Les fortes pluies tombées hier dans plusieurs quartiers de Dakar, ont provoqué de nombreux désagréments dont au moins la mort d’un homme pris au piège dans son véhicule. L’Etat a enclenché le Plan Orsec pour voler au secours des sinistrés, notamment des quartiers dits résidentiels mais non assainis.

Par Justin GOMIS et Ousmane SOW – Dakar n’a pas été capable d’avaler…126 mm de pluie hier. Et c’est une seule partie de la capitale qui a été arrosée, car la banlieue a échappé aux pluies diluviennes. Dans certaines zones, des voies étaient devenues des fleuves. C’est le cas sur l’Avenue Cheikh Anta Diop, à Ouakam, Liberté 6, Grand-Yoff, Mermoz, Soumbédioune, Almadies… Bref, la ville ressemblait à une mer furieuse qui balayait tout sur son passage, notamment dans des quartiers chics mais sans réseau d’assainissement performant. Ils sont pris dans la boue. L’eau arrivait aux genoux. «Entre le Score et Grand-Yoff, nous avons fait plus de deux heures de temps sur la route. Nous avons quitté à 14h pour arriver à la Patte D’Oie à 17h passées. C’est le calvaire quand il pleut à Dakar», déplore un passager. L’importante quantité d’eau tombée dans certains quartiers dakarois oblige tout le monde à patauger. Des hommes, des femmes, des jeunes et vieilles personnes se retroussaient les pantalons ou pagnes pour pouvoir marcher dans l’eau. A défaut de faire des brassées comme un nageur dans une piscine. La chaussée est remplie, les routes paralysées, la circulation bloquée, obligeant beaucoup de voitures, surtout celles de transport en commun, à laisser leur itinéraire habituel. Même les motocyclistes, qui slalomaient entre les fils de véhicules, n’avaient aucune possibilité. Tellement la route était saturée de véhicules. Et pour se frayer un passage, ils empruntaient les trottoirs réservés aux piétons.
Il y avait partout des bouchons dans les grandes artères de la capitale. A Grand-Yoff, l’eau occupe certaines maisons, obligeant ainsi les habitants à prendre des seaux pour l’évacuer. Sur la Corniche-Ouest, le spectacle est triste : en allant vers le siège d’Atépa Technologies, la route est devenue impraticable car le tunnel a fait le plein, contraignant certains chauffeurs à abandonner leur véhicule.

Effondrement du bassin de la Zone de captage
A la Zone de captage, le bassin de rétention a cédé. Il flotte un sentiment de tristesse et d’impuissance dans ce quartier coupé du reste de la ville. Vers Grand-Yoff et Castors, les axes sont impraticables.
Les habitants dénoncent les travaux inachevés, qui favorisent la stagnation des eaux usées dans les quartiers de la Zone de captage. Il faut user de tous les subterfuges possibles pour se déplacer. Si certains effectuent de longs contournements pour se frayer un chemin, d’autres prennent le risque de patauger dans les eaux. «On ne peut plus sortir, on ne peut plus entrer», témoigne un habitant. Pour évaluer l’étendue des dégâts, il a chaussé ses bottes. La devanture de sa maison ressemble à un marigot. Ousseynou Diop, qui se rendait au travail, a dû rebrousser chemin. «Je suis là et j’attends pour voir si la situation va changer», explique-t-il. Rien n’a changé.
Ancien bidonville appelé jadis Xelcom, la Zone de captage a été morcelée après les inondations de 2005. En vérité, c’est une zone non aedificandi… «Puisque les gens sont venus y habiter, c’est à l’Etat de trouver des moyens adéquats pour remédier à cette situation», renseigne-t-il. Le bassin est plein. Il déverse son trop-plein dans la rue. «Chaque année, c’est comme ça. C’est la routine. Je pense que ceux qui nous dirigent ne respectent pas la population», regrette-t-il.

Un automobiliste noyé
Sous nos yeux larmoyants, se noue un drame terrible qui rappelle les évènements de 2005. Si le ciel ouvre ses vannes dans les prochaines heures, les conséquences risquent d’être terribles. Or, la météo annonce que des activités pluvio-orageuses intéresseront les localités sud, centre et ouest du territoire dans les prochaines 48h, contrairement aux autres localités où un ciel nuageux, avec des risques de pluies faibles, sera au rendez-vous. Mauvais présage !

Le Plan Orsec lancé
Pour l’instant, il est difficile d’établir le bilan des pertes humaines de ces pluies. Mais, un automobiliste est mort noyé à l’intérieur de son véhicule pris au piège au niveau du tunnel de la Corniche-Ouest. Et de nombreux blessés ont été recensés vers le tunnel de Soumbédioune. C’est apocalyptique.
Face à cette situation, le ministre de l’Intérieur a déclenché le Plan national d’organisation des secours (Orsec). Le gouvernement mobilise ainsi ses services pour porter assistance et secours aux populations sinistrées.
justin@lequotidien.sn