Forum – Guillaume Husson, chef de la section éducation à Unesco/Dakar : FORUM Guillaume Husson, chef de la section éducation à Unesco/Dakar

Réformer le système éducatif africain pour mieux préparer les jeunes face au terrorisme, à la montée des nationalismes, de l’intolérance, à la crise de l’emploi. C’est l’avis de Guillaume Husson, spécialiste principal de programme, chef de la section éducation à Unesco/Dakar. Il intervenait lors du Forum paix et sécurité de Dakar.Par Aliou DIALLO
– En Afrique, il existe une crise de l’emploi. Elle frappe sa jeunesse. Elle devient du coup vulnérable face aux puissants réseaux djihadistes qui trouvent en ces jeunes, un terreau fertile pour gonfler leurs rangs. «Avec la croissance démographique, la montée des nationalismes, de l’intolérance, la crise de l’emploi qui frappe essentiellement les jeunes et qui découle en partie d’une crise de l’éducation qu’il faut nécessairement transformer ou réorienter, la montée du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne qui se nourrit de l’ignorance et du désespoir des jeunes pour les recruter», analyse Guillaume Husson, spécialiste principal de programme, chef de la section éducation à Unesco/Dakar. Il intervenait mardi, lors d’un atelier au dernier jour du 8ème Forum paix et sécurité de Dakar. Les systèmes éducatifs africains devraient entreprendre plusieurs réformes pour promouvoir une formation à la citoyenneté, au civisme et à l’emploi, préconise-t-il.
Parmi ces propositions, figurent les réformes curriculaires, des programmes scolaires, et la mise à disposition de ressources éducatives adaptées qui est une «nécessité dans les pays africains», notamment pour «décoloniser l’éducation» en Afrique. Pour l’expert, les contenus des programmes et les ressources éducatives doivent nécessairement répondre aux réalités de chaque pays, à leur histoire, à leurs valeurs socio-culturelles. «Il faut également, soutient-il, des compétences nécessaires à la vie intégrant la citoyenneté et le civisme en tenant compte des contextes nationaux, des réalités socio-culturelles, des valeurs nationales.»
Il est aussi pour les compétences en entreprenariat et des compétences techniques et professionnelles afin d’enseigner dès le plus jeune âge, à l’enfant, ce qu’est l’entreprenariat. Guillaume Husson veut aussi la digitalisation du système éducatif et l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la télécommunication. Les participants sont unanimes à dire que l’Afrique a un potentiel qui est sa jeunesse, mais qui est sous utilisée.
Il faut donc prendre soin de l’éducation, estiment-ils. «Sans éducation, aucun développement n’est possible.»
S’attaquer aux causes profondes d’instabilité demande beaucoup de courage, a exprimé un participant.
Ce dernier est d’avis qu’il faut des stratégies intégrées, c’est-à-dire des réponses régionales ou sous-régionales. «Jeunesse, citoyenneté et souveraineté : les défis de l’éducation et de la formation», était le thème de la plénière.