La situation sécuritaire à la frontière sud et sud-est requiert une forte vigilance des pouvoirs publics. En plus des situations de gangstérisme que provoque l’exploitation illégale des ressources minières de la région, notamment par des populations allogènes, travaillant parfois en bandes organisées, il y a aussi, et surtout, le débordement des attaques jihadistes du côté du Mali, ou parfois les échauffourées à la frontière guinéenne. Les vols à main armée, braquages de véhicules ou affrontements entre bandes rivales, sont monnaie courante. Mais parfois, la situation atteint des niveaux inquiétants.

Ainsi, la semaine dernière, au village de Faranding, dans la région de Kédougou, les populations se sont réveillées dans la psychose d’une attaque. Des bruits de fusil de gros calibre ont résonné toute la nuit de vendredi, faisant croire à une attaque. Renseignement pris dans la matinée, les échanges de tirs provenaient du côté du Mali, entre des bandits armés et une unité de l’Armée malienne stationnée de ce côté de la frontière. Les gens soupçonnent des trafiquants d’or, souvent bien équipés d’armes lourdes, qui s’adonnaient à leur activité quand ils ont eu un accrochage avec les soldats maliens. Certains d’entre eux auraient voulu se réfugier de l’autre côté du fleuve Falémé, mais ils ont été repoussés par des renforts de la gendarmerie sénégalaise qui se sont positionnés à la suite de ces fortes déflagrations.

Les autorités locales se plaignent du fait que la brigade de gendarmerie positionnée sur cette partie du territoire ne soit pas suffisamment équipée, et même qu’elle soit en sous-effectif. Elles rappellent que le gouvernement a interdit l’exploitation de l’or sur cette partie du fleuve, du fait de la forte pollution des eaux qu’entraîne cette activité. La pollution de la Falémé a entraîné même un tarissement du cours d’eau à cet endroit. Mais les populations craignent que les trafiquants, financés, pour la plupart, par des parrains chinois, ne reviennent s’ils voient un relâchement de la surveillance du côté du Sénégal. Car du côté de la frontière malienne, la priorité est ailleurs, semble-t-il.

Et la crainte est encore plus grande du fait que, comme on l’a dit plus haut, ces orpailleurs clandestins s’équipent maintenant d’armes lourdes dont parfois les gendarmes sénégalais ne sont pas pourvus.