France – Pour les 5 prochaines années : Macron à la recherche d’une majorité «impossible»

C’est un cas de figure inédit. Macron devra nouer des alliances avec son opposition pour gouverner la France pour les 5 prochaines années.Par Malick GAYE (avec internet)
– Une gifle ! C’est par ce mot que Libération, le quotidien français, a barré sa une résumant ainsi la débâcle de la majorité présidentielle. Les Français ont donné 245 sièges à la majorité sortante, 131 pour la Nupes de Jean-Luc Mélenchon, 89 pour le Rassemblement national (Rn) et 61 pour Les Républicains (Lr). Faut-il préciser qu’une majorité absolue est de 289 députés. Une situation qui sonne comme un troisième tour de la dernière Présidentielle. Hormis le fait de récolter le plus petit nombre de sièges pour un Président sous la 5ème République, Macron aura un autre souci. Il devra trouver les voies et moyens d’avoir une majorité pour travailler. Si les Républicains semblent plus à même de rallier les idéaux de Macron, Christian Jacob, leur patron, a fermé la porte à tout compromis en déclarant : «Nous sommes dans l’opposition et nous y resterons.» Face à cette situation, la majorité présidentielle caresse l’espoir d’obtenir une majorité en faisant du cas par cas. «Nous devons construire texte par texte une majorité d’intérêt général», a estimé sur Rtl Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique.
Ce coup de tonnerre apparaît comme un véritable désaveu pour le Président et annonce un risque de blocage politique qui obligera en permanence le gouvernement à nouer des alliances à gauche et à droite selon les projets de loi. De nombreux observateurs évoquent un scénario législatif à l’italienne. La principale réforme du programme présidentiel, le report de la retraite à 65 ans, semble pour l’instant mort-née.
Impassible, la première ministre, Elisabeth Borne, a qualifié la situation d’«inédite» et a appelé à «construire une majorité d’action […]. Il n’y a pas d’alternative à ce rassemblement pour garantir à notre pays la stabilité», dit-elle. Selon elle, «les sensibilités multiples devront être associées et les bons compromis bâtis afin d’agir au service de la France. Les Français nous appellent à nous rassembler pour le pays».
Alors qu’elle était dans tous les esprits, la possibilité d’une alliance du parti présidentiel avec la soixantaine d’élus du parti de droite Les Républicains a aussitôt été rejetée du revers de la main par son président, Christian Jacob. «Nous avons fait campagne dans l’opposition, nous sommes dans l’opposition et nous resterons dans l’opposition», a-t-il déclaré, même si certains de ses lieutenants sont moins affirmatifs.
Avec 142 élus, à défaut de devenir Premier ministre comme il le proclamait sur ses affiches, Jean-Luc Mélenchon dirigera le premier groupe d’opposition. Cela permettra à ses élus de siéger à de nombreuses commissions parlementaires, dont les influentes commissions des Finances et de la Défense. Triomphant et parfois exalté, Mélenchon a fustigé «la déroute» du parti présidentiel. «C’est l’échec de la macronie, dit-il, l’échec moral de ceux qui donnaient des leçons à tout le monde.» Alors que, pour la première fois dans l’histoire, une coalition de gauche est dirigée par son pôle le plus radical, Jean-Luc Mélenchon n’a pas hésité à évoquer «ce monde finissant» et le «grand jaillissement de l’histoire» venu «du plus profond de ce qu’est la France des rébellions et des révolutions».
Réunis à l’Elysée Montmartre, ses partisans ont aussitôt entonné L’Internationale. Alors qu’il n’avait pas de groupe reconnu à l’Assemblée, le Rassemblement national a multiplié par dix le nombre de ses députés pour atteindre 89 élus, dépassant même celui des Républicains.
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