Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) – 

Mobiliser les organisations de producteurs des communes de Diaobé-Kabendou, Kandiaye et Kounkané, leurs élus locaux, les agents des services techniques de l’Etat, les organisations communautaires de base et l’exécutif local déconcentré pour les sensibiliser aux fins de protéger l’environnement, plus précisément aux fins d’encourager les changements de comportement et prendre conscience des défis environnementaux auxquels le Bissabor (province qui regroupe ces 3 communes) est confronté, c’est l’un des objectifs que l’Association Gune-Kolda a assigné au Forum sur l’environnement de Bissabor organisé samedi dernier, dans un réceptif hôtelier de Kounkané, dans le département de Vélingara. Ce forum avait comme sous-thèmes : «La déforestation et l’utilisation abusive des pesticides dans l’agriculture.» En initiant cette rencontre, Gune-Kolda cherche surtout à «lutter contre les violences socio-économiques de la population de ces localités de la région de Kolda». C’est d’ailleurs l’intitulé de son projet qui a eu l’appui technique de la Fondation Gune-Barcelone et celui financier de l’Agence catalane de coopération au développement (Accd).
Pour aborder le sujet devant les participants, des techniciens commis par Gune-Kolda ont fait des communications sur les thèmes «Combattre la déforestation pour garantir la souveraineté alimentaire» et puis «Utilisation abusive des produits chimiques dans l’agriculture».
Des communications qui ont permis aux acteurs/participants de relever les causes de la dégradation de l’environnement, celles liées à l’usage des pesticides dans l’agriculture, leurs conséquences pour ensuite proposer des solutions. Bouraima Diao, président de l’Association Gune-Kolda, a donné des explications sur l’initiative : «L’Etat a posé des jalons pour la protection de l’environnement à travers des textes. Mais les acteurs à la base ignorent ces textes, ne sont pas souvent informés ou sont mal sensibilisés. Nous considérons que les textes proposés par l’Etat doivent être inspirés par les communautés, par les collectivités territoriales pour trouver des pistes de solutions viables aux questions environnementales. On ne peut pas s’enfermer entre les 4 murs d’un bureau et proposer de solutions toutes faites pour les communautés.»
A propos des solutions, Mme Monica Soulé, directrice de la Fondation Gune-Barcelone, a proposé : «Il faut une prise de conscience individuelle et un engagement individuel. Que chacun procède à des actions de compensation : à chaque fois que l’on coupe un arbre que l’on en replante plusieurs autres. Que chacun se fasse un devoir de dénoncer les pilleurs de la forêt, que l’on se départisse de la peur.» Pour le sous-préfet de l’arrondissement de Saré Coly Sallé, Abdoul Konaté, qui a ouvert la rencontre : «Il faut un changement de comportement, de mentalité de la population. Les agents techniques préposés à la protection de nos forêts ne sont pas en nombre suffisants, il faut la collaboration de tous, des chefs de village en premier pour dénoncer les pilleurs. A propos des pesticides, je crois qu’l faut que des scientifiques fassent des recherches pour trouver des solutions alternatives à l’utilisation des produits chimiques dans l’agriculture.» Sensibilisés sur les effets néfastes combinés de la dégradation de l’environnement et de l’usage abusif des pesticides dans l’agriculture, les acteurs invités à cette rencontre ont pris individuellement des engagements à mettre en œuvre pour inverser la tendance.
Auparavant, le forum a renseigné que les causes de la dégradation de l’environnement dans le Bissabor ont pour noms : feux de brousse, coupe abusive de bois, utilisation excessive des engrais chimiques dans l’agriculture, le développement du marché hebdomadaire de Diaobé qui entraîne une grande production d’ordures, principalement constituées de sachets plastiques, la forte pression foncière caractérisée par une compétition d’occupation des sols entre l’agriculture extensive et celle intensive (5000 ha dans le bassin de l’Anambé), l’élevage extensif et l’expansion urbaine à Kounkané et Diaobé.
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