Edouard Philippe a obtenu la confiance de l’Assemblée nationale par 370 voix pour, 67 contre et 129 abstentions. A droite, les députés Les Républicains et Udi se sont pour la plupart abstenus : ni pour ni contre le gouvernement. Tandis que les groupes de gauche ont voté en ordre dispersé.

Edouard Philippe sera au moins parvenu à rassembler les «Constructifs» et la droite canal historique. Les deux groupes ont majoritairement choisi l’abstention lors du vote de confiance au gouvernement. Mais pour des raisons différentes. Chez les «Macron-compatibles», mis à part les têtes d’affiche comme Thierry Solère ou Franck Riester, les deux tiers des élus ont préféré s’abstenir. Histoire de montrer que s’ils soutiennent le gouvernement, ils se gardent une marge de manœuvre, une liberté de ton. Alliés, oui, mais pas subordonnés.
Du côté de la droite canal historique, c’est aussi l’abstention qui l’emporte. Vingt-trois députés ont voté contre le gouvernement, 1 seul pour, et 75 se sont abstenus. Même le chef du groupe Les Républicains, Christian Jacob, a choisi la voie du milieu : ni opposition frontale ni chèque en blanc au gouvernement, mais une attitude vigilante.
En évitant de donner dès maintenant un carton rouge au gouvernement, les députés Les Républicains envoient un message à leurs collègues Constructifs : la droite classique peut être dans une opposition «intelligente, responsable». Une façon de rassurer les Macron-compatibles qui seraient déçus par leur aventure «constructive» et de laisser la porte ouverte pour leur éventuel retour dans leur famille d’origine.
A gauche, les députés ont voté en ordre dispersé. A l’image du groupe socialiste, désormais baptisé Nouvelle gauche. Com­me ils avaient été appelés à le faire, la plupart de ses membres se sont abstenus. Trois ont voté pour, «souhaitant la réussite du quinquennat», tandis que cinq ont voté contre, dont Luc Carvounas qui a dénoncé un discours de politique générale «de droite». Le manque d’unité des Socialistes qui a miné le quinquennat Hollande se prolonge pour le moment sous Emmanuel Macron.
A l’inverse, les députés de la France insoumise n’ont pas tergiversé. Après leur boycott du Congrès de Versailles lundi, ils ont voté unanimement contre la confiance. A la tribune, Jean-Luc Mélenchon a envoyé une pique à Emmanuel Macron qui évoquait, il y a quelques jours, «ceux qui ne sont rien». «Nous ne sommes peut-être rien à vos yeux, mais demain nous serons tout», l’a-t-il prévenu. Et les élus de brandir le Code du travail que les Insoumis ont promis de défendre avec acharnement. Quant au groupe communiste, 12 sur 16 ont voté contre.
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