Selon les informations révélées par «Le Monde», Robert Bourgi est l’homme qui a payé deux costumes de chez Arnys pour 13 mille euros à François Fillon, le candidat de la droite à l’élection présidentielle.Il avait pourtant démenti. L’avocat et homme d’affaires Robert Bourgi est bien «l’ami» de François Fillon qui a offert les deux costumes de chez Arnys, pour 13 mille euros chacun, à François Fillon, le candidat de la droite à l’élection présidentielle. Les deux costumes ont été commandés le 7 décembre 2016, ont appris les enquêteurs après les deux perquisitions à la boutique du tailleur parisien, puis réglé le 20 février dernier. Rappelons que l’enquête sur de possibles emplois fictifs qui a valu à François Fillon d’être mis en examen en pleine campagne présidentielle a été étendue aux conditions dans lesquelles ces costumes de luxe lui ont été offerts, avait affirmé jeudi à l’Afp une source judiciaire.
«Un ami m’a offert des costumes en février. Et alors ?», avait confirmé lundi le candidat de la droite à la Présidentielle, dans Les Echos, dénonçant des intrusions dans sa vie privée et affirmant que ces cadeaux n’avaient «rien à voir» avec la politique. Aux deux costumes s’ajouteraient, selon le JDD près de 35 mille 500 euros «réglés en liquide» chez ce même tailleur pour un montant de près de 48 mille 500 euros au total depuis 2012. Ce point est contesté par le camp Fillon. «Jamais Arnys n’aurait accepté 35 mille euros en cash. Ça n’existe pas», avait expliqué un membre de l’entourage à l’Afp.
Robert Bourgi, un sulfureux personnage
En septembre 2011, Paris Match dressait le portrait de Robert Bourgi. Séducteur, jamais à court d’anecdotes truculentes, ce musulman chiite, né à Dakar dans une famille de riches négociants libanais, dit aimer les femmes, la bonne chère et les belles voitures – il conduit une Maserati. Chez les Bourgi, on a la politique dans le sang. Son père, Mahmoud, qui sillonnait l’Afrique pour ses affaires, était déjà l’un des meilleurs informateurs de Foccart. Lui, après un doctorat de droit public et un autre en sciences politiques, enseigne d’abord à Abidjan, où il croise le jeune Laurent Gbagbo. Puis il débarque à Paris, conseiller du ministre de la Coopération, Michel Aurillac, pendant la cohabitation de 1986-1988. Il rencontre sa femme, Catherine Vittori, à ce moment-là. Cette avocate d’origine corse l’assiste encore aujourd’hui en plaidant les dossiers de ses clients africains. Ils auront trois enfants.
Habile, Robert Bourgi sait profiter des circonstances, comme après le coup d’Etat au Niger en 2010, pour s’inviter à une réunion entre la Pdg d’Areva Anne Lauvergeon et le chef des putschistes. Ou pour partir dans le plus grand secret en Iran négocier la libération de la Française Clotilde Reiss, avec Karim Wade, le fils du Président sénégalais. Manipulateur, il obtiendra en mars 2008 la tête du secrétaire d’Etat à la Coopération, Jean-Marie Bockel, coupable d’avoir voulu en finir avec la Françafrique. Quelques mois plus tard, le même Bockel sera invité par Bernard Squarcini, le patron du contre-espionnage français, à un déjeuner de réconciliation avec Bourgi. «J’ai découvert un personnage attachant et horrifiant», nous avait décrit l’ancien secrétaire d’Etat, pas rancunier. Dans un câble de la diplomatie américaine, publié par WikiLeaks, un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy «fusillait» Robert Bourgi en ces termes peu amènes : «Un mercenaire seulement préoccupé par son bien-être, un opportuniste.»
Méprisé par les diplomates de haut rang, Bourgi sait pourtant faire le pied de grue dans les cabinets ministériels lorsque ses intérêts sont en jeu. Un ancien proche de Jacques Chirac se souvenait : «Lorsque j’ai été nommé, il a fait le siège de mon secrétariat, disant qu’il avait des informations extrêmement importantes à me communiquer. Il m’a même fait appeler par un ministre. J’ai demandé à Chirac ce que je devais faire. Le Président m’a répondu : “Ne le prenez surtout pas au téléphone, il sent le soufre”».
Parismatch