Secrétaire national à la Vie politique du Parti socialiste, Mamoudou Wane, était absent du Bureau politique de samedi. Bouclier de Serigne Mbaye Thiam, le patron de la coordination des Parcelles Assainies s’attaque à la direction du Ps, un «parti en léthargie». Dans cet entretien réalisé via WhatsApp hier, M. Wane dit regretter Ousmane Tanor Dieng et s’attaque à la gestion de Aminata Mbengue Ndiaye.
Quelle appréciation faites-vous de la réunion du Bureau politique samedi dernier ?
Je me réjouis, enfin, que le Bureau politique du Parti socialiste se tienne après plus de 2 ans de mutisme, de black-out. Pour un parti comme le Ps, ne pas régulièrement convoquer cette instance est une hérésie. Cette situation avait fini de créer un réel malaise dans le parti. Lors des dernières réunions du Secrétariat exécutif national, j’avais demandé au parti la convocation du Bureau politique et du Comité central. Le prétexte du Covid-19, à mon sens, est un non-sens. Il a très bon dos. De grands rassemblements se sont tenus dans ce pays ces dernières semaines sans aucun problème. Je trouve, donc, qu’évoquer cette pandémie de Covid-19 pour justifier la non-convocation de cette instance est déplacé et injustifié. Ce n’était qu’un manque de volonté politique de réunir cette instance voire même une peur de convoquer les militants du parti pour débattre de la vie du parti et de la situation politique et internationale. Maintenant, à l’évidence, un grand vide s’est créé et les militants étaient désemparés car on a noté une absence de cadre de dialogues, d’échanges comme cette instance du Bureau politique. Comme vous le savez aussi bien que moi, la nature a horreur du vide, des responsables ont essayé de pallier en créant des groupes de discussions WhatsApp, d’autres des groupes comme Iras, etc. A l’absence d’une bonne prise en charge des préoccupations des camarades qui se sont sentis négligés, bafoués, de nouvelles positions ont vu le jour. Aussi le nombre d’orateurs et la durée des débats démontrent à suffisance que les camarades avaient un besoin incompressible de parler, de se voir, de débattre.
Pour des responsables, Serigne Mbaye Thiam est le problème du Ps ?
En quoi faisant ? J’aimerais bien que l’on me le démontre. D’abord sur la forme, je trouve dégueulasse et irresponsable que la direction du parti, en l’absence d’un éminent membre du Parti socialiste, qui plus est le Secrétaire national aux Elections de notre formation, que de laisser Aly Mané, pour le nommer, s’attaquer au ministre Serigne Mbaye Thiam. Les hommes d’honneur ne s’attaquent pas à des personnes qui ne peuvent pas répondre. Ce n’est pas loyal ni élégant. C’est même très lâche, je trouve. Notre Secrétaire générale par intérim, Aminata Mbengue Ndiaye, aurait dû rappeler un principe élémentaire. Pour revenir à Aly Mané, c’est un mercenaire à la solde de personnes bien connues et identifiées. Un repris de justice et un maître chanteur qui veut dicter sa loi. C’est le nègre de service qui accepte les sales besognes. Je connais son parcours et son dessein. Nous y reviendrons. Pour finir, Serigne Mbaye Thiam est un militant modèle à qui on ne peut rien reprocher. Il est endurant, stoique, juste et républicain. L’avez-vous déjà entendu ou vu répondre des attaques sournoises de ce genre? Il n’a pas le temps de répondre à ces manigances et manœuvres de bas étage. Pour la petite histoire, c’est toujours à la veille d’élections ou de remaniement, qu’il s’active.
Que pensez de l’initiative de réflexion et d’actions socialistes ?
J’ai été ampliataire de leur mémorandum, en ma qualité de Secrétaire national à la Vie politique du Parti socialiste, n’en déplaise à certains. De toute façon, le Bureau politique de notre formation a acté ce cadre d’initiatives et de réflexion et a pris en charge toutes leurs préoccupations. Mieux, le Bp les a mandatés, en collaboration avec la structure des cadres, d’organiser un séminaire. Fallait-il en arriver là ? Je pense que non si on avait pris le soin de convoquer régulièrement nos instances et d’écouter la base. Certains camarades, malhonnêtes, ont essayé de semer le trouble en affirmant que Serigne Mbaye Thiam était derrière ce cadre. Il n’en est rien et je puis vous l’affirmer sur l’honneur. C’est manquer de respecter à des camarades qui ont mis en place ce cadre de réflexions que de le dire. Chaque fois que des camarades prennent leurs responsabilités, on cherche des bouc-émissaires. Nous manquons de courage que de voir la réalité en face. Elle est implacable et têtue : le parti est en léthargie. Le Comité central n’est plus convoqué, les renouvellements du parti sont incertains, les mouvements et structures du parti sont en veilleuse. Maintenant, face à cette situation, on préfère s’auto-glorifier, bomber le torse. Honnêtement, aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à reconnaître mon parti. Je regrette feu Ousmane Tanor Dieng.
Propos recueillis par Babacar Guèye DIOP
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