#Fouta – Forte chaleur de mai-juin : Oiseaux et reptiles en souffrance

Au Fouta, les mois de mai et juin ont toujours été les plus chauds. Et cette année encore, la canicule aurait atteint son paroxysme avec 29° à Podor et 33° à Matam le matin, et l’après-midi, le thermomètre affiche entre 40 et 46°. Si les populations ont trouvé des remèdes (habits légers, chapeaux, de l’eau fraiche ou glacée), d’autres espèces avec qui elles partagent l’environnement peinent à surmonter ces aléas du climat. Ainsi, les mois de mai et juin constituent une période durant laquelle beaucoup d’oiseaux et de reptiles meurent de chaleur.Par Demba NIANG –
Tout le monde est touché. Durant les derniers jours du mois de mai et ce début du mois de juin, une vague de chaleur s’est abattue au Fouta, avoisinant parfois les 46 degrés et allant même au-delà de 18 heures. A 6 heures du matin, le soleil a déjà répondu présent. Les populations, habituées à cette canicule de mai-juin, arrivent à la surmonter avec leurs astuces. Mais ce sont les oiseaux et les reptiles qui périssent avec cette chaleur. La grande soif et la rareté de l’ombrage et de la fraîcheur sont la cause de la décimation de ces espèces. La quête de la fraîcheur fait que ces animaux, qui se tiennent d’habitude très loin des personnes, cherchent refuge jusque dans les habitations. Quotidiennement, entre 10 et 18 heures, les reptiles prennent d’assaut les habitations à la recherche de fraîcheur. Les oiseaux nichent toute la journée dans les points d’eau (robinets).
Dans les rues comme dans les maisons, le constat est triste : soit ce sont des oiseaux et des reptiles très affaiblis, soit ils sont retrouvés morts par terre. Ainsi, dans ces moments de forte chaleur, certaines personnes lancent des alertes sur les réseaux sociaux pour voler à leur secours. Des récipients remplis d’eau sont mis dans plusieurs endroits des maisons.
Au chevet des oiseaux et des reptiles : des récipients remplis d’eau
Depuis presque un mois, en se promenant dans les rues de plusieurs localités du Fouta, on remarque des bidons découpés et d’autres récipients remplis d’eau placés sur les murs des habitations. Et de temps à autre, des oiseaux viennent se poser pour se désaltérer et revoler. Sur le mur de clôture de sa maison où sont posés 6 récipients contenant de l’eau, Amadou Sy explique : «Dès mon retour de la prière de l’aube (fadjr), je remplis tous les récipients. Puisque nous, les humains, malgré notre ingéniosité, souffrons de la chaleur, c’est sûr que les animaux risquent de ne pas s’en sortir. Je me suis fait l’obligation de rendre service à ces êtres vivants en période de chaleur, et cela depuis des années.»
Habitant dans un quartier périphérique de Thilogne, il rappelle qu’il n’est pas le seul à faire de ce «don aux oiseaux». Pour lui, c’est une obligation car chez plusieurs de ses voisins, le geste est dupliqué par tous : colonnes de récipients remplis d’eau où viennent se poser des oiseaux pour boire. Une dame répondant au nom de Aïssata Baba, la soixantaine, indique : «Je commence mon activité de remplissage de récipients à partir de mars et jusqu’au début de l’hivernage.»
Il y a une autre dame qui ne se limite pas seulement aux oiseaux car les reptiles, les margouillats, pour la plupart, bénéficient de ses services. Elle nous conduit au robinet et à un mètre de là, on aperçoit une dizaine de margouillats s’enfuir. Le décor était planté : sur le mètre carré autour du robinet, le sol est constamment trempé, des bouteilles coupées, des bols et couvercles usés remplis d’eau. La surnommée «bergère des oiseaux» et des margouillats confie qu’elle ne s’en lasse pas jusqu’à la tombée des premières pluies : «Pendant cette période (hivernage), je suis au chômage et mes amis (oiseaux et margouillats) repartis dans la brousse me manquent.»
Des récipients et certains ustensiles de cuisine recyclés au service de la boisson des oiseaux et des reptiles : cette action a gagné presque toutes les localités du Fouta. Et peu à peu, le remplissage de récipients est devenu une affaire de tous. Car la pitié pour les oiseaux et les reptiles grandissait avec surtout beaucoup d’entre eux qui mouraient de chaleur ou de soif entre mai et juin. Cet acte très répandu dans le Fouta a ainsi diminué considérablement le nombre de sujets morts chez les oiseaux et les reptiles. A Agnam, Djiby est connu pour avoir une maison inondée par les chants des oiseaux et les va-et-vient des margouillats à longueur de journées. Car au milieu de sa maison, se trouve un jardin entouré de plusieurs arbres, sous lesquels des points d’eau ont été aménagés. Le propriétaire explique que son jardin est vieux de 20 ans. «A l’heure de l’arrosage au petit matin, les récipients, malgré leur grand nombre, sont remplis et au courant de la journée, je vérifie ceux qui se sont vidés pour les remplir de nouveau», dit-il.
Celui qui se dit ami des oiseaux de se réjouir : «Vraiment les gens ont fait beaucoup d’efforts pour sauver les oiseaux en période de canicule, quelque chose que je n’imaginais pas quand je commençais cette œuvre de charité quotidienne envers les oiseaux.» L’hivernage annoncé précoce par l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) sera le bienvenu chez les oiseaux et les reptiles. Ainsi, dès la première grande pluie, ces espèces retournent dans la nature, près des marigots et rivières, jusqu’à la fin de cette saison plus que faste pour eux.
Correspondant