Fonds – Mobilisation des ressources du Fem et du Fvc : L’Afrique francophone à l’école de la Fao

Dans le cadre du renforcement des capacités des pays francophones d’Afrique en matière de gouvernance des ressources naturelles et de l’environnement, la Fao a organisé, hier à Dakar, une session de travail régionale sur les opportunités de programmation et de mobilisation des ressources du Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et du Fonds vert pour le climat (Fvc) en Afrique de l’Ouest. Par Abdou Latif MANSARAY –
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), en collaboration avec ses partenaires, a tenu hier une session de travail régionale sur les opportunités de programmation et de mobilisation des ressources du Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et du Fonds vert pour le climat (Fvc) en Afrique de l’Ouest. Cette activité s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités des pays francophones d’Afrique en matière de gouvernance des ressources naturelles et de l’environnement.
Mme Bintia Stephen-Tchicaya, Coordinatrice sous-régionale par intérim de la Fao pour l’Afrique de l’Ouest, explique : «Nous nous sommes réunis à Dakar pour essayer, d’abord, de nous mettre d’accord sur les modalités de soutien que nous allons apporter aux pays dans la mobilisation des fonds verts, mais également des fonds environnementaux mondiaux qui constituent, comme nous le savons tous, de grandes ressources pour les pays, afin qu’ils puissent réellement réaliser la transformation de leurs systèmes agroalimentaires. Cela nous permettra aussi de soutenir les pays dans leur capacité à gérer la biodiversité et les ressources naturelles, afin que ces dernières puissent servir au développement des pays.»
Dans son discours, cette dernière a informé qu’ils discuteront pendant trois jours pour examiner les difficultés qu’ils rencontrent et identifier les problèmes techniques. «Nous devons identifier les obstacles pour l’élaboration des différents programmes et projets dans ces fonds verticaux, afin d’essayer de mobiliser le plus rapidement possible et de concevoir des projets qui puissent être approuvés rapidement par la direction de ces fonds verticaux. A l’issue de l’atelier, nous pensons que nous pourrons véritablement soutenir les différents gouvernements ici en Afrique de l’Ouest, afin qu’ils nous soumettent les priorités qu’ils ont déjà identifiées, qui pourront servir à utiliser ces fonds comme un levier de mobilisation de ressources. Vous savez sans doute qu’il s’agit de ressources généralement liées à la préservation de la biodiversité et à la gestion des ressources naturelles», a-t-elle détaillé.
Elle affirme que la Fao se positionne aujourd’hui, avec sa base de connaissances et sa technicité, pour soutenir les gouvernements dans le développement et le design de ces différents programmes et projets.
«L’objectif de cet atelier est de discuter entre nous, mais aussi de former les techniciens, afin que lorsqu’ils développent un programme ou un projet, cela puisse être fait le plus rapidement possible», a-t-elle ajouté.
Difficultés liées à la langue
Interpellée sur les difficultés, Mme Tchicaya a souligné que les principales difficultés rencontrées par la plupart des pays francophones sont d’abord liées à la langue. En effet, indique Bintia Stephen-Tchicaya, «dans ces projets, il est souvent demandé que les projets soient formulés en anglais. Souvent, ceux qui ne maîtrisent pas l’anglais peuvent insérer des données au mauvais endroit. Quand cela passe au Conseil du Fonds vert pour le climat, ce n’est pas accepté, et cela revient pour une nouvelle lecture. Pour diminuer ces retards, nous organisons des renforcements de capacités pour que, dès la première soumission des fonds, tout puisse passer. En 2020, nous avons réalisé une étude et constaté que l’Afrique, en général, n’avait mobilisé que 9% de ces fonds. Nous avons alors jugé que c’était peu, surtout que nous sommes principalement les victimes du changement climatique. Nous avons donc priorisé la mobilisation de ces fonds et, progressivement, constitué une équipe technique à la Fao, à Dakar, pour soutenir non seulement le Sénégal, mais aussi les 14 autres pays de la Cedeao. Si nous pouvons atteindre les 20 à 25%, ce sera déjà pas mal».
Pour Mme Madeleine Diouf Sarr, directrice du Changement climatique, de la transition écologique et des financements verts au ministère de l’Environnement et de la transition écologique, «c’est une belle initiative». Elle a ainsi remercié la Fao, à travers la Coordinatrice sous-régionale, qui leur a fait l’honneur d’organiser cet atelier de formation pour parler des financements, notamment ceux issus du Fonds mondial pour l’environnement et du Fonds vert pour le climat. «Cela permettra à nos pays de la Cedeao de mobiliser davantage ces ressources qui, comme elle l’a dit, nous aideront à mieux construire notre résilience face au changement climatique, à travers la prise en compte de la biodiversité, la lutte contre la désertification, et en mettant en place des programmes et projets d’adaptation au changement climatique», s’est-elle réjouie.
Reprenant son souffle, la représentante de l’Etat estime que les priorités pour le Sénégal concernent d’abord la sécurité alimentaire, en raison des fortes et grandes variabilités climatiques que connaît le pays.
«Nous devons faire face à des impacts réels sur la production agricole, mais aussi sur la production halieutique, tout en luttant contre l’avancée du désert et les problèmes d’inondations. Il est crucial de s’attaquer à l’ensemble de ces problématiques pour construire notre résilience face aux aléas climatiques, lutter contre la pauvreté et traiter ces questions critiques qui ne s’arrêteront pas de sitôt», conclut la directrice du Changement climatique, de la transition écologique et des financements verts au Sénégal.
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