Recueillis Par Woury DIALLO – Le sélectionneur national, Aliou Cissé, a indiqué hier, en conférence de presse, défendre les intérêts du Sénégal, de la Fédération, mais aussi de ses joueurs, par rapport au choix de ne pas envoyer la sélection A à Kigali pour la dernière journée des éliminatoires de la Can 2023, ce 9 septembre. En lieu et place, le choix a été porté sur une Equipe B, conduite par Pape Thiaw et Malick Daf. Focus est fait sur le «choc des champions» Sénégal-Algérie du 12 septembre prochain.RWANDA-SENEGAL
«C’est une liste que je n’ai pas confectionnée, parce qu’il y a deux entraîneurs qui sont là et qu’il faut laisser travailler. Depuis 8 ans que je suis là, j’ai eu à faire des intérims. C’était le cas contre la Colombie en 2016, alors que le match était réservé à l’Equipe A. J’ai été en Afrique du Sud quand il n’y avait pas d’entraîneur, et au Niger. Le sport de haut niveau, c’est surtout une opportunité. Aujourd’hui, c’est une opportunité pour ce groupe-là de pouvoir aller au Rwanda, parce que nous avons travaillé dur pour qualifier notre Equipe au bout de 4 journées. Aujourd’hui, cette qualification avant terme nous permet d’avoir deux journées où on peut être dans la préparation de la Can, mais aussi d’ouvrir ce réservoir de joueurs sénégalais qui sont derrière et qu’on ne peut pas tous appeler en Equipe A. On leur donne donc la possibilité de briller. Et ce groupe qui va aller au Rwanda va constituer le futur de l’Equipe nationale du Sénégal. Je défends l’intérêt du Sénégal, les couleurs du Sénégal. Pour l’instant, je ne défends pas les couleurs de l’Afrique. Quand je serai en dehors et qu’on ira en compétition internationale, je défendrai le Sénégal et l’Afrique. Mais aujourd’hui, l’Afrique commence par mes frontières. L’Afrique commence par le Sénégal. Aujourd’hui, ce sont les intérêts du Sénégal, de la Fédération et des joueurs qui comptent.»
RETROUVAILLES AVEC L’ALGERIE
«Nous avons convoqué 25 joueurs pour ce match amical contre l’Algérie, le 12 septembre. On aura une semaine d’entraînement ici. Bien que ce soit un match amical, c’est une rencontre importante qui va nous permettre de bien nous préparer en direction de la Can… Beaucoup de gens me demandent pourquoi l’Algérie, qui nous battus en finale de la Can en 2019 il y a quatre ans. L’Algérie est la bête noire du Sénégal. Mais ce n’est pas une question de revanche ou de vengeance. L’Algérie a gagné la Can en 2019 parce qu’ils étaient meilleurs dans cette compétition. On a gagné en 2022 parce qu’on était les meilleurs. Les Algériens nous ont battus, nous le savons, mais en réalité, ils ne nous dominent pas. Ça se joue sur des micro-détails. Pour ce match du 12 septembre, c’est le jeu, la progression de notre Equipe qui nous intéressent. Ce choix de l’Algérie répond donc à une politique déclinée par le Dtn et la Fédération sénégalaise de football. Quand vous regardez les compétitions internationales, vous verrez qu’il y a de moins en moins de temps de préparation. On a eu la chance de nous qualifier tôt, ce qui fait que depuis le Mozambique, nous sommes en phase de préparation. Cela a commencé par le match contre le Bénin, ensuite le Brésil et aujourd’hui l’Algérie. Après, ce sera le Mali, le Cameroun… L’objectif, c’est d’essayer de nous préparer, parce que nous sommes conscients qu’en janvier, on n’aura pas ce temps de préparation. Ces matchs doivent nous permettre d’aborder la Can de la meilleure des manières. Ce sera donc un gros match contre l’Algérie. Toute l’Afrique attend ce match.»
LAMINE CAMARA
«Si Lamine Camara est là, c’est parce qu’il le mérite. Il a montré de quoi il est capable avec la petite catégorie et avec l’Equipe locale l’année dernière. J’ai été très impressionné par ses qualités. C’est important de l’appeler parce qu’il a le potentiel pour évoluer dans cette équipe-là. C’est pareil pour Abdoulaye Niakhaté Ndiaye. Ce sont des garçons qui sont de l’Equipe olympique. Sur un match amical, c’est important de les faire venir pour qu’ils apprennent. C’est l’Equipe d’aujourd’hui peut-être, mais c’est surtout l’Equipe de demain.»
CHOIX DE ANDY ET DIARRA
«Je ne suis pas du genre à courir derrière qui que ce soit. Je le dis et je le répète, nous ne courons derrière aucun joueur. Mais mon rôle, avec mes dirigeants, c’est d’aller chercher des joueurs sénégalais partout où ils sont et voir s’ils sont capables d’intégrer l’Equipe nationale. Je suis payé pour ça. Diarra (Habib) et Andy (Diouf) sont des garçons que nous avons approchés. C’était dans l’optique de leur vendre le projet Sénégal. J’ai discuté aussi avec leurs parents. Tous étaient honorés du coup de fil, mais surtout de l’intérêt que le Sénégal avait envers leurs enfants. Mais chaque joueur a le droit de faire son choix. La vie est faite de choix. Ils ont fait le choix de rester avec l’Equipe Espoirs de la France, je prie pour eux. Bonne chance à eux. Nous, nous continuons notre bonhomme de chemin.»
DESTINATION L’ARABIE SAOUDITE
«Ce n’est pas un choix qui concerne seulement le Sénégal. Cela concerne la planète du football. Quand vous regardiez les matchs du championnat saoudien il y a 5-6 ans, ce n’est plus le même aujourd’hui. Quand vous avez un championnat où il y a des Kalidou Koulibaly, Sadio Mané, Edouard Mendy, pour ne citer qu’eux, c’est que ce championnat est en train de se développer. Et j’ose espérer que ça va continuer ainsi. J’ai discuté avec certains d’entre eux et ils m’ont fait part du souhait qu’ils avaient depuis le mois de juin, de rallier ce championnat. Je ne pouvais pas les empêcher d’aller dans cette direction. Ils savaient ce qu’ils voulaient. La seule chose que je peux faire, c’est les encourager pour qu’ils continuent à «compétir», jouer tous les samedis et dimanches, comme ils sont en train de le faire, afin de maintenir la forme en Equipe nationale. Beaucoup de gens m’ont reproché le fait d’avoir dit, il y a quelque temps, que tous les joueurs qui évoluaient en Arabie Saoudite ne viendraient pas en Equipe nationale. C’était une période, un contexte. Je ne le regrette pas dans la mesure où aujourd’hui, nous avons gagné cette Coupe d’Afrique en ayant dans notre onze-type ou dans les 23, Edouard Mendy de Chelsea, Kalidou Koulibaly de Naples, Sadio Mané de Liverpool, Gana Guèye du Paris Saint Germain… C’était une politique sportive qu’on avait décidée de faire, aujourd’hui, la donne a changé. C’est à nous de prouver qu’on est aussi capables de gagner, comme l’Algérie l’a fait en 2019, en ayant des joueurs qui évoluent dans ce championnat saoudien. Et je n’ai aucun doute quand je vois les performances que les garçons sont en train de livrer.»
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