Un partenariat gagnant-gagnant ! C’est ce que souhaite le Président du conseil d’administration de la Saed. Alors que des investisseurs français sont au Sénégal en mission de prospection, Amadou Niang leur a clairement signifié que le temps où les bénéfices étaient captés en majorité par les étrangers est révolu. Il leur a demandé «d’ouvrir leurs capitaux aux populations».Par Malick GAYE –
Le Sénégal veut atteindre l’autosuffisance. Mais pas n’importe comment. Le pays veut capter une part importante des bénéfices issus de son agriculture. C’est ce que le Président du conseil d’administration (Pca) de la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta et de la vallée du fleuve Sénégal et de la Falémé (Saed) a voulu faire savoir à la cinquantaine d’entreprises françaises présentes au Sénégal pour nouer des partenariats dans l’agriculture. Amadou Niang, qui a présenté le potentiel du Sénégal dans le domaine agricole, s’est voulu clair. «Nous avons investi un milliard d’euros pour aménager plus de 100 mille ha. Qui ne sont pas encore rentabilisés. Pour le banquier de formation que je suis, il faut le corriger. Le privé doit savoir que le foncier appartient à l’Etat. Ça ne se vend pas. Et les investisseurs doivent savoir que nous ne sommes plus intéressés par cette façon archaïque de collaboration avec, sous la politique de la Rse, construire deux salles de classe. Non ! Ouvrez vos capitaux aux populations. Je parle de tous les privés», a déclaré Amadou Niang lors du panel sur le thème : «Potentiel agricole sénégalais : amont, productions végétales et animales.» Cette rencontre, organisée par Bpifrance, Medef International et Business France, en lien avec l’ambassade du Sénégal en France, veut développer des courants d’affaires dans le pays et favoriser les co-investissements.
Ousseynou Kane, le Directeur général du Bureau de suivi du Pse, allant plus en profondeur, a estimé que le privé local doit s’investir davantage en premier, pour être le socle des investisseurs étrangers. A cet effet, il a appelé le privé national à faire preuve de patriotisme économique. «Le secteur de l’agriculture n’est pas une souveraineté. Je pense que le financement doit venir du privé, mais pas de l’Etat. Il faut que notre privé national arrête d’investir dans l’immobilier. Ce n’est pas l’économie réelle», a-t-il avancé, avant d’expliquer les efforts consentis par l’Etat pour impulser le développement du secteur. «L’agriculture contribue à hauteur de 150 milliards de francs Cfa au Pib. On est passé de 13% de taux de contribution à 15% après en 2015. Elle a réduit de 20% le taux d’importation. On est passé de 80% à 60% en 2018. C’est grâce à la politique opérée par l’Etat. Le défi est la diversification de l’agriculture. En ce qui concerne l’agriculture bio, le Sénégal peut être un terreau. Il faut développer des locaux d’entrepôt. Nous perdons par exemple 2 mois de consommation de pomme de terre par défaut de stockage. Il faut investir dans la labelisation. Il faut pouvoir transformer nos productions. Nous avons des Agroples avec des besoins de financement. Venez travailler avec nous sur ces Agropoles», a invité Ousseynou Kane.
Un débat que le directeur adjoint de l’Apix a souhaité clore. «Nous n’avons pas de clause de nationalité sur l’agriculture, qui est quasi defiscalisée. Vous allez bénéficier de l’encadrement de l’Etat avec des facilitations pouvant aller jusqu’à l’exonération fiscale, une facilité sur les charges fixes patronales, et l’impôt sur le bénéfice est réduit. Avec la modification de la loi sur le foncier, on reconnaît désormais la copropriété foncière», a indiqué Mamadou Lamine Ba aux investisseurs français.
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