Véritable frein au développement de la discipline, le changement de nationalité des athlètes africains demeure une préoccupation pour le directeur général de la Confédération africaine d’athlétisme (Caa). Invité du Forum de l’Anps ce samedi, Lamine Faty liste les maux et dégage des pistes de solutions.
Le directeur général de la Confédération africaine d’athlétisme (Caa), Lamine Faty, a abordé le changement de nationalité des athlètes africains. Un phénomène qui impacte le développement de la discipline sur le continent, selon le dirigeant sénégalais. «La fuite des talents a longtemps été pour nous un handicap majeur dans le développement de l’athlétisme. Bien souvent, nous avons observé avec beaucoup de tristesse des athlètes africains se confronter à leurs frères et sœurs du continent dans des compétitions mondiales. Et souvent, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous assistons à ces joutes», a confié Lamine Faty, invité du Forum de l’Association nationale de la presse sportive (Anps) ce samedi.
Motivation financière et sportive
Listant les solutions, le Dg de la Caa dégage quelques pistes pour venir à bout de ce fléau. «Nous avons d’abord parlé aux Africains parce qu’il ne faut pas toujours jeter la responsabilité sur l’autre. Qu’est-ce que nous avons fait ou devons faire pour retenir nos athlètes ? Quelles perspectives devons-nous leur offrir pour qu’ils ne soient pas contraints de changer de camp ?», s’interroge-t-il.
En guise de réponse, Lamine Faty de faire un constat : «Nous nous sommes rendu compte que la motivation est principalement financière. Elle est aussi sportive dans bien des pays comme le Kenya, l’Ethiopie ou l’Erythrée. Nous avons eu plusieurs cas d’athlètes kényans qui nous disaient : ‘‘Les sélections étant très difficiles dans nos pays, nous n’avons aucune chance un jour de participer à des championnats du monde ou à des Jeux olympiques’’.» Suffisant pour les amener à changer de nationalité afin de pouvoir bénéficier de cette opportunité à défaut de «compétir» sous les couleurs de leur pays d’origine.
Au-delà, le dirigeant de l’athlétisme africain se désole également de l’absence ou encore du mauvais état des infrastructures sportives. «Dans certains pays, les infrastructures posent problème. Nous n’avons pas assez de pistes d’athlétisme. Et si la piste existe, elle est souvent partagée avec d’autres disciplines. Et il arrive dans certains pays, quand nos athlètes ont besoin de ces infrastructures, il ne leur est pas permis d’y accéder», déplore le Dg de la Caa.
Pour réguler le mal et freiner ce phénomène, le directeur général de la Caa estime qu’il faut mieux outiller les instances fédérales. «Nous devons essayer d’offrir à nos athlètes les meilleures conditions possibles en dotant nos Fédérations nationales de moyens conséquents pour pouvoir conduire leur mission», recommande-t-il. Avant d’ajouter : «C’est vrai que Fédérations nationales dépendent toutes des gouvernements, de qui elles reçoivent les ressources pour pouvoir mener leur mission. Mais dans beaucoup de cas, n’eut été la subvention reçue de World athletic, peut-être ces Fédérations n’auraient pas à exister parce que ne bénéficiant d’aucun soutien.» Autant d’éléments qui souvent contraignent les athlètes africains à aller défendre les couleurs d’autres pays européens.
Une attente de 4 ans avant de changer de nationalité
Pour venir à bout de ce phénomène, l’instance africaine a finalement mis en place des mécanismes. Parmi les mesures prises, note-t-il, «il y a l’entente directe qui pouvait avoir entre deux Fédérations concernées, pour qu’un athlète change de camp, que nous avons éliminée. Nous avons aussi mis en place une période d’attente de 4 ans pendant laquelle l’athlète peut être amené entre-temps à changer d’avis. A savoir, il peut ne plus être dans ce niveau de performance ou ne trouve plus l’intérêt à aller voir ailleurs».
Enfin, la direction de la Caa a aussi exigé aux pays concernés «une assurance lui octroyant la nationalité et qu’il puisse bénéficier des mêmes droits que les nationaux puisque nous n’avons aucun droit de retenir les gens contre leur volonté».