans le cadre de la gestion de l’argent du dossier Force Covid-19.
Ce projet de résolution vise aussi Amadou Mansour Faye, Aïssatou Sophie Gladima et Ismaïla Madior Fall. Mais en attendant leur comparution devant le Pool judiciaire financier, les mis en cause bénéficient d’une présomption d’innocence.
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