Les ressources du Fonds de garantie des dépôts et de résolution dans l’Union monétaire ouest-africaine, destinées à indemniser des déposants, sont jugées encore faibles. D’après le directeur de Cabinet du ministre des Finances et du budget, les réserves techniques du Fgdr-Umoa dépassent à peine 101 milliards de francs à la fin de l’année 2023. Bassirou Sarr intervenait, mardi, à la première édition du Forum du Fgdr-Umoa.Par Dialigué FAYE – 

Le faible taux des réserves techniques figure parmi les problématiques liées aux activités du Fonds de garantie des dépôts et de résolution dans l’Union monétaire ouest-africaine (Fgdr-Umoa), qui a été institué pour protéger les déposants dans les banques et les institutions de microfinance. Ces ressources destinées à l’indemnisation des déposants en cas de faillite d’une institution financière dépassent à peine 101 milliards de francs à la fin de l’année 2023, a relevé le directeur de Cabinet du ministre des Finances et du budget. «C’est un montant qui nous interpelle tous», a déclaré, mardi, Bassirou Sarr, à l’ouverture de la première édition du Forum du Fgdr-Umoa.

Axé sur le thème : «La garantie des dépôts, un mécanisme-clé de la stabilité financière dans l’Umoa», ce forum a permis aux acteurs du secteur bancaire et des Systèmes financiers décentralisés (Sfd) de mesurer le chemin parcouru par le Fgdr-Umoa, dix ans après son opérationnalisation, et de se projeter dans l’avenir.

A ce propos, assure le Gouverneur de la Bceao, «le Fgdr est un acteur-clé dans le dispositif de protection des dépôts. Il est doté d’une mission d’intérêt public qui tire sa force de la mutualisation des contributions de ses 245 adhérents pour assurer la protection des utilisateurs de leurs services financiers, en particulier les déposants». Mais, au regard du taux encore faible des réserves techniques cumulées, plaide Jean-Claude Kassi Brou, «nous devons œuvrer ensemble pour renforcer la protection de plus de 25 millions de déposants à couvrir, en cas de risques». Le Gouverneur de la Bceao, par ailleurs président du Conseil d’administration du Fgdr-Umoa, invite les responsables des associations professionnelles des banques et établissements financiers, ainsi que des institutions de microfinance, à sensibiliser leurs membres pour le respect des délais de reporting indispensable pour évaluer l’exposition du fonds, mais également pour le règlement de leur contribution. Car, dit-il, «ce sont là assurément des facteurs essentiels pour optimiser l’efficacité de la mission du Fgdr, notamment sa capacité d’agir rapidement auprès des déposants».

Le fonds est constitué d’un mé­canisme de garantie des dépôts comprenant un guichet pour les établissements de crédit, un guichet pour les systèmes financiers décentralisés. Il comprend également un dispositif de financement des actions de prévention et de résolution bancaire.

Bassirou Sarr renseigne que «si toutes les banques en activité ont adhéré au fonds, la couverture des institutions de microfinance demeure un défi». A son avis, la garantie des dépôts doit aider les Etats à contribuer au défi de l’inclusion financière qui est un objectif primordial pour toute l’Union.

«S’agissant de la résolution, les établissements bancaires d’importance systémique, régionaux ou nationaux sont prioritairement assujettis à ce régime par la Commission bancaire. Il se pose aussi la question de savoir dans quelle mesure notre Fonds de garantie est capable de participer à une éventuelle résolution de grande taille au sein de notre Union», note le directeur de Cabinet du Mfb.

Comme autres préoccupations, il mentionne que «dans l’Umoa, tous les dépôts ne sont pas, à ce jour, éligibles à la garantie. De plus, le taux de contribution des banques est aujourd’hui estimé à 0, 06% des dépôts éligibles, tandis qu’il est de 0, 29% pour les institutions de microfinance. Aujourd’hui, quand un client de la banque peut espérer obtenir un remboursement plafonné à 1 400 000 francs Cfa, celui de l’institution de microfinance ne peut s’attendre qu’à un maximum de 300 000 francs Cfa. Or, au sein de l’Union, les ambitions sont très élevées en matière d’inclusion financière et de participation de nos populations au système financier».

Au Sénégal, informe-t-il, l’Etat est intervenu, ces dernières années, en faveur du redressement des banques et Imf en difficulté, même si l’Etat n’était pas actionnaire majoritaire dans ces institutions de dépôt, jouant ainsi le rôle qui est attendu de leur part en qu’acteur de la stabilité financière, non seulement au plan national, mais aussi au plan sous-régional.
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