L’avocat général Pierre Nalbert a requis jeudi devant la Cour d’appel de Bordeaux une «condamnation» de principe à une amende, sans en spécifier le montant, contre Isabelle Prévost-Desprez, rejugée pour «violation du secret professionnel» lors de son enquête sur l’affaire Bettencourt.
La Cour d’appel a mis son jugement en délibéré au 23 mars.
Le procureur Pierre Aldigé avait requis lors du procès en première instance, en juin 2015, une amende de 5 000 euros, mais la magistrate avait été relaxée. Le Parquet avait fait appel de ce jugement.
Dans son réquisitoire, Pierre Nalbert a demandé jeudi une «condamnation à une amende». Après avoir rappelé les 5 000 euros requis lors du premier procès, le magistrat s’en est cette fois remis à la décision de la Cour pour déterminer son montant.
L’ex-juge de Nanterre est soupçonnée d’avoir révélé dans des sms les détails d’une perquisition effectuée au domicile de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière du groupe de cosmétiques L’Oréal, le 1er septembre 2010.
L’opération avait été relatée le jour même dans Le Monde par le journaliste Jacques Follorou, un ami de la magistrate.
Dans ce dossier, a souligné M. Nalbert, «il faut entrer en voie de condamnation» et «il faut qu’une juridiction dise que Mme Prévost-Desprez a fauté». «Nous sommes convaincus de sa culpabilité», a-t-il insisté, ajoutant même que l’ex-juge de Nanterre avait été «prise la main dans le sac».
«Il y a des éléments précis, datés et même horodatés qui mettent en cause Mme Prévost-Desprez», a-t-il expliqué. Allusion notamment à un sms envoyé par la juge au journaliste du Monde à 9h 13 (7h 13), en pleine perquisition.
Le jugement de relaxe évoquait en première instance «des coïncidences troublantes», a rappelé M. Nalbert : «Moi, je dis qu’il y a une correspondance factuelle» entre les sms envoyés à M. Follorou pendant la perquisition et sa divulgation «quasi instantanée» le même jour dans un article du Monde.
Evoquant «les explications embrouillées» de la magistrate sur ce point, Pierre Nalbert a dénoncé «un système – parisien peut-être -, un système qui veut que l’on utilise la presse pour éviter que l’on soit dessaisis d’un dossier». «Un système où l’on peut penser qu’un juge cherche à se protéger avec l’aide de la presse», a-t-il expliqué.
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