Il figurait dans la déclaration d’intention de Pastef, la diminution du montant des Fonds politiques du Président de la République. Le Premier ministre a aussi des Fonds politiques qu’il peut utiliser à sa guise. Les Fonds politiques qui sont mis à la disposition du Président de la République et du Premier ministre sont utilisés, sans aucune exigence de comptabilité ou de transparence. On peut dire autant pour les fonds politiques du Président de l’Assem­blée nationale qui échappent à tout contrôle interne ou externe.
Nous tenons à rappeler l’insistance de Ousmane Sonko sur cette question: «J’ai toujours dit que dans un pays, avoir des fonds exclusivement dédiés à une personne, fût-il Président, ce n’est pas normal…» Pour le leader de Pastef, cette pratique va à l’encontre d’une gestion transparente des finances publiques. Ousmane Sonko qui tient à une gestion claire et transparente des finances publiques est fortement attendu sur cette question !
Les politiciens qui occupent de hautes responsabilités dans ce pays, à l’instar du Président de la République et du Premier ministre, peuvent être facilement des milliardaires. C’est ce que Ousmane Sonko refuse catégoriquement aux cadres de l’Administration qui, selon lui, ne peuvent nullement être des milliardaires, s’ils font correctement leur travail.
On a également l’impression que les politiciens ne sont pas encore prêts à remettre en cause ces anciennes pratiques, comme s’ils n’étaient pas des serviteurs de l’Etat, qui méritent un traitement salarial et des avantages raisonnables, qui sont liés à leurs fonctions.
On peut ainsi revoir à la baisse des 11 milliards qui sont accordés au Président de la République, et il restera à vérifier les 9 milliards qui sont alloués au Premier ministre. Si on fait le calcul sur cette base, le Président de la République se retrouvera avec 66 milliards, et le Premier ministre 54 milliards, en fin de mandat (2024 – 2029).
Ils vont ainsi coûter 120 milliards à l’Etat du Sénégal. Sans compter les salaires, privilèges et avantages de toutes natures. L’exemption qui est accordée au Président de la République, sur sa déclaration de patrimoine, à la fin de son mandat, et la nébuleuse qui entoure la déclaration de patrimoine du Premier ministre, sont peut-être liées à cette histoire de fonds politiques, qui peuvent leur permettre de quitter la Présidence et la Primature avec plusieurs mil­liards !
Ainsi, le Président de la République et le Premier ministre du Sénégal n’ont rien à envier aux hommes d’affaires, qui souhaiteraient se mettre à leur place, avec ce pactole qui peut faire rêver tout investisseur. Le job de Président de la République et celui de Premier ministre deviennent ainsi un business juteux, qui peut attirer tout Sénégalais qui est avide d’argent. Et ça peut alors justifier, cette course effrénée de beaucoup de politiciens vers la Présidence de la République.
Les populations semblent attendre avec impatience les promoteurs du Jub, Jubbal, Jubbanti sur cette question. Et si les autorités du pays veulent donner un signal fort aux populations, ils n’ont qu’à arrêter cette saignée financière qui crève le budget de l’Etat.
C’est Ousmane Sonko qui parle : «Là où les Chinois et les Japonais sont passés, si nous empruntons le même chemin, nous pourrons les dépasser. Mais sommes-nous prêts en à faire les sacrifices?». Bien sûr, monsieur le Premier ministre, mais à condition que vous acceptiez d’en donner en premier l’exemple.
A défaut de cela, les populations auront raison de penser, qu’avec le régime Pastef, les méthodes et pratiques sont toujours les mêmes, et ce sont les intérêts et les avantages qui ont changé de camp.
Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe